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Dans quelle mesure le langage est-il un moyen de domination ?

Publié le 31/01/2020

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B. Néanmoins, les mots, la grammaire et les tournures d'une langue contraignent les pensées de celui qui s'exprime à se couler dans des moules prédéfinis. Nietzsche montre même que les langues véhiculent des préjugés métaphysiques : nous croirions à l'existence de l'âme parce que les langues indo-européennes posent un sujet distinct du verbe et de ses compléments (Crépuscule des idoles). La langue penserait à notre place

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« RAPPEL DE COURS: POUVOIR DES MOTS Ce qui est un défaut du point de vue de l'exigence de vérité est unatout d'un autre point de vue : c'est par sa richesse, sa complexité,que le langage produit ses doubles sens et ses malentendus.

Nouspouvons jouer sur les mots, sous-entendre ce que nous ne voulonspas dire explicitement, etc.

Le langage a par ailleurs une forcesensible et émotionnelle : « les mots sont des pistolets chargés »disait le philosophe Brice Parain.

Un discours est en tout cas nonseulement une description du monde, mais un acte complexe, quiengage le locuteur et produit des effets sur ceux auxquels ils'adresse.

Ce sont ces « actes de discours » qu'étudie lapragmatique.Le langageCe mot fut introduit pour la première fois en 1938 par le philosopheaméricain Charles Morris.

La pragmatique est une approche dulangage qui considère celui-ci non seulement dans son organisationinterne (syntaxe) ou dans sa signification (sémantique), mais aussicomme un acte de communication aux effets divers et variés.

Celaremet en cause l'idéal d'une « langue bien faite » : du point de vuede la pragmatique, il n'existe pas de règles absolues de lasignification dont le langage scientifique serait le prototype.

AinsiWittgenstein compare-t-il le langage à une boîte à outil, faited'instruments multiples aux multiples fonctions.

Il n'existe pas unemanière correcte et d'autres incorrectes de les utiliser : tout dépenddes situations et de ce qu'on vise.

Tout énoncé est valable qui, dansle « jeu de langage » qui lui est propre, remplit sa fonction decommunication, même s'il ne signifie rien de défini (exemple : «attends-moi à peu près là »).

Certains discours, les publicités nous convainquent d'adopter leur point de vue et dictent nos comportementsbien plus sûrement que la violence physique.

Le langage est-il un moyen de domination plus qu'un instrument decommunication ? 1) Maîtriser les mots, soumettre les hommes. Pour les vainqueurs, imposer l'usage de leur propre langue a toujours été un moyen de domination.

Les langues des"indigènes" colonisés sont ramenées au rang de dialectes.

Plus largement, celui qui "sait parler" est capable d'exercerune véritable contrainte sur ses auditeurs.

Gorgias proclame que le langage, lorsqu'il est manié par les sophistes,possède une irrésistible puissance d'illusion.

son pouvoir de conviction et de séduction en fait l'instrument privilégiéde la domination politique. Puisqu'il a pour fonction essentielle l'expression de la pensée et la communication entre les hommes, il est clair quele langage joue un rôle éminent dans les phénomènes de pouvoir.

Il permet ou facilite l'action; il l'interdit ou lasanctionne; le droit se dit et s'écrit et ceux qui dirigent la Cité exercent leur fonction par l'intermédiaire du langage,tout comme ils sont attentifs à en capter les signes. Dans toutes les sociétés, les titulaires du pouvoir ont possédé la maîtrise du langage ou des langagespropres à orienter l'action d'autrui.

Ceux-là sont détenteurs de ce "maître-mot" que Kipling attribuait dans la jungle à l'enflant démuni mais qui finirait par s'emparer de la fleur rouge.

Prêtres et scribes, pontifes et rois, légisteset avocats, journalistes et hommes des médias connaissent tour à tour cette puissance.

L'agora d'Athènes était lelieu de disputes, de collusions oratoires.

De même, Dieu se manifeste par cet acte de langage: " Au commencement était le Verbe" disait déjà Saint-Jean. Dans les sociétés complexes, le langage est l'expression du pouvoir.

A tel point que le fait de nommer, dequalifier un Pouvoir, lui donne sa cohérence, sinon son existence: qui dit monarchie se met en mesure d'élaborer lesystème monarchique, formule la série des concepts qui se trouvent mis dans la langue. Toutes les institutions majeures ont pour rôle de tester et d'élaborer le langage du Pouvoir.

L'un desprivilèges les plus incontestables du milieu dirigeant est précisément de conserver la langue.

Le langage de la culturese confond avec celui de la classe dirigeante.

Les faits langagiers montrent la capacité "performative" des classes dirigeantes.

Et, le propre de ces dernières est d'éviter ou d'intégrer la "gheottisation" du langage: culture jeune (BD,musique, expressions "branchées"...).

Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à sontour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique etpolitique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsquela France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg.

De même, à la limite, on obtient le phénomène de. »

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