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De tout ce que je suis et ce que je possède, qu'est-ce qui est véritablement à moi ?

Publié le 14/10/2010

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La propriété a d'abord un sens purement juridique. M'appartient ce que l'on m'a vendu en vertu d'un contrat en bonne et due forme. Mais tout l'ensemble de ces biens que je possède, en ce sens que j'en suis le propriétaire légal, rien ne m'en garantit une possession durable. Je peux à tout moment en être dépouillé. Ma richesse est à la merci d'un revers de fortune. Et quoi qu'il arrive, tout bien matériel est forcément périssable, à plus ou moins longue échéance. Je finirai par en être dépossédé. Donc ces biens ne sont miens que de façon contingente, et non nécessaire. Quant à mon corps, il semble que l'on puisse lui appliquer la même réflexion. Il est mortel. Il peut subir une mutilation, rien ne m'assure de le conserver dans son intégrité, il est à la merci d'une violence ou d'une maladie. De plus, il est offert au pouvoir des autres qui peuvent l'entraver dans ses mouvements, par exemple l'enchaîner. L'esclave n'est pas maître de son corps. Mais, si mon corps n'est pas entièrement dépendant du pouvoir de ma volonté, en revanche, ma volonté, elle, semble m'appartenir, au même titre que toutes les facultés ou les dons de mon esprit. Personne ne peut contraindre ma pensée. 

« à l'abri du temps qu'il fait.

C'est à voir.

Montesquieu affirme que les différences de caractère des peuples sont àcomprendre à partir de l'étude des conditions géographiques, notamment climatiques.

Et il est clair que le climat aune action sur l'humeur: suicides et dépressions sont plus ou moins nombreux selon les saisons. Mes pensées elles-mêmes, qui semblaient être ce que j'ai de plus intime, ne sont donc pas dépendantes de mon seulvouloir.

A plus forte raison, mes désirs ou mes rêves, qui sont moins rationnels et qui expriment une part obscure demoi-même.

Faut-il en conclure que rien n'est à moi de façon certaine, puisque tous mes biens, y compris mes idées,dépendent du hasard et de l'action des autres?C'est plutôt que ma pensée ne m'appartient que dans la mesure où je fais un effort d'appropriation.

M'appartiennentles idées que j'ai faites miennes.

Une idée reçue, une idée toute faite, si je l'ai repensée, ainsi, je la fais mienne.

Sij'ai lu Descartes et que j'ai réeffectué de façon critique sa propre démarche pour finalement reconnaître qu'ellerésiste aux objections les plus fortes, je me la suis ainsi réappropriée.

Cela signifie cependant que rien n'est à moi defaçon définitive et incontestable.

Il n'est rien qui me soit donné une fois pour toutes.

Ma pensée ne m'appartientque dans la mesure où je poursuis cet effort d'appropriation.

Ce travail, qui est celui de la pensée, ne sera jamaisachevé.

Car si je cesse de penser mes opinions, je laisse la place libre aux préjugés.

Cette possession dépend doncd'un effort continu.

Il s'agit plutôt d'une appropriation que d'une possession, car elle consiste en un patientprocessus, et non un acquis définitif.

Ce travail doit consister en un effort de connaissance pour découvrir ce quej'ignore et qui pèse sur ma pensée à mon insu - par exemple des motifs inconscients qui ne pourront être mis à jourque par l'étude de soi.

Ainsi seulement je peux devenir maître de moi.

C'est seulement, par exemple, si j'aiconscience que le fait d'appartenir à tel milieu est susceptible de m'influencer à mon insu que je peux espérerrésister et me libérer de ce conditionnement.

Ce qui est réellement à moi, ce n'est donc pas ce que j'ai reçupassivement.

Mon hérédité, mon naturel, serait-on tenté de croire, cela est à moi parce que c'est inné, celam'accompagne de la naissance à la mort.

En réalité, est à moi ce qui a fait l'objet d'un effort d'appropriation.

Deplus, il n'est pas grand chose d'humain qui soit absolument inné et indépendant de la culture.

Même ce qui paraît leplus biologique, le plus instinctif, comme la sexualité, relève d'un apprentissage.

Ainsi l'érotisme, comme recherched'une satisfaction psychologique indépendante de cette fin naturelle qu'est la reproduction de l'espèce, ne seconfond pas avec le pur instinct sexuel.

Par conséquent, non seulement mon esprit, mais aussi mon corps peut fairel'objet d'un travail, qui sera sans doute toujours inachevé, de culture et d'appropriation.

Mon corps, s'il est un objetmatériel périssable, n'est tout de même pas identique aux choses, ne serait-ce que parce qu'il est mon corps.

Iln'est pas pour moi un simple organisme, mais une conscience incarnée.On pourra aussi justifier, par cette même idée de travail, la notion de propriété privée.

Aucune possession ne peutêtre éternelle.

Mais qu'est-ce qui, du moins, rend une propriété légitime? Ce qui justifie un droit sur une terre, cen'est pas d'avoir été le premier à l'occuper.

C'est le travail accompli.

Le paysan qui l'a rendue fertile grâce à sesefforts semble plus justifié à la tenir pour sienne que celui qui l'a simplement reçue en héritage. Conclusion Il est tentant de répondre rapidement que seule ma pensée m'appartient, alors que les biens matériels, au nombredesquels il faut compter le corps, ne me sont que prêtés.

Mais ma pensée elle-même ne peut être mienne que si jel'exerce afin de la libérer de ce qui, en elle, est impensé. Sujet désiré en échange : La conscience nous réduit-elle qu'à notre propre monde ?. »

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