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Le Bivic Marie L SUP

Publié le 13/05/2018

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Le Bivic Marie L SUP Histoire Dissertation Sujet : Au regard des évènements de 133 à 44 avant J-C, la crise de la République Romaine était-elle inévitable ? Remarques : La crise de la République romaine est une des crises politiques les plus célèbres jamais connues, elle est également très probablement la première de cette envergure et de cette portée historique. Pour Nous situons cette crise entre les années 133 et 44 avant Jésus Christ qui correspondent respectivement à l’assassinat de Tiberius Gracchus, un leader démagogue populares, un politicien idéologiquement censé être positionné du côté du peuple, et à celui de Jules César, considéré par un consensus historique comme le premier des imperators. Cette grande crise politique fait l’objet de nombreuses réflexions et débats historiques concernant notamment son origine première, mais également, et c’est ce qui nous intéresse, le fait qu’elle eut été ou non inévitable. On se demandera donc si au regard des évènements se déroulant de 133 à 44 av J-C, la crise de la République romaine était inévitable. Avant tout, il existe au sein du corps politique romain, une criante opposition idéologique qui nous le verrons n’est peut-être qu’une opposition concernant des moyens rhétoriques de la part des politiciens pour parvenir à leur fins. Il s’agit du clivage entre optimates et populares. Ensuite, l’arrivée de leaders politiques comme les imperators, utilisant des moyens de gouvernement militarisés, dotés d’un pouvoir quasiment royal et dont les méthodes et les idées changent en fonction des dirigeants, n’est pas sans conséquences aucunes pour la stabilité politique de Rome. Enfin parmi ces imperators on compte le grand Pompée et César. Ils ont tous deux une grande part de responsabilité dans la chute de la République romaine de par leurs particularités en tant que leaders politiques mais surtout militaires. La division qui réside dans l’opposition entre optimates et populares est un clivage ancien qui remonte à avant l’assassinat de Tiberius Gracchus, les optimates ou en latin les meilleurs, sont une tendance politique aristocratique et conservatrice qui a marqué le dernier siècle de la République romaine notamment par son opposition aux populares. Quant aux populares ils sont une autre tendance politique en apparence contraire mais qui parfois partage les même intérêts que les optimates, n’oublions pas qu’il s’agit de sénateurs et par conséquent avant tout d’aristocrates qui défendent les intérêts aristocratique. L’ouverture du sénat à la classe équestre par exemple reste une mesure popularis en faveur d’une frange de la population extrêmement aisée. Les populares s’appuient sur une frange moins favorisée de la population et forment donc une tendance relativement populiste en s'appuyant sur les revendications des couches les plus pauvres de la société romaine et des non-citoyens. Une des grandes mesures popularis fut par exemple d’inclure les Italiens ou « latins » dans la citoyenneté romaine. Il existe également au sein même des populares une division entre les « bon » et les « mauvais » populares. C’est-à-dire que pour un romain la distinction est à faire entre un populares démagogue qui, pour arriver à ses fins, utilise le peuple, la racaille dégénérée : la plebs en latin ; et un autre qui protège les intérêts du bon peuple qui suit sagement l’avis du Sénat et se plie à son auctoritas, que l’on appelle populus. De cette distinction découle un important mépris de la plèbe qui est considérée par les romains comme un mal pour la cité et pour l’empire, seulement elle représente le plus grand nombre. Et même si une émeute populaire n’est pas un réel problème ni une menace pour l’équilibre de Rome, lorsque celle-ci découle d’un désaccord qui brise le consensus au sein de l’élite elle devient problématique. L’élite romaine est une élite politique qui se partage le pouvoir, elle comprend les sénateurs et les chevaliers ; et la division entre optimates et populares existe au sein des deux camps. On remarque donc une ligne de fracture au sein de l’élite romaine. Or si cette élite est politique et est par conséquent censée diriger Rome, cette fracture ne va pas dans le sens d’une paix durable et d’un consensus solide. Les frères Gracques, Tiberius et Caius sont deux tribuns de la plèbe et sénateurs populares qui ont pris des mesures en faveur des plébéiens. Tiberius est assassiné en 133 av J-C pour avoir tenté de prolonger ses fonctions de tribun de la plèbe au-delà de l’année réglementaire et son frère est tué au en 121 av J-C par les consuls Opimius et Fabius Haximus pour avoir réuni ses partisans au capitole. Ils ont été tués car ils menaçaient tous deux de perturber le consensus élitique romain en faveur de la plèbe. Mais la politique à Rome repose sur la cohabitation de trois principes de gouvernement, le principe démocratique, oligarchique ou aristocratique et monarchique. Le déséquilibre de ces principes entraine une discorde politique et une réaction des partis défavorisés. Donc les sénateurs romain réagissent aux propositions populaires des Gracques et tentent de les faire avorter. C’est le cas pour la loi agraire de Tiberius à laquelle les sénateurs s’opposèrent sous prétexte qu’elle nuisait au clientélisme et qu’elle ferait perdre du pouvoir au Sénat. La division entre différents partis est naturelle dans un contexte politique mais elle est ici artificielle, de plus elle est davantage équivalente aux moyens qu’aux fins, cette séparation n’est pas réellement idéologique. C’est pour cette raison qu’elle est un poids dans la balance, qui penche vers l’instabilité politique et la chute de la République. Pour contrer les initiatives des frères Gracques les opposants à Caius Gracchus ont demandé au tribun Marcus Livius Drusus de lutter contre son influence. Il proposa des réformes encore plus en accord avec l’ « idéologie » populares comme la proposition de création de colonies parmi des citoyens pauvres appelées les capite censi. Un tribun soutenu par des opposants optimates qui propose une réforme que l’on attribuerait à un tribun populares, est une preuve que le fondement de cette séparation n’est pas un fondement idéologique. Marius pendant son dernier consulat de 101 à 100 av J-C, se tourne vers les optimates, les populares devenant trop extrêmes pour lui. L’opposition est forte est réelle mais elle n’est pas si tranchée sur le plan idéologique, elle est aussi due à une opposition entre des hommes, elle est le fruit d’oppositions entre des grands hommes tels que les imperators. L’arrivée des imperators commence avec Marius, qui est le premier à être honoré comme tel. Il introduit dans l’armée la plus basse des classes populaires, les prolétaires, en 107 av J-C. Il ne prend pas le pouvoir par les armes mais bien grâce à l’armée. Ni Scipion, ni Tiberius ni Caius n’ont fait cela avant lui. Il est le seul à avoir un vrai rôle politique en plus de son rôle militaire, et c’est ce que feront Sylla, Pompée, César, ou Octave à sa suite. L’affrontement de Marius et de Sylla fait naître à Rome un nouveau mode de gouvernement, la terreur. La guerre au sens d’affrontement armé commence entre Marius et Scylla lorsque Sylla part à la place de Marius en Asie combattre le roi Mithridate, il reviendra avec les honneurs d’avoir vaincu un ennemi puissant. La rivalité entre les deux généraux dégénère et aboutit à la guerre civile. Une étape supplémentaire est franchie, car la ville de Rome est prise comme on prend une ville ennemie par Sylla en 88 av J-C. Il bannit les marianistes et fait massacrer les proscrits sans autre formes de procès. C’est la terreur qui règne. Les citoyens à Rome sont légaliste et sont soldats et ils obéissent à leur commandants car ils ont un imperium (nécessaire au commandement militaire), les armées sont fidèles et cette fidélisation est due au rapprochement entre les chefs et leurs soldats qui reçoivent des terres à l’issus de leur service à la guerre. Le rassemblement de ces hommes autour de grands chefs est bien souvent dû à une division politique qui est sous-jacente et structurante, elle est par ailleurs la plupart de temps davantage une mobilisation sans sincérité. Car ce qui compte à Rome est avant tout le respect des formes, la foi ou la conviction ne sont pas un critère de vertu. De plus ces hommes qui prennent le pouvoir par des moyens contestables mais de façon habile, concentrent de plus en plus les pouvoirs vers eux seuls. Ce sont des hommes charismatiques qui séduisent le peuple par leur rhétorique davantage que par leurs idées. Une nouvelle émulation insuffle à Rome un désir de pouvoir aux hommes qui peuvent y prétendre mais celle-ci engendre des contradictions. Notamment dans le projet de Sylla qui est à l’origine sur un plan théorique de rétablir les pouvoirs du Sénat, alors que sur le plan effectif il se fait élire dictateur constituants et son rôle se rapproche dangereusement de celui d’un roi. Ce qui permet à Sylla d’acquérir un tel statut est qu’il conserve l’illusion de la légalité. Lorsqu’il se fait élire dictateur il prend soin de s’éloigner de Rome pour ne pas être accusé de faire pression ou bien de manipuler les esprits. Cette illusion à Rome semble être tout ce qui permet désormais de maintenir le système debout, le respect des formes est seul à le protéger de l’effondrement mais on peut se demander si cette barrière n’est pas trop fragile pour un empire si grand. La culture Grecque est la culture des grands rois et bien qu’elle soit implantée à Rome elle reste étrangère et méprisée, il faut donc prendre bien garde à respecter les coutumes et les institutions romaines afin de ne pas provoquer des réactions excessives. C’est précisément ce que fait Sylla lorsqu’il contente les aristocrates sénateurs en relançant la compétition politique. En effet il fluidifie l’accès au consulat qui est une fonction à haut mérite et qui n’est pas censée être héréditaire. Ce qui était quasiment le cas lorsqu’un des Metellus était nommé consul une fois par an. Les agencements et réorganisations de la vie politique à Rome dépendent désormais du dictateur en place, chaque homme arrivé au pouvoir par son charisme doit faire valoir son intégrité par les mesures qu’il prend. Et on assiste donc à des modifications dans le statut des institutions politique qui en fonction du leader en place gagnent ou perdent de leur poids. C’est le cas pour les tribuns de la plèbe ou pour les comices. Ces réorganisation de la vie politique ce font une fois de plus dans le respect de formes mais cette fois sous couvert de rétablir une situation normale. Un dictateur l’est pour six mois pas un jour de plus et il a une mission durant ce laps de temps qui est de rétablir une situation normale dans Rome. Cette mission justifie de prendre toute sorte de décisions et c’est l’évergétisme du dictateur qui lui vaut sa légitimité. Les imperators après Marius remanient donc les institutions bien qu’il reste un squelette initial qui est toujours le même. Le sénat garde sa place et son importance, mais les comices peuvent perdre de leur influence qui est déjà moindre et le pouvoir balance entre les consuls et les tribuns, ils n’ont pas d’imperium mais seulement la potestas (bien que cette magistrature soit très spéciale). La sacro-sainteté des institutions de la plèbe par exemple, qui fut reconnue par le patriciat en 449 av J-C, par les lex Horatiæ fut abolie de façon éphémère sous Sylla. Tous les imperators montrent des spécificités mais les particularités du duel entre César et Pompée semblent sceller situation de crise pour la République romaine. Pour Kristian Girardet, la République romaine est « un corps sain qui a été assassiné » ; en effet si son équilibre reposait sur les trois pôles du pouvoir, monarchique, oligarchique et démocratique, cet ensemble a été déséquilibré par la concentration des pouvoirs vers un seul homme, César. Il détient un pouvoir religieux puisqu’il préside les cérémonies religieuses, le pouvoir du sénat et des comices. Il est donc considéré comme le « meurtrier » hypothétique de la République romaine. En effet la solution à une situation de plus en plus critique semble être de remettre les pouvoirs entre les mains d’un homme exceptionnel qui sera capable de mettre fin aux troubles, un homme qui pour Cicéron doit avoir : « grand caractère, grand talent, grande fermeté ». César en cela est un maitre dans l’art de la propagande, il manie à son avantage la rhétorique de ses adversaires et sait utiliser les valeurs romaines les plus importantes et se les faire attribuer. Le fait que tous les pouvoirs soient concentrés en un seul homme est exceptionnel à Rome, César et Pompée ont tous deux des magistratures hors du droit, ils sont dans l’exception par rapport à la règle, hors du système normal qui ne fonctionne déjà plus. Même si César est loin d’être le plus ambitieux des imperators il est le seul à avoir les moyens d’obtenir ce qu’il souhaite. Lorsqu’il franchit le Rubicond en 49 av J-C, son acte est hautement symbolique et il ne se permet une telle provocation que parce qu’il détient les moyens de ripostes nécessaires en cas d’affrontement, son armée lui est fidèle. De plus lorsque César franchit le Rubicon, il le fait pour réparer son honneur bafoué par Pompée qui lui interdit de se représenter au consulat. À Rome le fait de conserver son honneur est tout à fait normal, mais le faire au dépend de la cité de l’est pas. César met donc en danger le bon fonctionnement de la République et l’expose à une crise uniquement par fierté. C’est un élément important dans la compréhension de la chute de la République romaine. Tant que le système politique empêchait les hommes ambitieux de concentrer vers eux tous les pouvoirs, grâce notamment au Sénat, et faisait en sorte qu’ils ne rivalisent entre eux que pour la gloire de Rome, et ce avant leur propre gloire, le consensus assurait la paix. Mais dès lors qu’ils commencèrent à combattre pour des honneurs personnels et non pour la grandeur de Rome, on put prédire la crise à venir de façon certaine. Cette idée fédératrice maintenait l’ordre et la sécurité de manière relative avant Pompée et César, mais ils sont tous deux hors la loi. Et ils se placent dans une telle posture à cause que ce que l’on appelait la « philotinia » ou l’amour des honneurs. Nos sources écrivent à postériori et ne sont pas toujours les mieux placées pour relater les évènements qu’elles décrivent mais elles attribuent justement la chute de Rome à cette notion de philotinia. Et plus particulièrement à un type d’hommes nouveaux qui font passer leur grandeur avant celle de Rome. Ce que ni Sylla ni Marius n’avait fait avant eux. En revanche ce qu’ils avaient déjà laissé entrevoir dans leurs méthodes de gouvernement et que Pompée et César ont tous deux repris, de façon plus extrême encore, par la suite, est l’importance donnée à l’armée. L’aspiration à la royauté était haie des romains suite à la tyrannie des Tarquins qui ont laissé dans les esprits un profond mépris pour les rois. Leur règne sur Rome se fit de 616 à 509 av J-C. L'épisode le plus célèbre de la dynastie des Tarquins est l'histoire du viol de Lucrèce, à l'origine du soulèvement qui met fin à la royauté. Les hommes ambitieux et avides de pouvoir et de gloire, tels que César, ont donc du fonder leur pouvoir sur un aspect important de la culture romaine qui leur assurait une légitimité, une fidélité et un appui militaire non négligeable. Il s’agit de l’armée. Tous les citoyens à Rome sont soldats. Ils le sont car cela est obligatoire dans le parcours pour la citoyenneté romaine, mais également car cela leur apporte des terres s’ils servent bien leurs généraux à la guerre. Les romains étant des paysans tous n’aspirent qu’à posséder leur parcelle de terre et à la cultiver. C’est pour cela que les armées sont extrêmement fidèles. Sans compter qu’elles sont encore plus fidélisées par les différentes batailles que les légions mènent, dirigées par leurs généraux. Hors, cette modification visant à placer l’armée comme la composante majeure du système politique romain, avant même le Sénat, revient à instaurer un état militaire. Un acte qui manque de subtilité et qui coute la vie à César qui est assassiné en 44 av J-C au sein même du Sénat notamment par son propre fils Brutus, il est accusé d’aspirer à la royauté par les sénateurs, bien qu’il refuse les signes de la royauté. À aucun moment César n’accepte des titres distinctifs qui le relient directement à la royauté : il prend le titre de « Basyleos » qui signifie roi mais ne se fait pas appeler roi. Mais pour Appien, ceux qui assassinent César pensent qu’il est dangereux pour la République, car son pouvoir est excessif, et la mise en scène de son refus du pouvoir monarchique ne trompe pas, s’il refuse le titre de roi il conserve des signes du pouvoir monarchique qui comptent autant. Finalement ni César ni ses assassins ne sont dans la tradition républicaine, et après lui la République n’est plus. Les évènements qui surviennent de 133 à 44 av J-C, forment un long crescendo qui semble mener inévitablement vers la chute de la République. La théorie du système politique romain peut paraitre solide et fiable mais son application est compliquée en ce sens que la vie politique ne concerne que les aristocrates en compétition entre eux pour le pouvoir. Le peuple est exclu de toute activité politique car, sur le plan effectif, son poids est trop minime pour avoir un réel impact. Dans un tel contexte, la fragilisation du système s’observe dans la manipulation des foules qui ne deviennent que des moyens d’accéder au pouvoir. Le système politique français actuel, né de la Révolution de 1789, est un modèle républicain fortement inspiré du système politique romain, des siècles plus tard ce système reste le plus abouti et le moins inégalitaire de tous les systèmes politiques. Néanmoins le rôle du peuple y est nettement plus important. Officiellement la république romaine ne disparait jamais mais elle connait une période de prospérité qui ne peut durer éternellement. On ne peut pas répondre de façon binaire à la question qui est de savoir si la crise était inévitable. Elle l’était car son aspect théorique était bien trop peu marqué pour que sa constitution puisse durer davantage, et elle ne l’était pas car elle a réussi à perdurer pendant des siècles et aurait probablement pu durer encore. Finalement la chute de la République romaine est peut-être davantage due à des comportements particuliers d’individus qui par leur avidité de pouvoir font tendre le système vers l’Empire que sera la Rome d’Auguste.

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