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chassignet

Publié le 13/01/2014

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LECTURE ANALYTIQUE N°1 Jean-Baptiste CHASSIGNET « Un corps mangé de vers » sonnet CCLXIII, Le Mépris de la vie et consolation contre la mort (1594). Mortel pense quel est dessous la couverture D'un charnier mortuaire un corps mangé de vers, Décharné, dénervé, où les os découverts, Dépoulpés, dénoués, délaissent leur jointure : Ici l'une des mains tombe de pourriture, Les yeux d'autre côté détournés à l'envers Se distillent en glaire, et les muscles divers Servent aux vers goulus d'ordinaire pâture : Le ventre déchiré cornant de puanteur Infecte l'air voisin de mauvaise senteur, Et le nez mi-rongé difforme le visage ; Puis connaissant l'état de ta fragilité, Fonde en Dieu seulement, estimant vanité Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage. Présenter l'auteur/l'?uvre : Chassignet : poète français du début du XVIIème siècle. Il a reçu une formation humaniste (droit) puis est devenu avocat. Très tôt, en 1594, il écrit Le Mépris de la vie et consolation contre la mort, une suite de plus de 400 sonnets représentatifs de son époque. Présenter le texte : Dans ce sonnet, « Un corps mangé de vers », l'auteur souligne la fragilité de l'existence humaine à travers un réseau d'images morbides ouvrant la voie à la spectaculaire esthétique baroque. Derrière l'horreur du tableau, on peut percevoir une recherche esthétique. La dernière strophe nous expose la morale. Lire le texte : Rappel de la problématique : En quoi ce poème est-il révélateur de l'esthétique baroque ? Annonce du plan : Analyse du plan : I) Une esthétique du morbide poussée à l'extrême. 1) Une mise en scène macabre : la décomposition de l'homme. Champ lexical de la mort : « mortel », « mortuaire », « charnier », « pourriture », ? Champ lexical de la décomposition : « décharné », « dénervé », « dépoulpés », « mi-rongé », « mangé de vers », ? Accumulation de verbes avec le préfixe privatif « dé- » (qui enlève), ce qui insiste sur l'éclatement du corps. Champ lexical du corps : « mains », « nez », « ventre », « muscles », ? Le corps se liquéfie : « se distillent » Champ lexical de l'abandon : « délaisse », « tombe », « détournés », ? Description du général au particulier : « un charnier » > « corps » > « ventre » > « nez ». L'espace est saturé par la mort. Connecteurs spatiaux (adverbes de lieux) : « où », « « ici », « dessous », « à l'envers », « voisin », ? Ils donnent l'impression d'enfermer le lecteur dans cette vision de décomposition. 2) Une description en hypotypose (vivante, donne l'impression que le corps se décompose sous nos yeux. Les cinq sens sont utilisés pour rendre la scène vivante : Odorat : « puanteur », « mauvaise senteur », « pourriture », « nez », ? Vue : « yeux », « pense » (=imagine), ? Touché : « décharné », « dénervé », « mains », « glaire », ? Goût : « mangé », « des vers goulus », ? Ouïe : « rongé », « déchiré », « vers goulus » (impression de les entendre avec des assonances en [r] et [s]), ? Verbes d'action au présent de l'indicatif, présent de vérité générale et de description. Pourtant, derrière l'horreur du tableau, on retrouve le plaisir baroque. II) Un poème baroque 1)Esthétique de l'écriture baroque Vocabulaire recherché : «Décharné, dénervé, où les os découverts, Dépoulpés, dénoués, délaissent leur jointure : » Registre soutenu mais aussi un vocabulaire cru. Travail de la nuance : redondances (répétitions) « décharné » = « dépoulpés », « puanteur » = « mauvaise senteur » Pléonasme : « un charnier mortuaire » Parallélisme de rythme : «Décharné, dénervé, où les os découverts, Dépoulpés, dénoués, délaissent leur jointure : » Début rapide et fin plus calme. Rimes embrassés Rimes internes : v2 : [èr], v7 : [èr], v8 [u], v13 [an], v14 [an], ? Tournure complexe typique du baroque (« fonde » = appuie-toi) Fonde en Dieu seulement, estimant vanité Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage. 2)La morale baroque (memento mori) Le memento mori (locution latine « souviens-toi que tu mourras »). Genre artistique datant de l'Antiquité et qui a pour but de rappeler aux hommes qu'ils sont mortels et rappeler la vanité de leur activité terrestre = carpe diem dans Odes d'Horace. Ce poème invite le lecteur à méditer : interpellation directe du lecteur grâce à l'apostrophe « Mortel », aux impératifs « pense », « fonde », à l'adjectif possessif « ta » et au pronom personnel « te ». L'homme est spectateur de sa propre décomposition. L'objectif de Chassignet est d'impressionner voir de choquer son lecteur pour le faire changer. ? Rabaissement de l'orgueil humain, le corps est voué à devenir une « ordinaire pâture » de « vers goulus » (la beauté de vient laideur). Le ventre (lieu des plaisirs) est source de « puanteur ». ? « ta fragilité », illustrée par la décomposition montre que l'homme est éphémère. On passe d'un corps terrestre à un corps céleste : notions abstraites « savant », « sage » = science/religion/philosophie. Seul Dieu donne un sens à l'existence confère l'adverbe « seulement ». L'homme n'est que peu de choses (morale baroque). Conclusion :

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