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Fig. 72 Lanciers. Ensemble provenant d'Assiout. Bois. H = 1,93 m.

Publié le 06/01/2014

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Fig. 72 Lanciers. Ensemble provenant d'Assiout. Bois. H = 1,93 m. CGC 257 et 258. Détail. Béni Hassan, Meïr, El-Bercheh ou Qau el-Kébir ne connaissent pas de solution de continuité entre les deux. e mastaba réapparaîtra toutefois là où les rois auront repris la sépulture pyramidale, de façon à reproduire le odèle memphite adopté par les souverains par seul souci de légitimation. CHAPITRE VII Le Moyen Empire Les premiers temps de l'unité Montouhotep II prend la succession d'Antef III vers 2061. Quand il monte sur le trône, sous le nom de Séânkhibtaoui, « Celui qui vivifie le coeur des Deux Terres », son pouvoir s'étend de la Première Cataracte au 10e nome de Haute-Égypte, c'est-à-dire qu'il est encore limité au nord par celui des princes d'Assiout. Une paix armée s'est établie entre les deux royaumes ; elle est interrompue par la révolte du nome thinite, qui, durement prouvé par une nouvelle famine, bascule dans le clan hérakléopolitain. Moutouhotep prend Assiout, traversant ans coup férir le 15e nome. C'est la chute d'Hérakléopolis. roclamé définitivement roi des deux Égyptes sous le nom de Nebhépetrê, le Fils de Rê Montouhotep affirme on origine en adoptant comme nom d'Horus Netjérihedjet, « Divine est la couronne blanche ». Son autorité 'est cependant pas définitivement assise sur l'ensemble du pays, et la pacification dure plusieurs années. On découvre à cette occasion que l'oasis de Dakhla, dans le désert occidental, servait déjà de refuge aux pposants politiques. Montouhotep les y pourchasse. Il récompense la fidélité des princes de l'Oryx et du Lièvre n les laissant en place et maintient partout ailleurs en Haute-Égypte les féodalités locales, sauf à Assiout. Il coiffe tout le reste du pays par des contrôleurs thébains qui surveillent tout particulièrement Hérakléopolis, redevenue une province, et le nome d'Héliopolis. Il déplace la capitale à Thèbes, crée un poste de « gouverneur u Nord » et rétablit les anciens chanceliers, ainsi que la charge de vizir, dont on connaît les trois titulaires au cours de son règne : Dagi, Bebi et Ipy. L'ensemble de ces opérations dure vraisemblablement jusqu'en l'an 30 de son règne. La réunification est alors achevée, et il prend en l'an 39 un nouveau nom d'Horus : Sémataoui, « Celui qui a unifié les Deux Terres ». Unificateur, il est aussi un grand constructeur : il poursuit les travaux de restauration entrepris par Antef III à Éléphantine dans les temples d'Héqaib et de Satis. Il construit également à El-Ballas, Dendara, Elkab, dans le temple d'Hathor de Gebelein, où il fait représenter la soumission du Nord, et à Abydos, où il fait faire des adjonctions au temple d'Osiris. Il embellit les sanctuaires de Montou de Tôd et d'Ermant et se fait édifier dans le cirque de Deir el-Bahari un complexe funéraire dans un style dérivé de ceux de l'Ancien Empire. Dans le même temps, il renoue avec la politique extérieure de l'Ancien Empire en conduisant une expédition à l'ouest contre les Libyens Tjéméhou et Tjéhénou et, dans le Sinaï, contre les nomades Mentjiou. Il met ainsi les frontières du pays définitivement à l'abri d'un retour des Asiatiques qu'il poursuit jusque dans le Litani. Il tente de retrouver en Nubie la puissance qu'atteignait l'Égypte à la fin de la VIe dynastie, au moins pour l'exploitation des mines et l'entretien des pistes. La prise de Kourkour, en particulier, garantit les anciennes voies caravanières. Mais la Nubie reste indépendante malgré la reconquête de certaines zones comme Abou Ballas et les expéditions que conduit le chancelier Khéty, à qui il a confié l'ensemble des pays du Sud. On connaît deux de ces expéditions : la première en l'an 29 et la seconde en l'an 31, qui a mené les Égyptiens jusqu'au pays de Ouaouat. Le résultat est plutôt le contrôle que l'occupation réelle d'une partie de la Nubie, jusqu'aux environs de la Deuxième Cataracte. Montouhotep II meurt après cinquante et un ans de règne, vers 2010, laissant à son deuxième fils Montouhotep III Séankhtaouief, « Celui qui vivifie ses Deux Terres », un pays prospère et organisé. Montouhotep III est assez âgé lorsqu'il monte sur le trône, et il ne gouverne l'Égypte que pendant douze ans. Il continue de la mettre en valeur en poursuivant le programme de construction entrepris par son père : Abydos, Elkab, Ermant, Tôd, Éléphantine et, bien sûr, Thèbes-ouest où il consacre une chapelle à Thot et se construit à proximité de Deir el-Bahari un tombeau qu'il n'aura pas le temps d'achever. Il conforte également la position égyptienne dans le Delta oriental, prenant en cela la suite des souverains hérakléopolitains. Pour assurer la protection des frontières contre les incursions des « Asiatiques », il fait édifier des fortifications. Ce système de défense sera poursuivi tout au long du Moyen Empire, mais, pour les Égyptiens, il en reste l'initiateur avec Khéty III, comme en témoigne le culte qui leur est rendu à tous deux plus tard à Khatâna. Il renoue également avec une autre activité, dont la condition était la reprise en main préalable de la Basse-Nubie opérée par son père. Il envoie en l'an 8 une expédition de trois mille hommes conduite par Hénénou qui se rend de Coptos au Ouadi Gâsus, non sans avoir fait creuser en chemin douze puits pour ssurer le ravitaillement en eau des futures expéditions entre la Vallée et la mer Rouge. L'expédition 'embarque pour le pays de Pount, d'où elle rapporte, entre autres, de la gomme arabique. À son retour, on reprend l'extraction de pierres dans le Ouadi Hammamat. La chance a voulu que l'on découvre un témoignage particulièrement intéressant sur la fin de ce règne, en apparence si prospère : la correspondance d'un nommé Héqanakht, qui était prêtre funéraire du vizir Ipy à Thèbes. Retenu loin de son domaine, il adresse toute une série de lettres à sa famille, qui gère ses terres pendant qu'il n'est pas là. Ces documents ont été retrouvés, à Deir el-Bahari, dans la tombe d'un certain Méseh, lui-même lié à Ipy. Ils contiennent toutes sortes d'indications sur la répartition de ces propriétés, le fermage, les redevances, un inventaire des biens daté de l'an 8 de Montouhotep III, etc., -- autant de sources précieuses sur l'économie et le droit de l'époque. Mais Héqanakht évoque également des troubles et un commencement de famine qui aurait frappé la Thébaïde. À la mort de Montouhotep III, vers 1998/1997, en effet, la situation du pays est confuse. Le Canon de Turin place là « sept années vides », qui correspondent au règne de Montouhotep IV, dont le nom de couronnement Nebtaouirê, « Rê est le maître des Deux Terres », indique peut-être un infléchissement de la politique vers un retour aux valeurs de l'Ancien Empire. On sait par un graffito du Ouadi Hammamat (qui le nomme d'ailleurs simplement Nebtaoui), qu'il envoya en l'an 2 de son règne une expédition de mille hommes pour rapporter des sarcophages et rechercher de nouveaux puits dans le désert oriental, ainsi qu'un port plus favorable sur la mer Rouge : Mersa Gawasis, qui sera définitivement installé sous Amenemhat II comme point de départ des expéditions vers Pount. Amenemhat Ier Cette expédition est commandée par son vizir, Amenemhat. On considère généralement que celui-ci ne fait qu'un avec Amenemhat Ier qui lui succède. Une seule inscription associe sans équivoque les deux rois, de façon à laisser supposer une corégence qui est peut-être purement fictive (Murname : 1977, 227-228). De toute façon, Montouhotep IV est le dernier représentant de la famille des princes thébains, et Amenemhat Ier ouvre une nouvelle dynastie, comme le confirme le nom d'Horus qu'il choisit : ouhem-mesout, « Celui qui renouvelle les naissances », c'est-à-dire le premier d'une lignée. Malgré ce changement affirmé, il ne semble pas y avoir eu de solution de continuité dans le pouvoir. La transition se fait toutefois avec quelques heurts : il y a eu au moins deux autres prétendants au trône, un Antef et un nommé Ségerséni en Nubie, contre lequel Amenemhat a probablement eu à lutter dans les premières années de son règne. Les attaches avec la XIe dynastie ne sont malgré tout pas rompues : les fonctionnaires, comme les nouveaux souverains, continuent de s'en réclamer. Peut-être même cette succession n'avait-elle rien de choquant, dans la mesure où il n'est pas impossible que le mode successoral ait autant reposé sur le choix que sur le sang chez les princes thébains. Amenemhat confirme la nouvelle orientation idéologique prise par Montouhotep IV en adoptant comme nom de couronnement Séhétepibrê, « Celui qui apaise le coeur de Rê ». Son nom propre, Amenemhat, « Amon est en tête », annonce le programme politique qui conduira, à travers ce retour à la théologie héliopolitaine, à la forme syncrétique Amon-Rê, sur laquelle va se fonder le pouvoir des nouveaux pharaons. Lui-même n'est pas thébain, mais originaire de Haute-Egypte. Il est le fils d'un prêtre nommé Sésostris, « L'homme de la Grande Déesse », qui sera considéré à la XVIIIe dynastie comme le véritable fondateur de la XIIe dynastie, et d'une certaine Néfret, originaire d'Éléphantine. 1991-1785 XIIe DYNASTIE 1991 Amenemhat Ier 1962 Sésostris Ier 1928 Amenemhat II 1895 Sésostris II 1878 Sésostris III 1842 Amenemhat III 1797 Amenemhat IV 1790-1785 Néfrousobek Fig. 73 Tableau chronologique de la XIIe dynastie. Comme ses prédécesseurs de la Ve dynastie, le nouveau souverain a recours à la littérature pour faire circuler des preuves de sa légitimité. Il utilise la forme de la prophétie : un récit prémonitoire qui est placé dans la bouche d'un certain Néferti, un sage héliopolitain qui présente certaines ressemblances avec le Djédi du Papyrus Westcar. Comme lui, il est appelé à la cour par le roi Snéfrou, sous le règne duquel est censée se dérouler l'histoire. Le choix de Snéfrou ne procède pas des mêmes raisons dans les deux oeuvres : au début de la XIIe dynastie, le vieux roi est devenu, comme nous l'avons vu, le modèle de la royauté débonnaire dont on peut se réclamer. Néferti dresse un tableau sombre des derniers temps de la XIe dynastie, qui, curieusement, concerne surtout le Delta oriental et dont la conclusion annonce la venue d'Amenemhat évoqué sous le surnom d'Amény : « Héliopolis ne sera plus le berceau d'aucun dieu. Un roi viendra : il sera du Sud et s'appellera Amény. Ce sera le fils d'une femme du premier nome du Sud, un enfant de Haute-Égypte. Il recevra la couronne blanche et prendra la couronne rouge : il réunira les Deux Couronnes et apaisera les Deux Dieux avec ce qu'ils veulent. » (Néferti XIIe-XIIIe) Ainsi se trouve légitimée la passation de pouvoir entre Héliopolis, berceau de la monarchie de l'Ancien Empire, t Thèbes. Cette volonté de se concilier le Delta oriental recouvre probablement une certaine réalité : menemhat Ier a construit à Bubastis -- le lieu où Néferti exerçait son sacerdoce --, Khatâna et Tanis Posener : 1969,39). Mais même si l'administration accepte le changement, le nouveau roi doit entreprendre, eu après son accession au trône, une expédition vers Éléphantine. Il place à sa tête Chnoumhotep Ier, omarque de l'Oryx. Celui-ci remonte le Nil avec vingt navires et pousse peut-être jusqu'en Basse-Nubie où evaient se trouver des partisans de Ségerséni. Amenemhat Ier fait également une tournée d'inspection usqu'au Ouadi Toumilât, où il fait construire des fortifications, les « Murs du Prince ». Roi bâtisseur, il fait faire à arnak de grands travaux, dont il reste un naos en granit, qui a dû abriter une statue cultuelle, et des statues. eut-être est-ce lui qui fonde le temple de Mout, au sud de l'enceinte d'Amon-Rê ? On suit sa trace à Coptos, ans le temple de Min qu'il décore en partie, à Abydos, où il consacre un autel en granit à Osiris, Dendara où il ffre une porte, en granit aussi, à Hathor, et enfin, plus significatif encore, dans le temple de Ptah de Memphis. l se fait ériger une pyramide à Licht, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Memphis. urtout, il réorganise l'administration. En premier lieu, il transfère la capitale de Thèbes en Moyenne-Égypte en ondant une nouvelle ville à proximité de Licht qui lui servira de nécropole. Il la baptise Imenemhat-itjitaoui, C'est Amenemhat qui a conquis les Deux Terres » --, nom que les Égyptiens raccourciront en Itjitaoui. omme jadis Montouhotep II, il récompense les nomarques qui ont favorisé son ascension en les confirmant ans leurs charges, comme ceux de l'Oryx. D'un côté il renforce leur pouvoir en remettant en vigueur d'anciens itres, et d'un autre il le limite, soit en remplaçant carrément des gouverneurs en place -- à Éléphantine, ssiout, Cusae --, soit par de nouvelles mesures cadastrales. Chnoumhotep II de Béni Hassan nous apprend n effet qu'il fixe un nouveau découpage par villes à l'intérieur des nomes (Urk. VII 27,13). Il répartit également les territoires en fonction de la crue et rétablit la conscription militaire. L'an 20 de son règne constitue un tournant important : il associe au trône son fils aîné, Sésostris, inaugurant ainsi une pratique qui sera systématique pendant toute la XIIe dynastie. Cette association coïncide avec un renouveau de la politique extérieure: le dauphin joue le rôle du bras de son père, qui lui délègue le soin de l'armée, probablement dans l'intention de faire connaître son futur successeur aux nations étrangères auxquelles celui-ci devra s'imposer. Le procédé aura une grande importance à l'époque ramesside, lorsque l'Égypte luttera pour la suprématie sur le Proche-Orient. Pour l'heure, les efforts du roi se portent sur la Nubie. Une première campagne mène en l'an 23 les Égyptiens à Gerf Hussein et aux anciennes carrières de diorite de Toshka. Une seconde, en l'an 29, permet une pénétration encore plus profonde: jusqu'à Korosko, et même audelà, avec la fondation du fort-frontière de Semna sur la Deuxième Cataracte. Les Égyptiens sont aussi présents à Kerma, où l'on a trouvé une statue du nomarque d'Assiout, Hâpydjéfa -- même si cette découverte e prouve pas qu'Hâpydjéfa ait été le gouverneur de Kerma (Vercoutter: 1987, 158); bien au contraire: on peut supposer qu'elle y a été apportée plus tard, vraisemblablement sous le règne de Sésostris Ier. Du côté du Proche-Orient, le général Nysoumontou remporte en l'an 24 une victoire sur les Bédouins, qui assure la sécurité de l'exploitation des mines de turquoise de Sérabit el-Khadim dans le Sinaï, tandis que les relations iplomatiques reprennent avec Byblos et le monde égéen. Littérature et politique 'est au retour de Sésostris d'une campagne menée au-delà du Ouadi Natroun contre des opposants réfugiés hez les Libyens qu'éclate une crise: Amenemhat Ier est assassiné vers la mi-février 1962 à la suite d'une onspiration ourdie dans le harem. Sans doute la succession n'était-elle pas aussi assurée que le laissent croire es documents datés simultanément des deux souverains (Murname : 1977,2 sq.). Sésostris Ier monte certes ur le trône, mais l'affaire est suffisamment trouble pour que la littérature officielle s'en empare à travers rien oins que deux oeuvres qui, comme la Prophétie de Néferti deviendront au Nouvel Empire les classiques colaires les plus répandus de l'idéologie royale. e premier texte est un roman qui raconte les tribulations d'un fonctionnaire du harem nommé Sinouhé. Il faisait artie de la suite de Sésostris lorsque, au retour de la campagne de Libye, il entend par hasard l'annonce que 'on fait au jeune prince de l'assassinat de son père. Il prend peur. Est-ce d'avoir entendu ce qu'il n'aurait pas û? Est-ce pour une raison plus obscure? Il traverse le Delta vers l'est, franchit l'isthme de Suez et finit par rriver en Syrie. Là, un de ces Bédouins récemment soumis à l'Égypte l'accueille et l'adopte. Les années assent et, après de nombreuses péripéties, Sinouhé se retrouve chef de tribu, respecté et puissant. Mais la ostalgie le mine, et il demande sa grâce, que Sésostris lui accorde. Il revient au pays, retrouve les enfants oyaux et mourra parmi les siens. Ces aventures picaresques servent de toile de fond à l'expression du oyalisme d'un serviteur égaré qui rentre dans le droit chemin. Les deux temps forts du Conte de Sinouhé sont 'éloge qu'il fait auprès du prince syrien du nouveau roi et la réponse qu'il envoie au pharaon, après avoir reçu la ermission de rentrer: « Le serviteur du palais, Sinouhé, dit: " En paix donc! Il est excellent que cette fuite, qu'a faite dans son inconscience cet humble serviteur, soit bien comprise par ton ka, ô dieu parfait, maître du Double Pays, l'aimé de Rê, le favori de Montou, seigneur de Thèbes. Amon, seigneur des trônes du Double Pays, Sobek, Rê, Horus, Hathor, Atoum et son Ennéade, Soped, Néferbaou, Semsérou, l'Horus de l'Est, la Dame de Bouto -- qu'elle enserre ta tête! --, le Conseil qui est sur les eaux, Min-Horus qui habite dans les déserts, Ouréret, dame de Pount, Nout, Haroëris, et les autres dieux, seigneurs de l'Égypte et des îles de la Très Verte, puissent-ils donner la vie et la force à ta narine, puissent-ils te fournir de leurs largesses, puissent-ils te donner l'éternité sans fin et la durée sans limite! Puisse la crainte que tu inspires se répercuter par les plaines et les monts, tandis que tu auras subjugué tout ce que le disque du soleil entoure dans sa course! C'est la prière de cet humble serviteur pour son maître, maintenant qu'il est sauvé de l'Amenti. « Le maître de la connaissance, qui connaît ses sujets, il se rendait compte, dans le secret du palais, que cet humble serviteur avait peur de dire ces choses, et c'est en effet une grave affaire que d'en parler. Le grand dieu, image de Rê, rend prudent celui qui travaille pour lui-même. Cet humble serviteur est dans la main de quelqu'un qui prend soin de lui: oui, je suis placé sous ta direction. Ta Majesté est l'Horus qui conquiert, tes bras sont plus puissants que ceux de tous les autres pays (...). « Pour ce qui est de cette fuite qu'a fait cet humble serviteur, elle n'était pas préméditée, elle n'était pas dans mon coeur, je ne l'avais pas préparée. Je ne sais pas ce qui m'a éloigné de la place où j'étais. Ce fut comme une manière de rêve, comme quand un homme du Delta se voit à Éléphantine ou un homme des marais en Nubie. Je n'avais pas éprouvé de crainte, on ne m'avait pas persécuté, je n'avais pas ouï de parole injurieuse, mon nom n'avait pas été entendu dans la bouche du héraut. Malgré cela mes membres frémirent, mes jambes se mirent à fuir et mon coeur à me guider: le dieu qui avait ordonné cette fuite m'entraîna. Je ne suis pas non plus raide d'échine: il est modeste l'homme qui connaît son pays; car Rê a fait que ta crainte règne en Égypte et ta terreur en toute contrée étrangère. Que je sois donc à la cour ou que je sois en ce lieu, c'est toujours toi qui peux cacher cet horizon, car le soleil se lève à ton gré, l'eau dans les rivières, on la boit quand tu veux; l'air dans le ciel, on le respire quand tu le dis. (...) Que Ta Majesté agisse comme il lui plaira: on vit de l'air que tu donnes. Puissent Rê, Horus, Hathor aimer ta narine auguste dont Montou, seigneur de Thèbes, désire qu'elle vive éternellement ! " » (Lefebvre: 1976, 18-20.) Histoire morale d'un fonctionnaire repenti et pardonné parce qu'il a su rester loyal, le Conte de Sinouhé est l'une des oeuvres les plus populaires de la littérature égyptienne. Plusieurs centaines de copies nous en sont parvenues, à peu près autant que de l'Enseignement d'Amenemhat Ier, un texte sur le modèle de l'Enseignement pour Mérikarê, et dont le but est moins d'expliquer l'assassinat d'Amenemhat Ier que d'affirmer la légitimité de son successeur. Contrairement au Conte de Sinouhé, l'Enseignement n'est connu que par des versions dont la plus ancienne ne remonte pas plus haut que la première moitié de la XVIIIe dynastie: Senmout, l'homme de confiance de la reine Hatchepsout, en était, entre autres, un grand lecteur. Cela n'exclut pas, bien entendu, la possibilité que cette oeuvre ait été composée au cours du règne de Sésostris Ier à des fins de justification. Mais la façon dont les faits sont relatés, l'insistance sur la corégence et les principes de gouvernement donnent une valeur d'archétype à ce texte, qui expliquerait que sa diffusion soit surtout attestée à partir de Thoutmosis III. Avant de raconter sa propre mort, le roi donne, comme jadis Khéty III, de sages conseils à son successeur: « Garde tes distances envers les subordonnés, qui ne sont rien et aux intentions desquels on ne prête pas attention! Ne te mêle pas à eux quand tu es seul, ne fais confiance à aucun frère, ne connais aucun ami. Ne te fais pas de client: cela ne sert à rien. Lorsque tu te reposes, garde-toi toi-même, car l'on n'a pas d'ami le jour du malheur! J'ai donné au pauvre et élevé l'orphelin, j'ai fait parvenir celui qui n'avait rien comme celui qui avait du bien, et celui qui mangeait ma nourriture, voilà qu'il complote! Celui à qui j'ai tendu la main, voilà qu'il en profite pour fomenter des troubles! Ceux que vêt mon lin fin, voilà qu'ils me regardent comme un paillasson! Ceux que oint ma myrrhe, voilà qu'ils me crachent dessus! Les images vivantes qui m'ont été attribuées -- les hommes -- ils ont ourdi contre moi un complot inouï et un grand combat, comme on n'en a jamais vu! » (Enseignement d'Amenemhat Ier IIa-Vc.) Le thème de l'ingratitude humaine n'est pas ici un souvenir de la Première Période Intermédiaire, mais plutôt un appel de la révolte des hommes (« les images vivantes qui m'ont été attribuées ») contre leur Créateur. Le roi, insi assimilé à Rê, transmet son pouvoir à son successeur, comme le démiurge le fit jadis lorsqu'il se retira ans le ciel, dégoûté à jamais de ses créatures. « Tu vois, l'assassinat a été perpétré alors que j'étais sans toi, avant que la cour ait appris ton investiture, avant que nous ayons siégé ensemble sur le trône. Ah! Si je pouvais encore arranger tes affaires! Mais je n'avais rien préparé: je ne m'attendais pas à cela. Je ne pouvais pas supposer un tel manquement de mes serviteurs. Est-ce aux femmes de mener des combats? Doit-on introduire la révolte au Palais? » (Enseignement d'Amenemhat Ier VIIIa-IXb.) Le texte est on ne peut plus clair et amène à douter d'une corégence éventuelle des deux rois (Helck, GM 67

« CHAPITRE VII Le Moyen Empire Les premiers tempsdel'unité Montouhotep IIprend lasuccession d'AntefIIIvers 2061.

Quand ilmonte surletrône, souslenom de Séânkhibtaoui, «Celui quivivifie lecœur desDeux Terres »,son pouvoir s'étenddelaPremière Cataracte au 10 e nome deHaute-Égypte, c'est-à-direqu'ilestencore limitéaunord parcelui desprinces d'Assiout.

Unepaix armée s'estétablie entrelesdeux royaumes ;elle estinterrompue parlarévolte dunome thinite, qui,durement éprouvé parune nouvelle famine,bascule dansleclan hérakléopolitain.

MoutouhotepprendAssiout, traversant sans coup férirle15 e nome.

C'estlachute d'Hérakléopolis. Proclamé définitivement roides deux Égyptes souslenom deNebhépetrê, leFils deRê Montouhotep affirme son origine enadoptant commenomd'Horus Netjérihedjet, «Divine estlacouronne blanche».Son autorité n'est cependant pasdéfinitivement assisesurl'ensemble dupays, etlapacification dureplusieurs années.On découvre àcette occasion quel'oasis deDakhla, dansledésert occidental, servaitdéjàderefuge aux opposants politiques.Montouhotep lesypourchasse.

Ilrécompense lafidélité desprinces del'Oryx etdu Lièvre en les laissant enplace etmaintient partoutailleurs enHaute-Égypte lesféodalités locales,saufàAssiout.

Il coiffe toutlereste dupays pardes contrôleurs thébainsquisurveillent toutparticulièrement Hérakléopolis, redevenue uneprovince, etlenome d'Héliopolis.

Ildéplace lacapitale àThèbes, créeunposte de«gouverneur du Nord »et rétablit lesanciens chanceliers, ainsiquelacharge devizir, dontonconnaît lestrois titulaires au cours deson règne :Dagi, BebietIpy.

L'ensemble deces opérations durevraisemblablement jusqu'enl'an30 de son règne.

Laréunification estalors achevée, etilprend enl'an 39unnouveau nomd'Horus :Sémataoui, « Celui quiaunifié lesDeux Terres ».Unificateur, ilest aussi ungrand constructeur :il poursuit lestravaux de restauration entreprisparAntef IIIàÉléphantine danslestemples d'Héqaib etde Satis.

Ilconstruit également à El-Ballas, Dendara,Elkab,dansletemple d'Hathor deGebelein, oùilfait représenter lasoumission duNord, et à Abydos, oùilfait faire desadjonctions autemple d'Osiris.

Ilembellit lessanctuaires deMontou deTôd et d'Ermant etse fait édifier danslecirque deDeir el-Bahari uncomplexe funérairedansunstyle dérivé deceux de l'Ancien Empire. Dans lemême temps, ilrenoue aveclapolitique extérieure del'Ancien Empireenconduisant uneexpédition à l'ouest contrelesLibyens Tjéméhou etTjéhénou et,dans leSinaï, contre lesnomades Mentjiou.Ilmet ainsi les frontières dupays définitivement àl'abri d'unretour desAsiatiques qu'ilpoursuit jusquedansleLitani.

Iltente de retrouver enNubie lapuissance qu'atteignait l'Égypteàla fin de laVIe dynastie, aumoins pourl'exploitation des mines etl'entretien despistes.

Laprise deKourkour, enparticulier, garantitlesanciennes voies caravanières.

MaislaNubie resteindépendante malgrélareconquête decertaines zonescomme AbouBallas et les expéditions queconduit lechancelier Khéty,àqui ila confié l'ensemble despays duSud.

Onconnaît deux deces expéditions :la première enl'an 29etlaseconde enl'an 31,quiamené lesÉgyptiens jusqu'au pays deOuaouat.

Lerésultat estplutôt lecontrôle quel'occupation réelled'unepartie delaNubie, jusqu'aux environs delaDeuxième Cataracte. Montouhotep IImeurt aprèscinquante etun ans derègne, vers2010, laissant àson deuxième filsMontouhotep III Séankhtaouief, «Celui quivivifie sesDeux Terres »,un pays prospère etorganisé.

Montouhotep IIIest assez âgélorsqu'il montesurletrône, etilne gouverne l'Égyptequependant douzeans.Ilcontinue dela mettre envaleur enpoursuivant leprogramme deconstruction entreprisparson père :Abydos, Elkab,Ermant, Tôd, Éléphantine et,bien sûr,Thèbes-ouest oùilconsacre unechapelle àThot etse construit àproximité de Deir el-Bahari untombeau qu'iln'aura pasletemps d'achever. Il conforte également laposition égyptienne dansleDelta oriental, prenantencela lasuite dessouverains hérakléopolitains.

Pourassurer laprotection desfrontières contrelesincursions des«Asiatiques »,ilfait édifier des fortifications.

Cesystème dedéfense serapoursuivi toutaulong duMoyen Empire, mais,pourles Égyptiens, ilen reste l'initiateur avecKhéty III,comme entémoigne leculte quileur estrendu àtous deux plus tard àKhatâna.

Ilrenoue également avecuneautre activité, dontlacondition étaitlareprise enmain préalable de laBasse-Nubie opéréeparson père.

Ilenvoie enl'an 8une expédition detrois mille hommes conduitepar Hénénou quiserend deCoptos auOuadi Gâsus, nonsans avoir faitcreuser enchemin douzepuitspour assurer leravitaillement eneau desfutures expéditions entrelaVallée etlamer Rouge.

L'expédition s'embarque pourlepays dePount, d'oùellerapporte, entreautres, delagomme arabique.

Àson retour, on reprend l'extraction depierres dansleOuadi Hammamat. La chance avoulu quel'ondécouvre untémoignage particulièrement intéressantsurlafin de cerègne, en apparence siprospère :la correspondance d'unnommé Héqanakht, quiétait prêtre funéraire duvizir Ipyà Thèbes.

Retenuloindeson domaine, iladresse touteunesérie delettres àsa famille, quigère sesterres pendant qu'iln'est paslà.Ces documents ontétéretrouvés, àDeir el-Bahari, danslatombe d'uncertain Méseh, lui-même liéàIpy.

Ilscontiennent toutessortesd'indications surlarépartition deces propriétés, lefermage, les redevances, uninventaire desbiens datédel'an 8de Montouhotep III,etc., —autant desources précieuses sur l'économie etledroit del'époque.

MaisHéqanakht évoqueégalement destroubles etun commencement de. »

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