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BUCOLIQUES de André Chénier

Publié le 24/09/2018

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BUCOLIQUES
André Chénier. Poèmes, 1778-1787.
 
Ce recueil comprend des idylles — c’est-à-dire de petits tableaux de genre célébrant la simplicité rustique inspirés par les Grecs Callimaque et Théo-crite, les Latins Virgile, Properce et Ovide ou le Suisse Gessner — et des pièces plus amples qui illustrent la volonté de Chénier d’élargir son inspiration et de régénérer le monde moderne. « L’Aveugle chante dramatiquement la misère du poète ; dénonçant la servitude qui corrompt et dénature l’homme, «La Liberté» prête à un berger des accents prérévolutionnaires ;

« CHÉNIER: Les Bucoliques 1762-1794 André Chénier est né le 29 octobre 1762 à Constantinople (l'actuelle Istanbul) où son père occupait les fonctions deconsul.

Sa mère s'enorgueillissait d'avoir du sang grec et influença profondément le goût de son fils pour les beautésde la Grèce antique.

Ce penchant n'était pas véritablement original à une époque où l'on se passionnait à travers lesfouilles d'Herculanum et de Pompéi pour les héritages de l'antiquité gréco-romaine, et le jeune garçon en retrouvades échos lors de son arrivée à Paris en 1765, chez les artistes et savants qui fréquentaient le salon littéraire de samère: on pouvait croiser chez la «belle Grecque» l'helléniste Brunck, le poète Lebrun-Pindare ou le peintre David,célèbre figure du néoclassicisme antique. Après d'excellentes études classiques au collège de Navarre, il va mener la vie de beaucoup de jeunes gens de sonâge et de sa condition, se partageant entre l'étude et les plaisirs de la vie mondaine.

En 1785, il entreprend avecdes amis un voyage de plusieurs semaines en Suisse et en Italie.

De retour à Paris où il passe encore deux ans, ilcompose ses premiers poèmes. C'est d'Angleterre où il occupe depuis 1787 les fonctions de secrétaire privé de l'ambassadeur qu'André Chénierperçoit les premiers bruits de l'agitation révolutionnaire pour laquelle il ne tarde pas à prendre fait et cause.

Ildevient membre de la «Société des Amis de 1789» qui rassemble les dissidents modérés du Club des Jacobins etcompte parmi ses membres David, Mirabeau, Lavoisier, Monge.

Rentré en France, il va déployer une intense activitépolitique, collaborant à plusieurs organes de presse pour lesquels il écrit des articles qui sont souvent de superbesmorceaux d'éloquence politique (par exemple «Avis au peuple français sur ses véritables ennemis»). Révolutionnaire, André Chénier veut l'être mais dans le respect des libertés individuelles et de la personne humaine.Aussi ne tarde-t-il pas à s'opposer à ceux qui trahissent l'idéal républicain dans une dérive sanglante et totalitaire.Ses positions modérées lui valent sous la Terreur la haine des plus radicaux et, après avoir été arrêté le 7 mars 1794puis incarcéré à la prison de Saint-Lazare, il est condamné à mort comme «ennemi du peuple» et guillotiné le 25juillet I 794 (7 thermidor de l'an IV), deux jours avant la chute de Robespierre. La gloire littéraire d'André Chénier est une gloire littéraire posthume.

En effet, quand il meurt à 32 ans, son oeuvrepoétique, éparse et inachevée, est encore inédite et ce n'est qu'en 1819 que paraît la première édition de sespoèmes, immédiatement salués par la génération romantique. «Peut-être qu'il y a de bons poètes français mais que la poésie française est mauvaise.» Cette formule lapidaire deMontesquieu résume parfaitement la situation de la poésie au siècle des Lumières.

Brillant philosophe, le XVIIIe siècleest médiocre poète.

Les préceptes rigides des anciens versificateurs d'une part, qui, à l'instar de Malherbe (1555-1628) et Boileau (1636-1711) avaient prétendu enfermer l'art poétique dans un carcan de règles strictes, et letriomphe de la raison d'autre part avec l'avènement des philosophes, ont entraîné le tarissement et l'affadissementde la poésie.

Dans ce désert, André Chénier s'impose comme une figure remarquable.

Par son génie d'abord, puisparce qu'il incarne mieux que tout autre la transition qui s'effectue au XVIIIe siècle entre l'âge classique et leromantisme post-révolutionnaire. 1.

UNE PEINTURE IDÉALE DE LA NATURE ET DES SENTIMENTS Premières pièces écrites par André Chénier entre 1785 et 1787, Les Bucoliques rassemblent une trentaine de poèmes, des «idylles» (ce sont de petites scènes de genre qui mettent en scène dans un cadre champêtre despersonnages simples – un mendiant, un chevrier, un berger, etc.) ou des poèmes dédiés aux dieux et aux héros dela mythologie grecque («Le retour d'Ulysse», «La mort d'Hercule»).

Écrites sur le modèle de la poésie antique—l'idylle est un genre grec inventé par Théocrite, un poète du Ir siècle av.

J.-C.—Les Bucoliques se réfèrent le plus souvent à un monde idéal et intemporel où prédominent la beauté et les sentiments purs, ce qui n'exclut ni l'ampleurni la gravité comme dans «L'Aveugle», vaste fresque de 270 vers, dans laquelle André Chénier rend hommage auplus grand des poètes de l'Antiquité : recueilli par des pasteurs un vieillard aveugle, qui n'est autre qu'Homère, semet à chanter pour les villageois réunis autour de lui ; il célèbre les dieux, évoque la guerre et la paix, les enfers etquelques légendes célèbres. D'autres poèmes sont dominés par la mélancolie.

Celle-ci se dégage d'abord de thèmes poétiques traditionnelscomme le thème de la mort qui fauche la jeunesse et sépare les amants, largement chanté, deux siècles plus tôt,par Ronsard dans ses Amours. À cet égard, l'un des plus beaux poèmes des Bucoliques, «La jeune Tarentine», est représentatif de l'art de Chénier tant par son inspiration (une scène de l'Antiquité dans laquelle une jeune fille conduite en bateau à ses noces péritpar la noyade) que par son expression qui, tout en empruntant au modèle antique son vocabulaire et sesréférences, fait apparaître une sensibilité et une émotion plus personnelles. Cependant, même quand il évoque, comme c'est le cas dans ce poème, des thèmes douloureux, André Chéniers'attache moins à être réaliste qu'à obtenir, par les images et les termes qu'il utilise, un tableau aux lignes et auxnuances parfaitement harmonieuses.

«La jeune Tarentine» est conçue comme une vision descriptive dans laquelle l'expression des sentiments est reléguée au second plan derrière un souci esthétique d'idéalisation.

Le poète semontre plus soucieux de peindre ce qu'il voit que d'exprimer ce qu'il ressent.

C'est ainsi que la mort de la jeune fille. »

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