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Résumé d'un extrait de Rousseau

Publié le 04/11/2016

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C'est une chose extrêmement remarquable que, depuis tant d'années que les Européens se tourmentent pour amener les sauvages de diverses contrées du monde à leur manière de vivre, ils n'aient pas pu encore en gagner un seul, non pas même à la faveur du christianisme; car nos missionnaires en font quelquefois des chrétiens, mais jamais des hommes civilisés. Rien ne peut surmonter l'invincible répugnance qu'ils ont à prendre nos mœurs et vivre à notre manière. Si ces pauvres sauvages sont aussi malheureux qu'on le prétend, par quelle inconcevable dépravation de jugement refusent-ils constamment de se policer à notre imitation, ou d'apprendre à vivre heureux parmi nous, tandis qu'on lit en mille endroits que des Français et d'autres Européens se sont réfugiés volontairement parmi ces nations, y ont passé leur vie entière, sans pouvoir plus quitter une si étrange manière de vivre, et qu'on voit même des missionnaires sensés regretter avec attendrissement les jours calmes et innocents qu'ils ont passés chez ces peuples si méprisés? Si l'on répond qu'ils n'ont pas assez de lumières pour juger sainement de

Jean-Jacques Rousseau, Note du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755.

Il est curieux qu’en dépit des efforts missionnaires les sauvages, mêmes convertis, refusent notre civilisation. Comment expliquer qu’eux, prétendument malheureux, rejettent le bonheur de notre société tandis que nombre d’entre nous vont chez eux chercher la félicité ? N’ont-ils pas assez de jugement (comme s’il s’agissait là de raisonner!) pour mesurer leur existence à la nôtre ?

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« tenant à peu près seul à régner dans la vie littéraire, une vie qui s'est laissé façonner par son et qui, de plus en plus, dépend économiq uement de son cette liber té du conqu érant dont la seule loi est l'exp ansion indé fini e, le roman, qui a aboli une fo is pour toutes les ancienne s castes littéraires, -celles des genr es classiques s'approprie toutes les formes d'expr ession, exploite à son profit tous les procédés sans même être tenu d'en justifier par allèlement à cet te dilapid ation du capital littér aire par les siècles, il s'empare de secteu rs de plus en plus vastes de l'e xpérience humaine, dont il se targue souvent d'avo ir une con naissance approfondie et dont il donne une reprod uction, tan­ tôt en la saisissant directe ment, tantôt en l'int erpr étant à la faço n du de l'his torien, du théologien, voire du philosophe et du par bien des tr ait s à la soci été impér ialis te où il est son espr it d'aventu re est toujo urs un peu celui de Robin­ son, lequel ne tran sfo rme pas par hasar d son ile déser te en colo­ nie, il tend irrés isti blement à l'un iversel, à l'ab solu, au tout des choses et de la pen sée; par là sans aucun doute il un iform ise et niv elle la littér atur e, mais d'un autre côté, il lui fournit des débouchés in épui sables puisqu'il n'y a rien dont il ne puis se traiter.

Genre révo­ lut ionnair e et bour geois, démocr atique par choix et animé d'un espr it tot alit aire qui le por te à briser entraves et frontièr es, le roman est libre, jusqu'à l'arbitr aire et au dernier degr é de l'anarchie.

Para­ dox alement, toutefois, cette liber té sans contre artie n'est ra ppe er eau coup ce e du car par une nécessité de sa aux des formes écrites et aux dépens des choses réelles dont il préte nd « rendr e » la vérité.

Et ce double par asitisme, loin qu'il restr eigne ses possibilit és d'acti on, semble acc roître ses forces et reculer encore ses limites.

La fortune histor ique du roman tient évidemment aux privilèges exorbitants que la litté rature et la réa lité lui ont concédés toutes deux avec la même générosité.

De la littérature, le roman fait rigou­ reu sement ce qu'i l veut : rien ne l'emp êche d'utiliser à ses propr es fins la descr iption, la narrati on, le drame, l'essai, le comme ntaire, le monologue, le discours ; ni d'être à son gré , tour à to ur ou simul ­ ta nément, fable, histoire, apologue, idylle, chronique, conte, épo­ pée ; aucune prescr iptio n, aucune pr ohibition ne vient le limiter dans le choix d'un sujet, d'un décor , d'un temps, d'un espace ; le seul interdit auquel il se soume tte en général, celui qui déter mine sa voca­ tion prosaïque, rien rte l'oblige à f'obser ver absolu ment, il peut s'il le juge à propos contenir des poèmes ou sim plement être« poét ique».

Quant au monde réel avec lequel il entr etient des relati ons plus étroites qu'aucune autre forme d'art, il lui est loisible de le pei ndr e fidèlement, de le déformer , d' en conser ver ou d'en fausser les pro­ por tions et les cou leur s, de le juger; il peut même prendr e la parole en son nom et préte ndr e changer la vie par la seule évocation qu'il en fait à l'intér ieur de son monde fictif.

S'il y tient, il est libre de se sentir responsable de son jugement ou de sa descripti on, mais rien 43. »

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