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Alexandrie la cosmopolite

Publié le 04/01/2015

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Les grandes manifestations nationalistes égyptiennes de 1919 et 1920 mettent les communautés en alerte. En mai 1921, Alexandrie est pendant quatre jours à feu et à sang ; une centaine de magasins grecs sont brûlés ; quarante-trois Égyptiens, douze Grecs et deux Italiens trou¬vent la mort dans les émeu¬tes. En 1926, une nouvelle loi prive de l'exercice de leurs droits politiques ceux qui ne peuvent prouver leur nationalité égyptienne. Mais, tandis que l'étau se resserre inexorablement sur la société cosmopolite d'Alexandrie, la cité brille de ses derniers feux. Les grands négociants grecs n'ont jamais été si prospères ; les garden-parties succèdent aux régates dans le port, on se donne des frissons en s'inscrivant au tout nouveau Alexandria Flying Club, Dans la grande cité, dont la population ne cesse d'augmenter, les défini-tions identitaires ont des limites floues, les nationalités sont ambiguës, changeant au gré des convenances. Cependant une identité nationale égyptienne s'affirme peu à peu, qui va sonner le glas du cosmopolitisme alexandrin.

« les Égyptiens des autres « ori ­ ginaires de l'emp i re », les uns et les autres auront encore dans les années vingt la dé­ nomination, commune et va­ gue , de « sujets loca ux », bé ­ néficiant de fait des mêmes droits et privilèges .

Le miroir d'une Europe bouleversée L a complexité s'accroît du fait des bouleversements de l'empire, qui voit ses pro­ vinces accéder à l'indépen­ dance : ainsi, à mesure que le nouvel État grec repousse ses frontières, de plus en plus d'Alexandrins peuvent deve­ nir sujets helléniques .

Au mi­ lieu du XIX• siècle, sur mille Grecs d 'A lexandrie, quatre cents seulement possède nt la nationalité hellénique.

Mais, peu à peu, le sentiment national grandit, relayé par le patriarche grec orthodoxe d'Alexandrie, représentant officieux de l'État grec, et par le consulat, qui gère les rela­ tions entre Athènes et l'Égypte.

Les tensions internationales provoquent aussi de doulou­ reux réveils du sentiment na­ tional dans certaines commu­ nautés alexandrines, et les ri­ valités européennes se réper­ cutent dans la ville, jetant par exemple dans la rue des Italiens aux prises avec des Grecs .

Des passeports interchangeables ? C ependant, les frontières identitaires sont bien trop ambiguës à Alexandrie pour se laisser découper en appartenances nationale s .

On y entretient la confusion entre le terme « communau­ té », fondé sur l' appartenan ­ ce religieuse, et celui de« co­ lonie », basé sur l'origine na- tionale.

Le dénominateur commun des Grecs est qu'ils dépendent du patriarcat : qu'ils parlent turc, arabe ou albanais, ils appartiennent à la communauté orthodoxe.

Les Italiens , au contraire, sont une colonie où règne la mixité confessionnelle - ses éléments les plus puissants sont juifs -et où la langue la plus parlée est le français.

Selon les intérêts en jeu, les identités se superposent.

Le fait d'avoir une nationalité étrangère représente de tels avantages juridiques et fis­ caux -grâce au système des Capitulations - que des sujets ottomans s'arrangent sou­ vent pour l'obtenir, «avec l'accord du gouvernement impérial », comme l'exige la. »

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