Faut-il se détourner des plaisirs de la table ?

« Il ne faut pas se détourner des plaisirs de la table UM~• Les manifestations de Dieu sont à la fois corporelles et spirituelles.

Savoir s'alimenter et en tirer de subtils plaisirs est l'expression même d'une raison raffinée.

La jouissance est un don divin.

Dieu s'est fait chair S ans se référer aux dogmes chrétiens, Brillat-Savarin part du principe suivant: si le Créateur a vo ulu que l'homme ait un corps, c'est pour qu'il en fasse bon usage.

Si Dieu est créateur de toutes choses, il se manifeste partout.

Il n'est donc pas exté­ rieur au corps.

Autre­ ment dit, chaque plai­ sir corporel est une preuve de la bont é divine.

Le raffinement du goût est le propre de l'homme D e tous les animaux, l'homme est celui qui dispose des plus grandes aptitudes gus­ tatives .

Il est donc natu­ rellement porté à la gour­ mandise.

La go urman­ dise, souligne Brillat­ Savarin , n'est nullement la gloutonnerie, la vora- .SOUS quelque rapport qu'on envisage la gourmandise, elle ne mérite qu'éloge et encouragement.» Brillat-Savarin, Physiologie du goût cité.

Elle est bien plus une œuvre de la raison.

Savoir goûter , appré- der le subtil mélange des saveurs, c'est s'éle­ ver au-dessus de l'an i­ malité.

Les plaisirs de la table honorent la providence divine L a gastronomie est un mariage , tout spiri­ tuel, de la raison et des appétits corporels.

Grâce à elle, l'homme ne se comporte plus comme un animal.

En même temps, il ne méprise pas les dons de Dieu , comme l'on la fait tant de mys­ tiques ascètes.

Si Dieu a offert à l'homme les produits de la nature, c'est pour qu'il en fasse le meilleur usage.

Les plaisirs de la table n'ont rien de vil.

Au contraire, ils réunissent les hommes et sont une sorte de célébration religieuse.

Dieu a voulu que l' homme ait un corps et qu'il en tire des jouissances.. »