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FRANCION. Roman de Charles Sorel (analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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FRANCION. Roman de Charles Sorel (15997-1674), publié anonymement à Paris chez Paul Billaine en 1623 (livres I à VII), réédité en huit livres (par division du livre V) augmentés de trois livres en 1626. Un douzième volume viendra achever l'édition définitive, signée du pseudonyme de Nicolas Moulinet sieur du Parc, en 1633, le titre général de l'œuvre devenant : la Vraie Histoire comique de Francion.

Parallèlement à l'aspiration héroïque et épique, se développe dans la première moitié du xviie siècle un courant, parfois appelé « réaliste », qui tient a priori de la gageure dans la mesure où il prétend demeurer aussi éloigné de l'idéalisme aristocratique que de la veine populaire, et où il rejette le romanesque tout en s'inscrivant dans le domaine romanesque. À l'appellation de « roman », alors trop souvent synonyme de « merveilleux », ses adeptes préfèrent le nom d'« histoire ». Roman qui nie le roman, l'histoire comique s'inscrit en fait dans la tradition gauloise.

La structure du récit brise la linéarité de l'histoire. Bildungsromon avant la lettre, le Francion relate les années de formation de son héros éponyme. Gentilhomme breton envoyé à Paris étudier dans un collège, il se préoccupe davantage de vivre libre et de conquérir laurette que d'approfondir ses humanités. Tour à tour poète, homme de confiance du grand Clérante. il se déprendra de Laurette, sitôt qu'il l'aura possédée, pour s'attacher à Nays. Après un voyage en Italie où celle-ci habite et l'élimination de plusieurs rivaux, il épousera la femme de ses rêves. Telle est la trame du roman, entrecoupée de nombreux récits secondaires.

 

Les sept premiers livres évoquent l'existence mouvementée du personnage. L’œuvre débute par une expédition malheureuse de Francion montant à une échelle pour rejoindre Laurette. mariée à un vieillard impuissant II se retrouve à la suite d’un rocambolesque quiproquo dans les bras d'une vieille femme hideuse, se blesse en redescendant, est recueilli par un gentilhomme (livres l-ll) à qui il raconte sa jeunesse, ses activités. ses amours, et avec qui il écoute la vieille Agathe raconter son passé d’entremetteuse et celui, fort léger, de Laurette (livres lll-VI). La chronologie reprend alors ses droits. Chez Raymond.

« Francien retrouve Laurette ; une fête libertine couronne et détruit leurs amours.

Déjà Francien n'a plus d'yeux que pour Nays, l'Italienne, dont Dorini lui a conté l'histoire et dont il lui a donné un portrait.

Le voici en route pour l'Italie (livre VIl).

Favorisant en chemin deux mariages, Francien ne connaît à Rome que mésaventures : accusé de perturber l'ordre public, de fabriquer de la fausse monnaie, victime de rivaux jaloux, il est à plusieurs reprises emprisonné.

Il s'ennuie chez les paysans comme parmi ses amis à Rome.

Tout se retourne contre lui, excepté l'attachement que lui voue Nays (livres IX-Xl).

Après un ultime sur­ saut libertin qui le pousse à séduire Émilie alors même qu'il courtise Nays, Francien épouse celle­ ci.

« C'est assez de dire que [leur contentement] était extrême, et qu'il n'a point diminué depuis» (livre Xli).

Selon la définition qu'en donne Sorel lui-même dans son > de Polyandre, « la Vraie Histoire comique [ ...

] ne doit être qu'une pein­ ture naïve de toutes les diverses humeurs des hommes, avec des censu­ res vives de la plupart de leurs défauts, sous la simple apparence de choses joyeuses >>.

Elle s'oppose donc par essence aux idéaux de perfection du roman héroï­ que pour s'ouvrir aux« tableaux natu­ rels de la vie humaine>>, en quoi Sorel voyait encore le propre des > (De la connaissance des bons livres, 1671).

Le Francion relève indiscutablement de cette catégorie.

Il accueille toute une société ordinaire­ ment exclue des romans épiques et précieux : poètes aussi misérables que vaniteux, prostituées, maquerelles, juges corrompus, mendiants, originaux dignes des «petites maisons>>, honnê­ tes gens, pédants (dont Hortensius, en qui l'on reconnaît Guez de Balzac), courtisans.

À chacun ou presque, ses registres de langue,-ses vêtements spé­ cifiques, ses activités, ses manières.

Les détails de la vie quotidienne envahis­ sent le Francion.

Cela suffit-il pour le qualifier de « roman réaliste » comme on l'a longtemps fait? On en doute aujourd'hui de plus en plus.

Non que sa valeur documentaire soit inexis­ tante, mais cet aspect demeure partiel, voire partial.

Les paysans sont systéma­ tiquement grossiers, les bourgeois inté­ ressés, le petit peuple badaud et les courtisans vaniteux.

Bien que son iti­ néraire social conduise le héros de la pauvreté à l'aisance, les scènes urbai­ nes paraissent mieux dessinées que cel­ les de la vie de campagne ; et la satire détermine toujours l'angle descriptif, nécessairement réducteur.

Le réalisme ne s'identifie pas aux « petits faits vrais», fussent-ils innombrables.

«Histoire comique>>, le Francion l'est encore par l'alacrité de son écriture, par l'insertion de facéties joyeuses, de far­ ces gaillardes, directement issues des fabliaux et des contes, par la fréquence des scènes amoureuses.

Pour réconci­ lier des époux aubergistes, Francion leur propose un « congrès >> : une démonstration devant témoins de leurs capacités sexuelles.

Refus de la femme.

Francion. »

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