Devoir de Philosophie

Introduction à la méthodologie de la dissertation littéraire

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Ce petit livre n’est pas un recueil de dissertations toutes faites, destiné à venir ers aide aux candidats ignorants ou paresseux; il ne supplée ni au cours ni au manuel d’histoire de la littérature française; encore moins aurait-il la prétention de- remplacer l’étude directe des textes ou la réflexion personnelle, qu’il vise au contraire à stimuler et à diriger. C’est à la fois un aide-mémoire et une méthode. Aide-mémoire, il est un répertoire d'idées plutôt que de faits On sait combien variés peuvent être les sujets proposés aux jeunes élèves de première. On ne les invite pas seulement à s’ériger en juges de tous les chefs-d’œuvre de notre littérature, à rivaliser en petit avec les Sainte-Beuve, les Faguet et les Jules Lemaître, mais à apprécier les idées qu’ils rencontrent dans les auteurs, à les* discuter, à les expliquer ou à les réfuter, si bien qu’un jeune bachelier doit être à peu près capable de disserter de omni re scibili. Ils trouveront, résumées ici en formules claires et brèves, la plupart des notions auxquelles on a dû faire appel dans l’explication des siècles et des œuvres et qui leur ont permis de les bien comprendre; et quand, quelques jours ou quelques heures avant une composition ou un examen, ils ouaront rapidement se remettre en mémoire tant de connaissances acquises sur une période ou un auteur, ce vade mecum leur rappellera en quelques instants, classées et ordonnées, les idées les plus indispensables pour faire un bon devoir français. Mais surtout on verra ici une méthode. Nous voulons enseigner aux candidats deux choses : d’abord bien comprendre et « reconnaître » les devoirs qui leur sont demandés; ensuite mettre de l’ordre et de la suite dans leurs pensées, faire un plan. La diversité infinie des sujets, au moins quand il s’agit des hommes et des œuvres, est beaucoup plus apparente que réelle. Des données qui semblent, au premier abord, tout à fait différentes peuvent exiger des développements à peu près semblables. Combien de devoirs possibles, sous forme de questions posées, de citations ou de jugements de critiques à apprécier, sur la conception dramatique de Corneille ou de Racine, la morale de La Fontaine ou de Molière, la poésie romantique ou l’histoire au xix® siècle I Ce sont toujours, en somme, les mêmes idées qu’il s’agit de mettre en lumière, à l’aide d’exemples variés. Seule doit différer la manière de les présenter et de les ordonner. Sans doute, à côté des devoirs qui semblent de simples récitations par écrit et qu’un élève moyen peut traiter convenablement, s’il a seulement retenu quelques pages de manuel , il en est d’autres, et ce sont les meilleurs et les plus intéressants, qui supposent plus de réflexion personnelle et déjà une certaine maturité d'esprit; quelquefois le texte peut paraître comme une sorte de rébus à des penseurs novices. S’ils ont l’habitude d’en bien peser tous les termes, de chercher à bien discerner ce qu’on leur demande, ils ne tarderont pas à s’apercevoir que, même dans les devoirs prétendus difficiles, ils n’ont pas à mettre en œuvre d’autres idées que celles qu’un candidat au baccalauréat doit nécessairement posséder. L’expérience et l’étude de ce petit livre leur montreront, qu’un bon élève moyen ne doit être déconcerté par aucun sujet Bien comprendre, savoir « ce qu’il faut dire, s c’est être presque assuré de réussir. Cela ne suffit pas cependant : il est nécessaire, en outre, de savoir dans quel ordre il faut le dire. S il est vrai, comme le dit Buffon, que le style ne soit que « l’ordre et le mouvement que l’on met dans ses pensées, celui qui saura bien distinguer ses idées, les classer, les dis¬poser dans un ordre harmonieux et logique, saura faire une dissertation. Tous les plans que nous proposons ici sont construits sur le même modèle, le modèle classique, et comprennent trois parties : début, développement, conclusion. Le début doit être une véritable introduction et annoncer le sujet que l’on va traiter (se rappeler que le titre ne fait pas partie du devoir). Ne pas partir de trop loin ni se livrer à des considérations étrangères; être simple, court, direct; s'inter- dire tout développement ou toute amorce de développement qui devrait Être repris dans la suite. Si le devoir se présente sous forme d’interrogation, poser clairement la question; quand la solution n’est pas suggérée ou ne s'impose pas il vaut parfois mieux ne pas indiquer d’avance celle qu’on adoptera-, éviter surtout d’avoir l’air de décider, avant d’avoir apporté ses raisons. Si c’est une pensée à expliquer, on peut la rattacher à la philosophie générale de l’auteur ou au mouvement d’idées contemporain, ou simplement l’énoncer en termes différents qui montrent, dès l’abord, qu’on l’a bien comprise. Toute pensée et tout Jugement à confirmer ou à critiquer seront amenés sous forme de citation à la fin de l’introduction. Le corps du devoir comprendra deux ou trois parties bien distinctes, qui pourront, elles-mêmes, se subdiviser en idées secondaires, et celles-ci formeront autant de paragraphes et devront s’enchaîner logiquement. Il est préférable de commencer par ce qui parait moins importas!; et de mettre ensuite ce sur quoi on veut davantage attirer l’attention et qui doit donner l’impression dernière. Quelquefois le texte même du devoir indique le plan à suivre : il faut s’y tenir quand cela est passible, à condition de ne pas voir deux idées distinctes là où il n’y a parfois que répétition de la même idée sous deux formes différentes. Quand on se trouve en face d’un jugement à apprécier, il y aura souvent lieu de distinguer ce qu’il peut avoir de fondé et ce qu’il peut contenir do faux ou d’exagéré. On doit commencer habituellement par les réserves. Quand la pensée parai! manifestement fausse, il faut toujours l’expliquer avant de la réfuter et montrer ce qui a pu amener l’auteur à l’énoncer. Ne jamais le prendre de haut avec les auteurs ou les critiques : on ne pardonnerait pas à un élève de paraître leur faire la leçon ou d’affecter un ton supérieur ou doctoral. La modestie convient aux jeunes gens et la bienveillance,dans les appréciations, est une des formes de l’intelligence ou (la l’équité . On s’interdira les considérations et les raisonnements abstraits. Tout jugement devra être immédiatement confirmé par un ou des exemples. Que demande-t-on à un candidat au baccalauréat, sinon de prouver qu’il a pris contact avec les auteurs, qu’il les connaît bien, qu’il les a compris et goûtés et qu’il est capable d’écrire, sur un sujet donné, quelques pages sensées et bien conduites? Eviter les généralités et les digressions : tout ce qui ne concourt pas à démontrer ce qui est en question est de trop. Tout ce qui ne sert pas à éclairer directe¬ment le sujet doit être impitoyablement écarté; le développe¬ment doit être rectiligne, sans à-côtés et sans répétitions : une idée déjà expliquée ou énoncée ne doit jamais être reprise, le tout est de la bien mettre à sa place. La confusion est le couronnement du devoir; elle ne sera pas un simple résumé de ce qui a été dit, mais souvent une idée nouvelle, conséquence des développements précédents. Une citation termine bîen une dissertation, à condition qu’elle soit bien amenée et s’insère naturellement dans la trame du devoir Quelquefois il sera préférable de ne pas faire de conclusion spéciale : c’est quand l’idée expliquée dans le der¬nier paragraphe peut elle-même servir de conclusion et qu’on serait exposé, en voulant ajouter quelque chose, à répéter ce qui a déjà été suffisamment éclairci. La fin et le début seront particulièrement soignés. pensée appuyée sur des raisons plausibles, et qu’elle sache s'exprimer avec nuance et discrétion, ce qui n’exclut pas nécessairement la chaleur. 1. La méthode ne sera pas sensiblement différente, quand on aura à expliquer ou à comparer des textes. On ne se contentera pas de juxtaposer des remarques décousues ou des formules admiratives. On fera une dissertation suivie et ordonnée, destinée à montrer qu’on a bien compris le ou les passages proposés, et qu’on est capable d’en apprécier l’art et le style. Ce genre de devoirs ne diffère des autres qu’en ce que, les exemples étant imposés, on est tenu à plus de précision. Les limites du développement sont marquées par le mor¬ceau que l’on doit commenter. La pensée est comme guidée et sou¬tenue, elle ne doit se permettre aucun écart. Telle fable de La Fontaine permettra d’étudier le sentiment de la nature, une autre la peinture et la satire de telle classe de la société au xvii® siècle, une troisième la description des animaux chez notre grand fabuliste; toutes donneront occasion d’apprécier son art et sa science du rythme. Se trouve-t-on devant une page de Pascal, de Rousseau ou de Cha¬teaubriand, on tâchera de bien saisir l’idée qu’elle contient, on mon-trera comment elle entre dans le dessein de l’ouvrage d’où elle est tirée, enfin on essaiera de bien mettre en lumière les procédés de composition et de style. Les modèles que nous donnons dans notre recueil feront comprendre comment la méthode, tout en s’inspirant toujours des mêmes principes, doit rester souple et variée, suivant la nature des morceaux à commenter. Inutile d’ajouter«.que les plans ici proposés ne sont pas les seuls possibles, ni sans doute les meilleurs, sur un sujet donné. Ils sont encore moins des plans types ou, si on me permet l’expression, des plans « omnibus » pouvant servir à toute espèce de sujets, sur une même matière. Ils ne sont que l’application d’une méthode qui a fait ses preuves et qui, d’ailleurs, n’est pas nouvelle. Celle-ci suppose chez celui qui l’emploiera la connaissance de la langue et, sinon un style personnel, au moins la correction Mais tous les professeurs savent que les moins doués de nos élèves réussissent en général convenable¬ment leurs dissertations, quand ils ont des notions suffisantes et voient clair dans leur propre pensée. Un élève écrit mai quand il pense mal ou pas du tout. Il faut l’habituer à chercher non des mots et des phrases, mais des idées. J’espère que ce petit livre pourra l’y aider, en lui montrant que dans tout sujet « il y a toujours quelque chose à dire. •

« Il AVANT-PROPOS réelle.

Des données qui semblent, au premier abord, tout à fait différentes peuvent exiger des développements à peu prés semblables.

Combien de devoirs possibles, sous forme de ques- tions posées, de citations ou de jugements de critiques à appré- cier, sur la conception dramatique de Corneille ou de Racine, ta morale de La Fontaine ou de Molière, la poésie romautique ou l'histoire au xix 5 siècle I Ce sont toujours, en somme, les mêmes idées qu'il s'agit de mettre en lumière, àl'aide d'exemptes variés.

Seule doit différer la manière de les présenter et de les ordonner.

Sans doute, à côté des devoirs qui semblent de simples récitations par écrit et qu'un élève moyen peut traiter convenablement, s'il a seulement retenu quelques pages de manuel', il en est d'autres, et ce sont les meilleurs et les plus intéressants, qui supposent plus de réflexion personnelle et déjà une certaine maturité d esprit; quelquefois le texte peut paraître comme une sorte de rébus à des penseurs novices.

S'ils ont l'habitude d'en bien peser tous les termes, de chercher è bien discerner ce qu'on leur demande, ils ne tarderont pas à s'apercevoir que, même dans les devoirs prétendus difficiles, ils n'ont pas à mettre en oeuvre d'autres idées que celles qu'un candidat au baccalauréat doit nécessairement posséder.

L'expérience et l'étude de ce petit livre leur montreront qu'un bon élève moyen ne doit être déconcerté par aucun sujet.

Bien comprendre, savoir i ce qu'il faut dire, s c'est être presque assuré de réussir.

Cela ne suffitpas cependant : il est n5cessaire, en outre, de savoir dans quel ordre il faut le dire.

S'il est vrai, comme le dit Buffon, que le style ne soit que l'ordre et le mouvement que l'on met dans ses pensées, s celui qui saura bien distinguer ses idées, les classer, les dis- poser dans un ordre harmonieux et logique, saura faire une dissertation.

Tous les plans que nous proposons ici sont construits sur le même modèle, le modèle classique, et comprennent trois parties : début, développement, conclusion.

Le début doit être une véritable introduction et annoncer le sujet que l'on va traiter (se rappeler que le titre ne fait pas partie du devoir).

Ne pas partir de trop loin ni se livrer à des considérations étrangères; être simple, court, direct; s'inter- dire tout développement ou toute amorce de développement 1.

On ne trouvera guère de sujets de ce genre dans le présent recueil.

Pour cette catégorie de devoirs, on se reportera utilement à l'excellent précis de Plinval, pius riche, plus intéressant, plus suggestif que beaucoup de gros manuels (Hachette).. »

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