Étudiez la dénonciation des dérives du pouvoir dans le roman et dans le film

« 12 8 le cinéaste en accroît la violence.

John Malkovich exécute un mouvement circulaire autour de la pièce et, empoignant Mme de Tourvel par les cheveux, il la précipite à terre.

L'âme humi liée Racontant à la Marquise ce qui lui est arrivé, Cécile mentionne « le rouge de la honte » (XCVII).

En se rapprochant de Danceny alors qu'il est en train de dévoyer sa bien-aimée, Valmont bafoue les préceptes de l'amitié.

Dans sa demande de répara­ tion, Danceny insiste sur les procédés déloyaux dont il a été victime : « indignement joué » (CLXII) et dans sa missive à Mme de Rosemonde, il revient sur les torts qu'on lui a fait subir : « Quand on a été trahi dans son amour, dans son amitié » (CLXIX).

Mme de Tourvel, rendant compte de sa chute, se place immédia tement dans un regis tre tragique « tuée sur le champ ...

mon cœur est le plus déchiré ...

tourments » (CXXVIII) -, mais la perspective du sacrifice tempère son désar roi.

Plus insupporta­ bles sont les deux scènes d'humilia tion : celle avec Émilie et lors de la lecture de la lettre de rupture.

Le verdict est prononcé, signant la mise à mort de Mme de Tourvel : «L a route m'est tracée entre la honte et le remords » (CXLIII).

Ill.

De la perversité considérée comme un art Le occulte 1 Les agissements des libertins sont inqui étants en ce qu'ils confondent la sphère 'j privée et la sphèr e publique.

En faisant lire des lettres à d' autres personnes que leurs destinataires, en épiant les réactions de leurs proches ou de leurs connaissances, en cherchant à entr er dans les secrets des individus et de leur passé -la Marquise tient sa sœur de lait à sa merci -, en faisant conna ître à toute une société comment tel homme s'e st comporté en privé, les libertins usent des mêmes procédés que les dictatures (voir Je film de Florian H.

von Donnersmarck, La Vie des autres, 2006).

L'individu est sans cesse placé sous Je regard de 1 'a utre, qu i peut devenir en quelques instants le regard des autres.

Cette communa uté vit sous la menace de l'opinion publique.

Qui plus est, cette opinion est aux mains des plus crédules, telle Mme de Volanges.

La perve rsion du lecte ur Par le dispositif des lettres qui s'entrecroisent, le lecteur est mis en position de supériorité : il en sait plus que les personnages.

La violation de la corres pondance en traîne une pervers ion de la lettre.

Ce viol de l'intimité du scripteur se général ise: Valmont s'interpose entre Mme de Tourvel et Mme de Volanges ; la Marquise entre les jeunes gens, entre Valmont et la Présidente.

Les lettres appréhendées par des tiers rendent le lecteur voyeur : placé immédiatement du côté des libertins, puisque informé de leurs projets, il participe malgré lui et avec plaisir aux manœuvres des esprits forts.

N' est-ce pas là une sorte de dévoiement des Lumiè res ? À la veille de la Révolution, Laclos ne montre plus des créatures qui sont mues par Je désir sexuel : le temps n'est plus aux Don Juan et Casanova.

La recherche inex­ tinguible du pouvoir conduit les libertins à recourir à tous les moyens pour atteindre des fins qui ne sont pas justi fiables.

Cette peinture sans concession intéresse aussi · Frears, chroniqueur critique de l'Anglet erre de Margaret Thatcher.. »