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Explication d’un extrait de texte BEAUMARCHAIS. Le Mariage de Figaro, Hatier, Paris, 2003, 279 p.. (Acte I, scène 7)

Publié le 05/09/2018

Extrait du document

beaumarchais

La scène se termine avec Chérubin qui essaied’embrasser Suzanne. Puis, le Comte entre dans la chambre, et Chérubin se cache derrière le fauteuil.

En l’espace d’une seule scène, nous pouvons observer que Chérubin ne sait pas trop comment gérer ses hormones d’adolescent. Il est sous le charme de quatre femmes en même temps, et pas les moindres. On parle ici d’une femme qui serait à la fois la première camariste de la Comtesse et la fiancée de Figaro. Il y a aussi la Comtesse elle-même qui serait en outre sa marraine, une femme de loin plus âgée que lui en Marceline et puis finalement Fanchette. Chérubin, passe donc de l’amour incestueux, à l’amour impossible jusqu’à l’amour interdit. Ça va même jusqu’à l’attrait envers une personne pas mal plus âgée que soi, ce qui peut faire penser à la gérontophilie. On peut observer la folie de Chérubin lorsqu’il dit lui-même que les mots amour et volupté le font tressaillir et le troublent. On peut l’observer davantage lorsqu’il confie à Suzanne qu’il a un si grand besoin de dire à quelqu’un qu’il l’aime qu’il le dit aux arbres et aux nuages en courant seul dans le parc. Chérubin a beau se nommer Chérubin (jeune séducteur par définition), il serait peut être atteint de la maladie d’aimer à tout vent. En tout cas, pour Beaumarchais qui voulait démontrer l’exubérance de l’aristocratie, on y voit ici l’excès amoureux de Chérubin.

beaumarchais

« Après avoir expliqué la situation à Suzanne, Chérubin lui dit qu’il ne pourra plus la voir à moins qu’elle ne résonne le Comte.

Ce qui soulève ici l’attention c’est la phrase suivante : « Madame, si ma belle marraine ne parvient pas à l’apaiser, c’est fait, Suzon, je suis à jamais privé du bonheur de te voir ».

Dans le même passage, Chérubin appelle Suzanne ‘Suzon’.

Premièrement, nous faisons habituellement usage du sobriquet afin de démontrer un certain attrait ou niveau d’intimité à quelqu’un avec qui nous sommes en relation intime ou sur le point de l’être.

D’ailleurs, Suzanne réplique à Chérubin en lui demandant « ce n’est donc plus pour moi que vous soupirez en secret ? ».

Les mots ‘soupirez en secret’ sont ici cruciaux, car lorsque nous sommes amoureux d’une personne qui se trouve à être notre marraine, nous sommes aussi bien de l’être en secret jusqu'à tant que ça passe.

Chérubin parle d’une femme comme étant sa belle marraine.

On dirait que c’est de Suzanne qu’il parle, mais on comprend au fil de la lecture que c’est bel et bien de la Comtesse qu’il parle.

Suzanne voit donc le jeu de Chrérubin et ne s’y laisse prendre.

De plus, dans le même paragraphe, l’auteur utilise deux points d’exclamation et autant d’interrogation.

Les deux points d’exclamation semblent ici utilisés afin de marquer l’intensité d’un sentiment, par exemple la stupéfaction et l’indignation de Suzanne.

Rappelons que Suzanne est la fiancée de Figaro, et que d’ordre habituel, il est interdit de séduire une femme sur le point de se mariée.

Quant aux deux points d’interrogation, ils servent surtout ici à démontrer que Suzanne ne comprend en rien ce que raconte Chérubin et que ses dires lui amènent tout un questionnement.

Il est intéressant de voir l’usage de certains oxymores de la part de Suzanne.

Ces oxymores (tu seras le plus grand petit vaurien, petit scélérat et petit voleur), qui ont un effet de non sens, viennent appuyer le fait que Suzanne ne sait trop quoi penser du petit jeu de Chérubin et qu’elle en est quelque peu surprise. Cependant, le passage antérieurement cité (Ce n’est donc plus pour ma maîtresse que vous soupirez en secret) annonce une transition vers le mouvement suivant.

Dans ce dit mouvement, Chérubin parle de son amour pour la Comtesse (sa marraine).

Ce qui frappe, c’est qu’il semble en avoir peur.

La Comtesse a un certain pouvoir vu son mariage avec le Comte, ce qui peut impressionner le jeune Chérubin.

D’ailleurs, il dit la trouver imposante.

Comme s’il avait un certain trouble devant la Comtesse.

Il est à noter qu’il y a une suite de didascalies (raillant, vivement, le retirant) qui servent à mettre encore plus l’emphase sur l’action des personnages et l’importance du passage.

Il se met ensuite à envier Suzanne qui s’occupe soir et matin de l’habiller, la coiffer, etc.

Un trouble profond quoi.

S’en suit alors l’épisode du ruban de la Comtesse que Chérubin vole à Suzanne.

Un peu à l’image d’un adolescent perdant la raison qui vole un morceau de linge à la fille qu’il aime en secret afin de l’avoir contre lui jour et nuit.

L’histoire du ruban va très loin par contre.

Ce ruban sert à la base à attacher les cheveux de la Comtesse pendant qu’elle dort.

Chérubin le vole d’abord à Suzanne qui essaie en vain de lui reprendre.

Il devient ensuite en quelque sorte un objet fort symbolique pour Chérubin, un peu à l’image d’un talisman amoureux.

Un peu plus loin dans la pièce Chérubin utilise le ruban pour aider la guérison d’une plaie qu’il a au bras.

Plus tard, à l’acte II scène 9, il fait part de sa pensée magique à la Comtesse en lui disant que ce ruban peut, lorsqu’au contact avec la tête ou la peau d’une personne… Comme si ce n’était pas suffisant, la Comtesse elle-même se met ensuite à parler au même ruban comme si c’était une personne lors d’un court monologue.

Le ruban devient finalement un genre de symbole du lien amoureux entre Chérubin et la Comtesse.

D’ailleurs, dans la suite du Mariage de Figaro, soit La Mère Coupable, nous y apprenons que Chérubin et la Comtesse y consomment leur amour.

Concernant le ruban, Suzanne qui ne réussit pas à le reprendre des mains de Chérubin, se voit offrir par ce dernier une romance.

Une romance est un genre de poème amoureux.

Alors que Suzanne s’efforce de reprendre le ruban, Chérubin lui dit : « laisse-le-moi, Suzon ; je te donnerai ma romance ».

Comme quoi il a vraiment écrit cette. »

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