Devoir de Philosophie

En quoi Le Guépard est-il un roman universel ?

Publié le 06/12/2019

Extrait du document

Aussi la vanité est-elle un autre thème qui ponctue le roman. Ce motif stoïque et chrétien, toujours transmis à travers les paroles bibliques, se manifeste à travers les méditations du Prince en focalisation interne mais aussi à travers le narrateur omniscient. Ce dernier rapporte d'ailleurs le dialogue entre le Prince et Chevalley, où les propos profondément désillusionnés de Don Fabrizio peuvent être lus comme une émanation de la sagesse de ce Prince-Ecclésiaste (p. 189).

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

« 15 4 Il.

Le narrateur omniscient et la voi x supr ême expres sions de l'universel Le r du narrate ur omni scient de ux Malgré les thématiques traitées dans Le Guépard, qui placent l'homme face à sa condition d'être mortel au regard des certitudes éternelles, la tonalité du romar.

n' est pas dramatique.

Au nanateur omniscient est conf éré un pouvoir divin: il est au courant de tout, peut être partout.

Aussi le narrateur lampedusien peut-il persifler les hypocrisies et les illusions à la manière du nanateur flaubertien.

L'obsession grotesque du Prince à propos de l'inélégance notoire de don Calogero est relevée et soulignée par ce narrateur lorsqu'il rapporte l'intenogation qui mine Don Fabrizio lors du bal chez les Ponteleone : « [ ...

] comment ser[a] le frac de don Calog ero?» (p.

227).

Certaines situations ressemblent aux procédés flaubertiens qui peignent le ridicule à travers des accumulations extravagantes et excessives.

Dans Le Guépard, l' ironie incisive du natTa te ur omniscient se manif este dans la pein ture des villageois de Don nafugata : leurs mouvements désordonnés et leur emphase maladroite (p.

65-66) sont la marque d'un sérieux qui devient malgré eux bouff on.

La charrette qui conduit le Père Pin-one à San Cono est un objet totalement saugrenu : Garibaldi peint en Satan est accompagné par une sainte Rosalie (p.

200) qui ressemble au monstrueux gâteau de noces de lvfa dam e Bova1y.

Un autre aspect de l'universel réside dans les sauts dans le temps et dans l'espace que peut provoquer le nanateur omniscient.

À titre d'exemple, citons Je bond le plus spectaculaire : le « gag » (p.

174) d'Angelica qui renvo ie au film d'Eisenstein de 1925 et donc à soixa nte-quinze ans après cette trouvaille de la tille de don Calogero Sedàra, un mois de novembre 1860.

Le de la voix souver aine Cependant, le pouvoir démesuré du nanateur omniscient est dépassé par celui d'une voix qui perce les niveaux narratifs, rompt le cours du récit, s'y insère et va jusqu'à remettre en cause ce qui vient d'être écrit par le narrateur omniscient.

Gérard Genette appelle cette voix transgressive et souveraine « métalepse narrative».

Cette stratégie se révèle dans le roman de Lampedusa à travers un jeu de parenthèses qui ont diverses fonctions : -p réciser ce qui vient d'être écrit : « Premier (et derni er) d'une lignée (p.

12) ou encore :« les astres obéissaient à ses calculs (comme, de fait, ils semblaient le faire) » (p.

12) ; -e xplicit er tout en raillant : «J'existence trop choyée (lire enchaînée)>> (p.

22) ; -p ersifler les personnages : « Ta ncredi ne se rendait pas compte (ou alors il s'en rendait très bien compte) >> (p.

164) ; « Cavriaghi avait plu à tout le monde, sauf à Concetta (et d'ail leurs peut-être aussi à Coneetta) >> (p.

175).

Les transgressions de cette voix dominante et souveraine touchent à l'universalité d'u n démiurge à qui rien ne semble vouloir échapper.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles