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Cours: THEORIE ET EXPERIENCE (5 de 7)

Publié le 22/02/2012

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theorie

C) LA THEORIE SE REDUIT A L’EXPERIENCE (le positivisme)

-        Alors que le réalisme cartésien se fonde sur une identité entre la nature et la raison, le courant positiviste estime qu’il n’existe dans la nature aucun ordre que celui qu’un être rationnel peut lui donner. Le positivisme prend ses racines dans l’empirisme du XVIII e siècle et dans la pensée d’Auguste Comte au XIX e siècle. Mais, alors que l’empirisme ne reconnaît, à l’origine de la connaissance, que la sensation, c’est-à-dire le résultat direct de l’expérience, le courant positiviste estime que le savant construit des modèles mathématiques qui s’efforcent d’inclure et de relier entre elles les données expérimentales.

-        Idée que les modèles finissent par se substituer à la réalité (Bernard d’Espagnat, dans A la recherche du réel, parle du « pythagorisme du positivisme « puisque, comme l’avait établi Pythagore au VI e siècle avant notre ère, les nombres et les rapports numériques constituent l’essence des choses). L’ambition de la science est alors limitée à une pure et simple description des phénomènes, à l’opposé de la métaphysique, qui s’intéresse à tout ce qui dépasse le domaine de l’expérience et ne peut, de ce fait, être objet de la connaissance scientifique (pour Kant, Dieu, l’âme, le monde) : « Toute question se rapportant au monde extérieur qui ne se fonde pas en quelque manière sur une expérience, une observation, est déclarée absurde et rejetée comme telle. C’est pourquoi le positivisme ne laisse aucune place à la métaphysique « (Max Planck).

-        L’observation est l’unique matériau à partir duquel la science est construite. Le monde est la somme de nos perceptions, de sorte que n’ont aucun sens les énoncés sur la réalité qui ne sont pas vérifiables : tous les phénomènes du monde extérieur dont nous ne pouvons pas nous-mêmes contrôler la manifestation ou la présence sont remis en question.

-        Si le monde est privé d’une existence autonome indépendante de l’observateur, la science ne consiste qu’à établir des relations entre les perceptions. Le positivisme montre l’impossibilité de séparer la réalité observée de l’observateur ou du système d’observation. Il s’en tient aux régularités observables : il n’y a de science que du vérifiable, de sorte que l’observation est l’unique fondement de la connaissance. Par observation, il faut entendre l’expérimentation, c’est-à-dire l’interrogation méthodique des phénomènes.

-        Heisenberg, en physique quantique, a établi que nous ne pouvons observer la nature en soi : si j’essaie de localiser un électron, il me faut l’éclairer, le bombarder de photons, ce qui dévie sa trajectoire et altère sa vitesse ; les perturbations qu’entraînent les opérations de mesure deviennent comparables aux quantités à mesurer. L’objet quantique n’a plus alors d’existence indépendante du sujet qui l’observe. Ainsi, selon le dispositif expérimental grâce auquel on observe les particules élémentaires dont est composée la matière (photons, protons, neutrons, électrons…), ces particules ressemblent à des corpuscules ou à des ondes.

-        Ce qui se passe dépend donc de notre manière de l’observer ou du fait que nous l’observons. Nous n’observons pas la nature en soi, mais la nature exposée à notre méthode d’investigation. Il est impossible de parler d ‘un phénomène tant que l’on s’abstient de décrire le dispositif expérimental utilisé pour étudier le phénomène. Prenons l’exemple de la propagation d’une particule dans l’espace : le phénomène est ici constitué par le dispositif émetteur, la particule, le milieu traversé, le dispositif récepteur. Il n’y a pas de réalité en dehors des phénomènes (absence de propriétés intrinsèques d’une particule) ; les choses sont en quelque sorte des inventions de l’homme.

Conclusion

-        Le réalisme, nous l’avons vu, maintient l’identité entre le réel et la science, et s’assigne comme finalité la connaissance des lois objectives du monde. Kant va montrer que le réalisme mène au dogmatisme qui consiste à affirmer que l’on détient des certitudes (la connaissance du réel) avant d’avoir fait la critique de la faculté de connaître et qui se fonde sur l’illusion que la science est toujours achevée. Le positivisme et l’empirisme semblent mener au scepticisme : toutes les connaissances sont relatives, provisoires ; la science n’a d’autre fonction que de relier entre eux quelques phénomènes épars. Kant va justement tenter de concilier et de dépasser le réalisme et l’empirisme, c’est-à-dire le dogmatisme et le scepticisme.

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