« 15 0 Il.

l'infl uence de l'Histoire sur la ficti on La révo lution et les réactions des Pour les nobles, le processus de l'unification correspond au déclin de l'aristo­ cratie.

Màlvica quitte la Sicile en catastrophe, affinnant : «N ous sommes tous perdus » (p.

50).

Ainsi que le souligne le narrateur, le Prince est préoccupé : «L e nom de Garibaldi le troubla un peu » (p.

51) mais il fera face à la situation, d'abord rassuré par son neveu Tancredi.

En effet, dès le début du roman, celui-ci informe son oncle que son départ pour rejoind re les troupes révolutionnaires est tout à fait réfléchi.

Tancredi ne croit pas à l'u nité de l'Italie ; son objectif est d'intégrer la révolution pour sauvegarder la place de la noblesse.

Sa phrase emblématique « Si nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change » (p.

32) -cherche à rassurer l'oncle quant à l'e ngagement conservateur de ce jeune neveu ambitieux qui veut observer l' ennemi de l'intérieur pour mieux l'endigu er.

Quant au Père Pirrone, guide spirituel des Salina, il s'inquiète pour sa classe, le Il craint que le patrimoine de l'Église ne soit gaspillé et fait part à Don Fabrizio de cette appréhension (p.

43- 44).

L'histoire collective touche ainsi les personnages romanesques, mais elle reste secondaire au regard de leur évolution personnelle au sein de la fiction.

Les ants de la révolution : les Si les nobles et le clergé affichent leur méfiance envers les initiatives de Gari­ baldi, les bourgeois adhèrent à la nouvelle donne historique, ce qui leur ouvre une place dans l'intrigue romanesque.

Don Calogero Sedàra, le père de la belle Ange li ca, à travers ses nouvelles charges admin istratives et le mariage de sa fille avec le noble Taneredi, pourra atteindr e son but : amoindrir jusqu'à l'effacer le pouvoir princier.

Don Ciccio Ferrara, le comptable de la maison Salina, ainsi que Pietro Russo, le surintendant, veulent atteindre le même ob ject if: remplacer les Salina (p.

39).

Les Piémontais, le comte milanais Cavnagh1, le chevalier Chevalley Aimone de Monterzuolo, ou encore le roi Victor-Emmanuel II de Savoie ce demier seulement évoqué dans le roman qui participent, malgré leurs titres de noblesse, à l'unification de l'Italie et à la démocrati sation du pays avec l'avènement de la Républ ique, vont enlever sa prédominance à la famille Salina.

Ainsi, à travers l'évocation de l'histoire collective, le roman met en scène l'as­ cension de la classe sociale qui contribuera fortement au déclin personnel du prince de Salina, ce grand Guépard dont l'histoire, seule, intéresse Lampedusa.

Au regard de la prééminence accordée aux destins des personnages romanesques, celui du Prince en particulier, les événements historiques liés à la révolution ne sont que des éclats de l'Histoire.

Si l'auteur utilise l'histoire de l'Italie, les relations qu'il tisse entre Je collectif et l'individuel restent au service de l'intrigue romanesque.. »