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Sappho À une aimée

Publié le 14/05/2014

Extrait du document

Sappho À une aimée 

 

A une aimée 

Il goûte le bonheur que connaissent les dieux 

Celui qui peut auprès de toi 

Se tenir et te regarder, 

Celui qui peut goûter la douceur de ta voix, 

 

Celui que peut toucher la magie de ton rire, 

Mais moi, ce rire, je le sais, 

il fait fondre mon coeur en moi. 

 

Ah ! moi, sais-tu, si je te vois, 

Fût-ce une seconde aussi brève, 

Tout à coup alors sur mes lèvres, 

Expire sans force ma joie. 

 

Ma langue est là comme brisée, 

Et soudain, au coeur de ma chair, 

Un feu invisible a glissé. 

Mes yeux ne voient plus rien de clair, 

A mon oreille un bruit a bourdonné. 

 

Je suis de sueur inondée, 

Tout mon corps se met à trembler, 

Je deviens plus verte que l'herbe, 

Et presque rien ne manque encore 

Pour me sentir comme une morte. 

 

On sait très peu de chose sur Sappho et, comme toutes les œuvres 

antiques, ses écrits nous sont parvenus très mutilés. Ainsi se sont forgées 

des légendes (par désespoir d’amour, elle se serait jetée du haut d’une 

falaise…) ou des visions simplistes et réductrices, même si elles ne sont 

pas fausses. Il est vrai que dans un monde où la femme vivait recluse 

dans le gynécée, la renommée extraordinaire de Sappho a très vite étonné 

et suscité la curiosité. Sans doute mariée, et mère d’une fille, peut-être 

aussi amante du poète Alcée, on lui connaît par ailleurs beaucoup 

d’amies, qui furent souvent ses élèves. Car Sappho était plus qu’une 

poétesse. À Lesbos, dans sa ville natale, elle dirigeait une école où les 

jeunes filles de bonne famille venaient apprendre la danse, la musique, la 

poésie, les bonnes manières. Cette école, qui n’était pas la seule, était une 

sorte de « conservatoire de musique ou de déclamation «, dans lesquelles

« professeurs et élèves vivaient dans une étroite intimité .

On a pu comparer ces écoles aux écoles de philosophie où maîtres et élèves vivaient en amitié parfaite (cf.

par exemple, le Jardin d’Épicure). On sait d’autre part qu’elle tenait une place de premier plan dans sa cité.

Engagée – elle ou sa famille – dans les luttes politiques de son temps, elle a même été exilée (vers 598 avant J. -C.) en Sicile. Analyse La poétesse (l’amoureuse) regarde de loin un homme assis face à une femme (l’être aimé).

Les deux amoureux sont très proches l’un de l’autre, sinon enlacés, du moins en train de converser et de rire.

Cette femme a déjà séduit le cœur de Sappho, c’est pourquoi elle jalouse le bonheur de cet homme qu’elle qualifie « d’égal aux dieux ». La puissance du désir, décl enché et ravivé ici par la jalousie, est décrite dans ses manifestations physiques.

L’âme est tout entière envahie par les sensations du corps et le trouble qu’elles procurent. La première notation est étonnante : le rire charmeur de cette femme a frappé Sa ppho « d’effroi ».

Le mot désigne la réaction de peur devant une sensation soudaine et envahissante. Puis c’est la parole qui devient impossible.

Effet de la fascination, qui bloque le cours normal des sens.

La gorge sèche, les picotements qui parcourent l a peau de tout le corps, le bourdonnement des oreilles, la sueur, le tremblement, la pâleur (« je suis plus verte que la prairie » ) disent plus qu’un émoi amoureux, une véritable paralysie physique qui ressemble à la mort (« et je semble presque mort e » ).

C’est la silhouette lointaine et le timbre du rire charmeur, entendu de loin, qui sont à l’origine de ces sensations.

La femme aimée n’est pas décrite, sa beauté n’est que supposée : ce qui compte, c’est l’intensité fulgurante d’ un mal physique déclenché par la jalousie plus peut -être que par l’amour. Dans l’extrait de la scène 5 de l’Acte II, Phèdre évoque devant Hippolyte son amour pour Thésée, du moins pour Thésée jeune, lorsqu’elle l’a connu.

On sait comment cette évocation glissera progressivement en un aveu de son amour pour Hippolyte lui -même, le fils de Thésée. Phèdre, tout en prétendant parler de Thésée, s’adresse à l’être qu’elle aime d’une passion dévorante, qu’elle appelle sa « folle ardeur » (v.

8) : la présence physique d’Hippolyte, sa beauté vont déclencher l’aveu criminel. Mais c’est dans la célèbre scène 3 de l’Acte I. »

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