Devoir de Philosophie

La raison et le sensible

Publié le 03/02/2018

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Philosopher, c’est avant tout savoir questionner, construire un raisonnement, et penser par soi-même… Par une approche originale, L’Apprenti Philosophe vous initie à cette démarche à travers les grands thèmes du programme. Voici donc, pour s’interroger sur la raison et le sensible : G Des dialogues entre un « maître » et un « apprenti philosophe », qui dégagent les problématiques essentielles et les erreurs à éviter. G Des citations, un résumé, et les définitions des notions à connaître, après chaque dialogue. G Dans une seconde partie, des textes d’auteurs, associés aux différentes problématiques, pour approfondir la réflexion. Titres déjà parus : G La conscience, l’inconscient et le sujetl G L’art et le beau G La raison et le sensible G Liberté et déterminisme ISBN 2 09 184169-2 La Raison et le Sensible En prolongement du cours, ou pour préparer un devoir : L’Apprenti Philosophe, un outil original pour apprendre à penser par soi-même et réussir en philosophie ! Collection dirigée par Oscar Brenifier La Raison et le Sensible Oscar Brenifier Docteur en Philosophie et formateur (ateliers de philosophie et philosophie pour enfants) Joël Coclès Professeur certifié de Philosophie en Terminale Isabelle Millon Documentaliste Avant-propos Notre choix : la pratique philosophique Nous remercions Emmanuel Gross pour son aide précieuse, ainsi que Gilles Clamens, Paul Clavier et Christian Godin, pour leur contribution à cet ouvrage. Ce guide d’initiation au philosopher s’adresse plus particulièrement aux élèves de Terminale. Son choix est d’être avant tout une pratique philosophique, c’est-à-dire un exercice de questionnement, une construction visible de la pensée. Il part du principe que philosopher est un acte on ne peut plus naturel, même si de nombreux obstacles entravent ce processus – des habitudes déjà bien ancrées, induisant une certaine complaisance, qui nous font prendre pour acquises et certaines des opinions glanées ici ou là : à la télévision, à la maison, voire dans un cours. Pensées toutes faites qu’il ne vous viendrait plus à l’idée d’interroger, ne serait-ce qu’un bref instant. Nous proposons donc un dialogue, échange entre Victor et son amie philosophe, dialogue censé être celui de l’élève avec lui-même. C’est l’outil avec lequel, en même temps que Victor, vous pourrez vous entraîner à philosopher. Victor doit apprendre à s’interroger, pour penser par lui-même ; il doit installer en sa propre démarche le réflexe de mise à l’épreuve des idées, et à partir de ses propres idées, apprendre à formuler des questions, à profiter de ses intuitions mais aussi de ses erreurs. Ses tâtonnements et ses erreurs l’amèneront à comprendre ce qui constitue la démarche philosophique. Responsabilité éditoriale : Christine Jocz Édition : Christine Courme-Thubert Correction : Jean Pencréac’h Conception graphique : Marc et Yvette Coordination artistique : Thierry Méléard Fabrication : Jacque Lannoy Photocomposition : CGI Des commentaires insérés dans les dialogues explicitent les problèmes typiques de l’apprentissage de la pensée philosophique et mettent en valeur diverses solutions apportées. Des citations d’auteurs soutiennent ou contredisent les propos énoncés. Un certain nombre de grandes questions sur le thème à traiter – les problématiques –, recensées en marge au fil du dialogue, vous aideront à travailler les idées. Une sélection de textes classiques, dont chacun est suivi de trois questions de compréhension, vous permettra de préciser et d’approfondir la réflexion. Notre objectif est bien que l’apprenti s’entraîne à élaborer une pensée philosophique, en se confrontant à lui-même et aux autres. © Nathan/VUEF 2001 - ISBN 2.09.184169-2 , mode d’emploi L’Apprenti Philosophe comprend deux grandes parties, Dialogues et Textes, qui constituent deux modes d’entrée possibles dans l’ouvrage. Les Listes finales offrent une troisième possibilité. Les dialogues Les textes d’auteurs Ils vous aideront à élaborer et à reconnaître les problématiques. Chaque texte répond à une problématique surgie dans les dialogues. P a r t i e 2 / Te x t e s Dialogue 8 / Raison et jugement ® Identification d’une erreur méthodologique Identification du traitement réussi d’un obstacle (résolution). Illusion de synthèse Problématique 23 : ® La raison peut-elle être inconsciente ? (texte p. 112) Perte de l’unité Problématique surgie à cette étape du dialogue, avec renvoi à un texte de la Partie 2. Problématique 6 : Suffit-il de percevoir pour savoir ? Problématique 13 Idée réductrice d 23 La raison peut-elle être inconsciente ? ® Nietzsche V ICTO R – J’ai l’impression de ne pas avoir abouti lors de notre dernier dialogue. H ÉLOÏSE – De quelle manière ? V ICTO R – D’un côté la raison, de l’autre l’expérience sensible. Il me semble pourtant que l’un ne va pas sans l’autre. Aniprat is ali Zarathoustra (1883-1885), « Des contempteurs du corps » t a . , rd H. Albert r v s e , éié prJ Lcse a . aot, « Bouquins » , © RobertLff n , a ot 1993, pp. 308-309. Problématique concernée. Placer côte à côte deux éléments différents en les déclarant indissociables ne suffit pas. Il faudrait articuler la nécessité du lien entre eux. H ÉLOÏSE – L’intention est très sympathique, mais comment les réunir ? V ICTO R – Je ne sais pas, mais on a besoin des deux. H ÉLOÏSE – Analysons le problème. V ICTO R – Je crois que la raison, ce n’est pas seulement pour la géométrie. C’est aussi pour le quotidien. On raisonne pour comprendre la réalité. H ÉLOÏSE – Dans quel but ? V ICTO R – Dans aucun but, je crois que l’être humain est fait ainsi. Même s’il ne s’en rend pas compte, même s’il ne le veut pas. ¨ CITATION 1 Renvoi à l’une des citations énoncées à la fin du dialogue. Elles confirment ou contredisent ce qui est exprimé. La proposition précédente « On raisonne pour comprendre la réalité » a été oubliée et abandonnée alors qu’il s’agissait de la développer. D’où la contradiction avec la réponse « aucun but ». H ÉLOÏSE – Alors pourquoi affirmes-tu : « On raisonne pour comprendre la réalité » ? V ICTO R – J’ai été trop rapide, tu as raison. En fait je veux dire que la raison, c’est comme les sens. On raisonne et on perçoit les choses, naturellement, et ça nous sert à connaître la réalité. On a besoin des deux pour connaître. ¨ CITATIONS 2 ET 3 H ÉLOÏSE – Donc c’est uniquement pour connaître ? V ICTO R – Je ne vois rien d’autre. Trois questions apprennent à identifier et à préciser les concepts de l’auteur. Les réponses figurent en fin d’ouvrage. La connaissance comme but exclusif de la raison et des sens est une perspective qui limite ces facultés, comme nous le verrons plus loin. H ÉLOÏSE – Tu dois être une encyclopédie vivante ! V ICTO R – Pourquoi te moques-tu de moi ? ® C’est aux contempteurs du corps que je veux dire leur fait. Ils ne doivent pas changer de doctrine et d’enseignement, mais seulement dire adieu à leur propre corps – et ainsi devenir muets. « Je suis corps et âme » – ainsi parle l’enfant. Et pourquoi ne parlerait-on pas comme les enfants ? Mais celui qui est éveillé et conscient dit : Je suis corps tout entier et rien autre chose ; l’âme n’est qu’un mot pour une parcelle du corps. Le corps est une grande raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix, un troupeau et un berger. Instrument de ton corps, telle est aussi ta petite raison que tu appelles « esprit », mon frère, petit instrument et petit jouet de ta grande raison. Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c’est – ce à quoi tu ne veux pas croire – ton corps et sa grande raison : il ne dit pas moi, mais il est moi. Ce que les sens éprouvent, ce que reconnaît l’esprit, n’a jamais de fin en soi. Mais les sens et l’esprit voudraient te convaincre qu’ils sont la fin de toute chose : tellement ils sont vains. Les sens et l’esprit ne sont qu’instruments et jouets : derrière eux se trouve encore le soi. Le soi, lui aussi, cherche avec les yeux des sens et il écoute avec les oreilles de l’esprit. Toujours le soi écoute et cherche : il compare, soumet, conquiert et détruit. Il règne, et domine aussi le moi. Derrière tes sentiments et tes pensées, mon frère, se tient un maître plus puissant, un sage inconnu – il s’appelle soi. Il habite ton corps, il est ton corps. Il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse. Et qui donc sait pour quoi ton corps a précisément besoin de ta meilleure sagesse ? ® Remarques méthodologiques Problématique ® 8 Raison et jugement Texte classique proposant une réflexion en laison avec la problématique. Avez-vous compris l’essentiel ? 1 La raison dépend-elle du moi, de la conscience ? 2 Qe etl picpl e erd litliec ? u l s a r n i a e rr u e ’ n e l g n e 3 Le langage, les mots sont-ils de bons guides pour raisonner ? 112 1 81 À la fin de chaque dialogue : Un ensemble de citations L’essentiel du dialogue L Les échos des philosophes ¨ LES En résumé… NUMÉROS DES CITATIONS RENVOIENT AU DIALOGUE. 1- « Toujours et partout, en quelque temps ou lieu qu’il s’exerce, l’entendement cherche aussitôt lui-même, de tous côtés, la raison pour laquelle ce qu’il rencontre est tel qu’il est. » H E I D E G G E R, Le Principe de raison, 1957. 2- « Une intelligence d’homme doit s’exercer selon ce que l’on appelle Idée, en allant d’une multiplicité de sensations vers une unité, dont l’assemblage est acte de réflexion. » P L AT O N , Phèdre, IVe s. av. J.-C. La fonction de la raison ne se limite pas à son pouvoir de connaissance, elle a aussi un usage pratique, c’est-à-dire qu’elle énonce également des règles de conduite, valables pour l’action. On l’oppose à la sensibilité, mais cette dernière nous fournit aussi des éléments utilisables pour régir nos comportements. Des jugem Les définitions des notions apparues dans le dialogue 3- « C’est donc en vain que nous prétendrons déterminer un s événement ou co l Les notions-outils Les pensées de plusieurs auteurs feront écho aux vôtres, sous des formes plus accomplies. Jugement : Opération volontaire de la pensée posant, de façon affirmative ou négative, des relations entre des termes donnés. Le jugement peut être d’ordre moral, esthétique, intellectuel 89 Les listes finales Elles vous permettront de circuler dans l’ouvrage pour réfléchir à une problématique, préciser un concept ou acquérir un point de méthode. Liste des problématiques Liste des remarques méthodologiques Pour chaque problématique, un renvoi aux différents dialogues où cette problématique apparaît et au texte d’auteur où elle est abordée. Cette liste permet en outre d’avoir une vision globale des problématiques liées au thème. Elle recense et définit toutes les erreurs (obstacles) du dialogue et les solutions (résolutions) suggérées, exemples à l’appui. Index des notions-outils Il renvoie aux dialogues où elles sont définies. Sommaire Avant-propos Mode d'emploi Sommaire Partie 2 : Textes Schopenhauer - problématique 1 : La raison se résume-t-elle à des arguments ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Partie 1 : Dialogues Dialogue 1 : Avoir raison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 à 17 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Dialogue 2 : La raison à l'épreuve des sens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 à 27 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Dialogue 3 : La raison facteur de liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31 à 37 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Dialogue 4 : L'autonomie de la raison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42 à 49 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Dialogue 5 : Raison et passion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .52 à 57 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Dialogue 6 : Universel et relatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61 à 67 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Dialogue 7 : Théorie et pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71 à 77 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Dialogue 8 : Raison et jugement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81 à 87 Les échos des philosophes : citations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Les notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 92 Pascal - problématique 2 : La raison peut-elle faire l'économie de la croyance ? . . . . . . . . . . . . . 93 Malebranche - problématique 3 : La raison est-elle universelle ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Descartes - problématique 4 : L'argument d'autorité est-il conforme à la raison ? . . . . . . . . . . . . . . . 95 Bergson - problématique 5 : La morale est-elle un produit de la raison ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 Spinoza - problématique 7 : La raison oppose-t-elle les hommes plus que les sens ? . . . . . . . . . . . 97 Montaigne - problématique 8 : Peut-on se fier à la raison ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Kant - problématique 9 : La raison est-elle réductible à la logique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Marx et Engels - problématique 10 : Le réel se réduit-il à ce que l'on perçoit ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Hume - problématique 11 : Doit-on opposer raison et sensible ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Rousseau - problématique 12 : La raison est-elle insensible ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Hegel - problématique 14 : La raison est-elle une construction de l'esprit ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Pascal - problématique 15 : L'imagination est-elle incompatible avec la raison ? . . . . . . . . . . . . . . 103 Descartes - problématique 16 : Percevoir, est-ce seulement recevoir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Locke - problématique 17 : Sommes-nous prisonniers de nos sens ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Alain - problématique 18 : La raison modifie-t-elle la perception sensorielle ? . . . . . . . . . . . . . . . 107 Sommaire Bergson - problématique 19 : Est-il raisonnable de faire confiance à ses intuitions ? . . . . . . . . . . . . 108 Leibniz - problématique 20 : La raison provient-elle de l'expérience sensible ? . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Spinoza - problématique 21 : Le sensible est-il une qualité des choses ou du corps ? . . . . . . . . . . . 110 Kant - problématique 22 : La raison est-elle facteur de liberté ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Nietzsche - problématique 23 : La raison peut-elle être inconsciente ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Épictète - problématique 24 : Faut-il opposer raisonner et agir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Platon - problématique 25 : La saisie du beau peut-elle se passer de la raison ? . . . . . . . . . . . . . . 114 Listes finales Liste des problématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Liste des remarques méthodologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Index des notions-outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Réponses aux questions sur les textes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Partie 1 Dialogues Victor : un élève de Terminale. Héloïse : une amie philosophe. Ils s’interrogent sur la raison et le sensible. Partie 1 / Dialogues 1 Dialogue 1 / Avoir raison Avoir raison VICTOR – Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Précipitation VICTOR – Je crois bien que c’est moi qui ai raison. HÉLOÏSE – Tu aimes bien avoir raison ? VICTOR – Évidemment. Comme tout le monde ! Alibi du nombre HÉLOÏSE – Pourtant, tu étais convaincu ? Perte de l’unité Emportement émotionnel Alléguer gratuitement la fréquence du phénomène ne constitue ni une démonstration, ni une explication. HÉLOÏSE – Qu’est-ce que cela prouve ? VICTOR – Ça prouve bien que je suis ouvert, que je ne suis pas buté. HÉLOÏSE – Pourquoi donc ? VICTOR – Si j’ai le dernier mot, cela prouve bien que je sais de quoi je parle. Glissement de sens HÉLOÏSE – Pourtant, tout à l’heure, tu disais avoir raison. VICTOR – En effet. « Avoir le dernier mot » signifie « l’emporter dans une discussion », ce qui n’implique pas nécessairement de « savoir de quoi l’on parle ». On ne peut pas remplacer une expression par une autre, de sens différent, comme si de rien n’était. HÉLOÏSE – Avais-tu raison ? VICTOR – Oui, mais alors on n’en sort plus. HÉLOÏSE – C’est-à-dire ? HÉLOÏSE – Comment cela ? V ICTOR – Si j’ai raison et que tu as tort, cela nous montre que je sais et que tu ne sais pas. HÉLOÏSE – Même si je ne suis pas d’accord avec toi ? VICTOR – Ceux qui ont tort ont en général beaucoup de mal à l’accepter. Précipitation Emportement émotionnel On répond trop immédiatement, au coup par coup, sans se rappeler l’ensemble de la discussion, sans tenter de suivre le fil général du discours. D’où une confusion entre les conséquences objectives du désaccord, et les motivations du désaccord. Dans un souci d’avoir raison coûte que coûte, l’objection formulée n’est pas entendue. La réponse ignore la question. Problématique 1 : La raison se résumet-elle à des arguments ? (texte p. 92) Problématique 2 Introduction d’un concept opératoire Concept indifférencié Les réponses viennent trop vite, sans prendre le temps de réfléchir et d’analyser les enjeux de la discussion. L’implication personnelle rend les réponses trop immédiates. HÉLOÏSE – As-tu déjà affirmé une opinion sur laquelle tu es revenu par la suite ? VICTOR – Bien sûr ! 10 VICTOR – Je crois qu’on a raison si on a de bonnes raisons pour dire les choses. Car on argumente parfois avec de mauvaises raisons. On croit alors avoir raison, simplement parce que l’on argumente, mais ce que l’on dit peut n’avoir aucun intérêt ou aucun sens. ¨ CITATION 1 La nouvelle acception du terme « raison », dans « bonnes raisons », distincte de « avoir raison », permet de définir quelque peu cette dernière expression. Cette idée de « bonnes raisons », pourtant lourde d’implications, est énoncée, sans tenter d’en discerner le contenu. HÉLOÏSE – De quoi dépend ce jugement ? VICTOR – Je ne juge pas, justement. HÉLOÏSE – Je ne comprends pas. VICTOR – Je ne juge pas. Chacun dit ce qu’il pense. Je ne porte pas de jugement. HÉLOÏSE – Pourtant tu as parlé de « bonnes raisons ». VICTOR – Oui, mes raisons sont bonnes pour moi, les tiennes sont bonnes pour toi. HÉLOÏSE – N’est-ce pas un jugement ? VICTOR – Peut-être, mais on ne juge pas les autres. HÉLOÏSE – Comment sais-tu alors que tu as raison ? VICTOR – Je le vois bien. HÉLOÏSE – Tu en es convaincu ? VICTOR – Certainement. Précipitation Toujours ce même type de réponses trop immédiates et peu réfléchies, qui ne laissent pas d’espace à la pensée. On répond du tac au tac, et les enjeux du dialogue ne réussissent pas à émerger. Le véritable sens des questions n’est pas entendu, l’écoute étant obscurcie par le souci d’avoir raison. Précipitation On répond toujours trop immédiatement, sans tenter d’établir les enjeux de la discussion et d’élaborer une problématique. 11 Partie 1 / Dialogues Emportement émotionnel Glissement de sens Dialogue 1 / Avoir raison Toujours le même souci d’avoir raison, c’est-à-dire de maintenir ce qui vient d’être dit précédemment. En remplaçant « juger » par « juger les autres », la question est déviée, et de fait complètement gommée. H ÉLOÏSE – Donc toutes les raisons sont bonnes, du moment qu’on les trouve bonnes ? Problématique 2 : La raison peut-elle faire l’économie de la croyance ? (texte p. 93) Problématiques 3, 4 Introduction d’un concept opératoire Problématique accomplie VICTOR – Si on veut. En tout cas, du moment qu’on croit ce que l’on dit, moi je dis que c’est vrai. Il faut juste être fidèle à soi-même, plutôt que d’écouter les autres. C’est pour cela qu’une raison est bonne d’abord pour celui qui l’utilise, ce qui nécessite aussi d’être cohérent avec soi-même, bien sûr. Et on comprend que ça puisse poser problème pour les autres, qui ne partent pas toujours des mêmes idées. ¨ CITATIONS 2 ET 3 HÉLOÏSE – Donc, ils ont peut-être raison ? VICTOR – Non, en fait je suis sûr qu’ils ont tort. Certitude dogmatique HÉLOÏSE – Comment le sais-tu ? Problématique 5 : La morale est-elle un produit de la raison ? (texte p. 96) Concept indifférencié HÉLOÏSE – Et ceux qui subissent la douleur ? VICTOR – Bien sûr. Eux savent bien de quoi il retourne puisqu’ils l’ont ressentie. VICTOR – D’une certaine manière. Fausse évidence Opinion reçue Énoncer l’interdiction, de manière aussi générale et catégorique, n’a pas à être accepté d’emblée, sans raisons. Le fait que la peine de mort soit abolie en France depuis plusieurs années ne justifie en rien l’universalité de son interdiction. HÉLOÏSE – Et ceux qui sont pour la peine de mort parce qu’ils la trouvent juste et bonne ? VICTOR – Je crois qu’ils ont tort. HÉLOÏSE – Ils ont tort ? VICTOR – J’ai dit « je crois ». 12 HÉLOÏSE – Comment sais-tu qu’ils souffrent ? VICTOR – Oui, mais ceux qui disent cela n’en n’ont pas fait l’expérience eux-mêmes. HÉLOÏSE – Ils savent uniquement pour eux-mêmes, ou pour les autres aussi ? HÉLOÏSE – Et si je déclare qu’il est juste de tuer son voisin lorsqu’il nous agace ? HÉLOÏSE – Pourquoi dis-tu cela ? L’idée que « moralement on n’a pas le droit de faire souffrir quelqu’un d’autre » est à peine ébauchée et nullement justifiée. HÉLOÏSE – Certains États américains utilisent des injections chimiques qui n’infligent aucune douleur. HÉLOÏSE – Ainsi tout le monde a raison ? VICTOR – Parce qu’on n’a pas le droit de tuer les autres. Même la peine de mort est inadmissible, et elle est d’ailleurs abolie chez nous depuis longtemps. VICTOR – Déjà parce qu’on n’a pas le droit de faire souffrir quelqu’un d’autre. Il suffit de réfléchir, on voit bien que moralement on n’a pas le droit. ¨ CITATION 4 V ICTOR – Là encore tu exagères ! On les tue quand même. Tu ne vas pas me dire que ça ne fait pas mal. Et la douleur physique, au moins, ça ne se discute pas. Le concept de « fidèle à soi-même » nous permet de comprendre et de justifier ce qui constitue une « bonne raison ». De surcroît, il est problématisé, dans la mesure où est prise en compte l’objection de l’altérité : « fidèle à soi-même » pose nécessairement difficulté à l’interlocuteur, qui n’est pas astreint à la même « fidélité ». L’idée de « cohérence » implique toutefois une exigence, afin d’éviter le banal relativisme du « chacun son opinion ». VICTOR – Oui, mais il ne faut quand même pas exagérer. Il est répété à plusieurs reprises, sous différentes formes, que la peine de mort est injustifiable, sans véritablement fournir un argument. Problématique 6 : Suffit-il de percevoir pour savoir ? Problématique 7 VICTOR – C’est sûr que si ça fait souffrir une personne, ça fera souffrir les autres aussi. La perception ne nous trompe pas. La douleur, les sensations, ce n’est pas comme les opinions : on ressent tous la même chose. ¨ CITATIONS 5 ET 6 HÉLOÏSE – Est-ce que poser la tête sur un oreiller en duvet fait mal ? V ICTOR – Non, c’est agréable, surtout lorsqu’on est fatigué. HÉLOÏSE – Et pour l’asthmatique qui est allergique à la plume ? VICTOR – Ça n’a rien à voir, il est malade. HÉLOÏSE – Est-ce que manger un bon repas est toujours agréable ? 13 Partie 1 / Dialogues Problématique 7 : La raison oppose-t-elle les hommes plus que les sens ? (texte p. 97) Perte de l’unité Difficulté à problématiser Problématique 4 : L’argument d’autorité est-il conforme à la raison ? (texte p. 95) Problématique 3 Opinion reçue Dialogue 1 / Avoir raison VICTOR – Évidemment, surtout lorsqu’on a faim. HÉLOÏSE – Et si l’on n’a pas faim ? VICTOR – Cela n’a rien à voir, bien sûr que manger n’est pas agréable lorsqu’on n’a plus faim. HÉLOÏSE – Que conclus-tu de tout cela ? VICTOR – D’accord, je vois où tu veux en venir. Tu veux que je me contredise ! Eh bien d’accord : ce que l’on ressent, c’est comme les opinions, ça dépend de chacun. ¨ CITATION 7 VICTOR – Oui, mais ça c’est la science, cela n’a rien à voir. Précipitation HÉLOÏSE – En quoi est-ce différent ? VICTOR – Il ne s’agit plus d’avoir raison ou de ne pas avoir raison, mais de savoir si c’est vrai ou si c’est faux. HÉLOÏSE – Quelle est la différence ? Le lien n’est pas fait entre les divers moments de l’échange. Seul ce lien permettrait de conceptualiser et de problématiser. La réflexion ne prend pas assez en compte les divers arguments énoncés, ce qui empêche de constituer une problématique. HÉLOÏSE – Cela signifie-t-il que rien de ce que nous savons ne vaut pour tous ? VICTOR – Oui, mais comme je te l’ai dit plus tôt, il ne faut pas exagérer. HÉLOÏSE – C’est-à-dire ? VICTOR – Il y a quand même des choses qui sont indéniables. HÉLOÏSE – Comment le sais-tu ? V I C T O R – Déjà parce que tout le monde le sait. Demande à n’importe qui ! Et parce que les scientifiques le disent. Je ne crois pas que tu en trouves un seul aujourd’hui qui soutienne l’idée que le soleil tourne autour de la terre, ou des idées de ce genre. ¨ CITATION 8 VICTOR – La réponse ne dépend plus du choix de chacun. HÉLOÏSE – Un scientifique ne peut pas se tromper ? VICTOR – Si, bien sûr. Mais il peut aussi lui arriver de dire des choses incontestables. HÉLOÏSE – Et ce sera toujours vrai ? Problématique 8 : Peut-on se fier à la raison ? (texte p. 98) Problématique 3 Introduction d’un concept opératoire Concept indifférencié 14 VICTOR – Non, car c’est vrai que la science avance et que ce qui était tenu pour vrai peut devenir faux. Rien n’est sûr finalement, à cause du progrès. En science comme dans tous les domaines de la pensée. ¨ CITATIONS 9 ET 10 Le concept de progrès permet de saisir en quoi les affirmations scientifiques ne sont pas toujours certaines. Toutefois, le problème posé par l’idée de progrès, sa dimension d’incertitude de la connaissance par exemple, n’est pas vraiment abordé ou explicité. HÉLOÏSE – Alors où est la différence entre une discussion habituelle et la science ? VICTOR – La science démontre, elle prouve. « Tout le monde le sait » et « les scientifiques le disent » sont des arguments d’autorité et ne constituent nullement une justification en soi. HÉLOÏSE – Il fut un temps où tout le monde croyait que la terre était plate, et que le soleil se levait chaque matin. VICTOR – Oui mais ça, c’était avant l’époque scientifique. Maintenant c’est autre chose. HÉLOÏSE – Mais qui savait, il y a vingt ans, que l’on pourrait cloner des mammifères ? VICTOR – Peut-être que quelques scientifiques y croyaient. HÉLOÏSE – Et la majorité des gens ? VICTOR – Ils n’en savaient rien. Peut-être même qu’ils ne l’auraient pas cru. HÉLOÏSE – Qui avait raison ? Cette réponse hâtive, irréfléchie, empêche de traiter la question posée. Pour qu’elle constitue un réel argument, il faudrait étayer le contenu de la thèse en question sur la spécificité de la science. HÉLOÏSE – Une démonstration suffit-elle à prouver la vérité d’une proposition ? Problématique 9 : La raison est-elle réductible à la logique ? (texte p. 99) Problématique 8 Indétermination du relatif Difficulté à problématiser VICTOR – Oui, si elle est logique. ¨ CITATION 11 HÉLOÏSE – Donc ce qui est logique est vrai ? VICTOR – Non. Je ne crois pas. En fait, je pense que dans tous les cas de figure on peut avoir raison ou avoir tort, et que cela varie avec les individus et les circonstances. Si avoir raison « varie avec les individus et les circonstances », il s’agirait de préciser quelles sont ces variations, plutôt que de se servir d’une position relativiste pour rester dans le flou. Les idées de démonstration et de logique, comme outils de validation de la pensée, sont suivies de l’affirmation d’un relativisme radical où tout dépend des circonstances, sans pour autant tenter d’articuler une problématique générale avec ses diverses propositions. 15 Partie 1 / Dialogues Dialogue 1 / Avoir raison HÉLOÏSE – N’y a-t-il rien que l’on puisse affirmer qui soit incontestable ? VICTOR – Si. Bien sûr ! HÉLOÏSE – Un exemple ? VICTOR – Eh bien, que l’être humain existe et qu’il pense. HÉLOÏSE – Comment le sait-on ? VICTOR – On le voit bien. HÉLOÏSE – Que voit-on ? Problématique 3 : La raison est-elle universelle ? (texte p. 94) VICTOR – On voit des êtres humains partout, et on voit bien qu’ils font des choses. HÉLOÏSE – Comment savoir qu’ils pensent ? Le voit-on aussi ? VICTOR – Non, mais on en voit les résultats. HÉLOÏSE – Par exemple ? VICTOR – Le progrès scientifique et l’art. Car les animaux ne connaissent pas cela. HÉLOÏSE – Mais comment sait-on que ce sont les résultats de quelque chose d’autre ? VICTOR – Il n’y a pas besoin d’être Einstein pour cela. Il n’y a qu’à réfléchir un minimum. Difficulté à problématiser Problématique 10 : Le réel se réduit-il à ce que l’on perçoit ? (texte p. 100) Illusion de synthèse La perception et la réflexion sont successivement proposées comme moyens « évidents » de connaissance, sans que l’on tente de formuler une proposition générale qui les engloberait toutes deux. HÉLOÏSE – Suffit-il donc de voir ? VICTOR – Non, bien sûr ! Sinon les animaux auraient aussi accès à la raison. Il ne suffit pas de voir, il faut aussi raisonner pour savoir de telles choses. ¨ CITATION 12 Voir et raisonner sont mentionnés tous deux comme moyens de connaissance, mais rien n’est proposé pour articuler de manière explicite leur rapport de fonctionnement. HÉLOÏSE – Qu’utilise-t-on pour réfléchir ? VICTOR – Notre cerveau, notre esprit. HÉLOÏSE – Et pour imaginer, inventer, se tromper ? VICTOR – La même chose : notre cerveau et notre esprit. HÉLOÏSE – Alors nous faisons appel au même fonctionnement ? VICTOR – Non, pour réfléchir, pour analyser, nous faisons appel à un autre. 16 Achèvement d’une idée H ÉLOÏSE – Comment pourrions-nous nommer cette fonction spécifique ? VICTOR – Oui, d’accord, je te vois venir depuis le début. Tu veux dire la fameuse « raison » dont parlent tes philosophes. HÉLOÏSE – Cela te gêne ? VICTOR – Un peu, parce qu’on dit « la raison », et s’il y a une seule raison, alors il y a un risque de dictature. Et comment peut-on savoir avec certitude que l’on a raison ? Elle est dangereuse cette idée ! ¨ CITATIONS 13 ET 14 HÉLOÏSE – Comment cela ? VICTOR – On n’aura plus le droit d’avoir ses opinions, puisque certains auront raison pour les autres. HÉLOÏSE – Peux-tu expliquer ton idée ? VICTOR – En science, les scientifiques ont toujours raison parce qu’ils connaissent la science. Si dans la vie c’est pareil, les spécialistes auront toujours raison. Par exemple, les politiciens en politique. Et cette vision des choses, je ne peux pas y adhérer. HÉLOÏSE – Fais-tu plutôt confiance à celui qui raisonne, ou à celui qui ignore la raison ? V ICTOR – Oui, évidemment je préfère celui qui raisonne, mais je crains surtout ceux qui ont des idées toutes faites, qui ont toujours raison et n’écoutent plus personne. HÉLOÏSE – Est-ce que ceux-là utilisent leur raison ? VICTOR – Non, ils sont sourds et aveugles, parce qu’ils croient tout savoir. HÉLOÏSE – Qu’en conclus-tu ? VICTOR – Finalement, avoir raison n’a pas toujours un rapport avec la raison. Déjà parce que lorsqu’on dit avoir raison, c’est comme si la pensée était terminée, alors que la raison ne cesse jamais. Je crois que c’est une différence importante. L’idée d’une pensée « terminée » ou non permet d’établir une distinction entre « raison » et « avoir raison ». 17 Partie 1 / Dialogues Dialogue 1 / Avoir raison Les échos des philosophes ¨ LES NUMÉROS DES CITATIONS RENVOIENT AU DIALOGUE. 1- « On peut en effet avoir objectivement raison quant au débat lui-même tout en ayant tort aux yeux des personnes présentes, et parfois même à ses propres yeux. » SCHOPENHAUER, L’Art d’avoir toujours raison, 1864 (posthume). 2- « C’est le consentement de vous à vous-même, et la voie constante de votre raison, et non des autres, qui vous doit faire croire. » PASCAL, Pensées, 1670 (posthume). 3- « Il est assez difficile de comprendre comment il se peut faire que des gens qui ont de l’esprit aiment mieux se servir de l’esprit des autres dans la recherche de la vérité que de celui que Dieu leur a donné. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674. 4- « Tout bien et tout mal réside dans la sensation. » ÉPICURE, Lettre à Ménécée, IIIe s. av. J.-C. 10- « Il est de la nature de la raison de percevoir les choses sous une certaine espèce d’éternité. » SPINOZA, Éthique, 1677 (posthume). 11- « [...] La logique ne peut pas aller plus loin ; aucune pierre de touche ne lui permet de découvrir l’erreur qui atteint non la forme, mais le contenu. » KANT, Critique de la raison pure, 1781. 12- « Il n’y a point d’objet qui manifeste, par ses qualités sensibles, les causes qui l’ont produit, ni les effets qu’il produira à son tour. » HUME, Enquête sur l’entendement humain, 1748. 13- « […] L’esprit de l’homme ne renferme pas dans lui-même les perfections ou les idées de tous les êtres qu’il est capable de voir : il n’est point l’être universel. » M ALEBRANCHE , De la recherche de la vérité, 1674. 14- « Une fin ultime domine la vie des peuples : la Raison est présente dans l’histoire universelle, non la raison subjective et particulière, mais la Raison divine, absolue […]. » HEGEL, La Raison dans l’histoire, 1837 (posthume). 5- « La connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens et leur témoignage ne peut être convaincu d’erreur. » LUCRÈCE, De la Nature, Ier s. av. J.-C. 6- « Les hommes toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se conduire, et ils ne se servent presque jamais de leur esprit pour découvrir la vérité. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674. 7- « […] Par la même raison que nous croyons que tous les hommes reçoivent les mêmes sensations que nous des mêmes objets, nous pensons que tous les hommes sont agités des mêmes passions que nous pour les mêmes sujets […]. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674. 8- « Ceux qui ont assez de raison, ou de modestie, pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres, qu’en chercher eux-mêmes de meilleures. » DESCARTES, Discours de la méthode, 1637. 9- « On s’imagine sans raison que les anciens ont été plus éclairés que nous ne pouvons l’être, et qu’il n’y a rien à faire où ils n’ont pas réussi. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674. 18 En résumé… Le plus souvent, avoir raison, c’est s’imaginer que l’on dispose d’une opinion certaine ou que l’on peut l’imposer par la persuasion ou la force : « avoir le dernier mot ». Mais une telle conviction apparaît vite comme peu solide et nous conduit au relativisme : chacun a raison s’il croit avoir raison. D’où la tentation de chercher dans la sensation un critère plus fiable de la vérité. Hélas la sensibilité ne nous permet pas davantage d’échapper au relativisme. En tout ceci, la raison risque de prendre l’apparence d’une opinion parmi d’autres. Toutefois, comme en science, l’idée de prouver ou de démontrer peut nous sauver de l’incertitude, bien que là encore le vrai puisse souvent devenir faux. Les notions-outils Relativisme : Principe posant que toutes choses sont essentiellement variables, selon de nombreux facteurs, de sorte qu’aucun énoncé valable dans l’absolu n’est possible. 19 Partie 1 / Dialogues Argument : élément de raisonnement ayant pour finalité la mise en évidence de la vérité ou la fausseté d’une proposition. Argumentation : série ou enchaînement d’arguments visant à établir une conclusion. Démonstration : raisonnement déductif établissant nécessairement une conclusion à partir de données de base, les prémisses, celles-ci étant évidentes en elles-mêmes ou ayant fait l’objet d’une preuve antérieure. Preuve : information ou raisonnement destiné à justifier une proposition. 2 Sensation : perception de la présence d’un objet et de ses qualités par l’intermédiaire des sens. Ce terme peut également désigner ce qui est senti, l’objet même ou le contenu de la sensation. Sensibilité : désigne la faculté, pour un être, de percevoir par les sens ou d’être affecté par des sentiments. Dogmatisme : doctrine selon laquelle certaines vérités sont établies d’une façon définitive, sans possibilité de doute. Scepticisme : attitude contraire, qui considère que rien ne peut être affirmé avec certitude. En conséquence, toutes nos opinions doivent en permanence être remises en question et réexaminées. Précipitation Fausse évidence La réponse n’est pas pesée. L’idée de conclusion est refusée, sous prétexte sans doute que la réponse à la question paraît très évidente, sans nécessairement l’être pour autant. L’idée de « normalité » est ici invoquée pour éviter de penser le problème jusqu’au bout. HÉLOÏSE – Pourquoi ? VICTOR – Parce qu’on a faim. HÉLOÏSE – Ne t’est-il jamais arrivé de manger sans avoir faim ? VICTOR – Si, ça m’est déjà arrivé à deux ou trois occasions. Je me souviens d’un jour où ma mère avait fait un plat juste pour moi. J’ai mangé sans avoir faim. Exemple inexpliqué 20 HÉLOÏSE – Lors de notre discussion précédente je t’ai demandé si manger un bon repas était agréable. VICTOR – En effet, et je t’ai répondu « oui, surtout si l’on a faim ». HÉLOÏSE – Et si tu me présentes un repas et que je n’en veux pas ? VICTOR – J’en conclus que tu n’as pas faim, ou que tu es malade. HÉLOÏSE – De quel droit ? VICTOR – Comment cela de quel droit ? HÉLOÏSE – Si je mange ton bon repas, qu’en conclus-tu ? VICTOR – Je n’en conclus rien du tout. Je me dis simplement que tu as faim. HÉLOÏSE – Ne viens-tu pas de te contredire ? VICTOR – Comment cela ? HÉLOÏSE – Répète ce que tu viens de dire. VICTOR – Je me dis que tu as faim. HÉLOÏSE – N’est-ce pas une conclusion, cela ? VICTOR – Oui, mais enfin ça me paraît normal de manger un bon repas. Conviction : forte adhésion de l’esprit à une vérité ou à un impératif pratique. Persuasion : désigne une adhésion ou une tentative de faire adhérer, fondée moins sur la raison que sur le sentiment et l’imagination. Raison : Faculté de connaître, d’analyser, de critiquer, de juger, de formuler des hypothèses, d’établir des relations et de former des concepts, propre à l’homme. S’oppose aux sens, à l’instinct ou aux sentiments. Norme de la pensée. Peut être érigée en absolu. Cause ou explication. La raison à l’épreuve des sens L’exemple évoqué n’est pas développé. Il s’agirait de l’expliciter afin d’en tirer une conclusion, voire un concept ou une problématique. 21 Partie 1 / Dialogues Dialogue 2 / La raison à l’épreuve des sens HÉLOÏSE – Pourquoi as-tu fait cela ? Problématique 12 : La raison est-elle insensible ? (texte p. 102) Problématiques 8, 11 Exemple analysé VICTOR – Pour faire plaisir à ma mère : je me sentais obligé de manger, je ne voulais pas lui dire que j’avais déjà mangé. Pour être un bon fils quoi ! Mais je ne sais pas si c’était une bonne idée, j’ai été malade après. J’aurais peut-être dû écouter mon estomac, plutôt que de me forcer. Finalement, il faut écouter ses sensations avant tout, c’est plus réaliste. Les sens sont plus fiables que la raison, qui est un peu aveugle. ¨ CITATIONS 1 ET 2 L’analyse circonstanciée de l’exemple nous permet de conclure à la fiabilité des sens, plutôt qu’à celle de la raison. HÉLOÏSE – Or, si tu vois quelqu’un qui mange un bon repas, qu’en as-tu conclu précédemment ? VICTOR – Non, quand même pas. HÉLOÏSE – Alors qu’as-tu fait ? VICTOR – J’ai simplement donné une explication. Je t’ai expliqué pourquoi on oublie d’autres possibilités parce qu’elles sont plus rares, et pourquoi on croit souvent avoir raison. HÉLOÏSE – Et comment l’as-tu expliqué ? Problématique 14 : La raison est-elle une construction de l’esprit ? (texte p. 103) Problématique 1 VICTOR – Comme on explique toujours pour justifier ce que l’on a dit : en trouvant des raisons. C’est pour cela que le dialogue est un moyen intéressant pour faire avancer la pensée : il faut donner les raisons de ce que l’on avance, pour justifier ses idées. ¨ CITATIONS 5 ET 6 HÉLOÏSE – Que faut-il donner ? VICTOR – Je vois, j’ai été un peu vite en affaire. V ICTOR – Des raisons, bien sûr. Je ne connais pas d’autre manière d’expliquer que de donner des raisons. HÉLOÏSE – C’est-à-dire ? VICTOR – J’ai tiré des conclusions un peu rapides en affirmant que l’on mangeait parce que l’on avait faim. HÉLOÏSE – Vois-tu le terme que tu as utilisé ? Le fait de suspendre au moins momentanément toute conclusion immédiate permet d’étudier l’hypothèse et d’examiner sa validité. VICTOR – J’ai utilisé le terme raison. HÉLOÏSE – Est-il faux d’affirmer que l’on mange parce que l’on a faim ? Suspension du jugement VICTOR – Si on veut. HÉLOÏSE – Comme dans « avoir raison » ? HÉLOÏSE – Comment cela ? VICTOR – Non, pas du tout. Mais c’est surtout qu’il y a d’autres raisons possibles, même si elles sont plus rares. VICTOR – C’est le même mot, mais en fait il ne signifie pas tout à fait la même chose. Ici on se sert d’une raison pour expliquer quelque chose. On l’utilise un peu comme un argument. Pour prouver qu’on a raison, et ce n’est pas la même chose que d’avoir raison. HÉLOÏSE – Leur rareté exclut-elle leur possibilité ? Problématique 8 : Peut-on se fier à la raison ? (texte p. 98) Problématiques 9, 13 Introduction d’un concept opératoire VICTOR – Non, c’est vrai. Mais c’est tentant d’oublier les autres possibilités, parce qu’on pense toujours par rapport à ce qui se passe d’habitude, avec ce qui nous paraît logique ou immédiat, et donc raisonnable. L’impression d’évidence est toujours très tentante, sans prendre de recul. Ça doit être pour cette raison qu’on pense souvent avoir raison. ¨ CITATIONS 3 ET 4 Les concepts d’« habitude » et d’« évidence » nous expliquent comment la raison cesse d’agir, pour se transformer en « avoir raison ». HÉLOÏSE – Que viens-tu de faire ici ? HÉLOÏSE – Quelle est la différence ? VICTOR – Je dirais qu’« avoir raison », c’est une attitude, ou une certitude, alors que donner une raison, c’est fournir une preuve. Introduction d’un concept opératoire Une nouvelle acception du terme « raison » est introduite : la raison est définie comme une preuve. HÉLOÏSE – Et d’où tire-t-on ces raisons ? VICTOR – Je ne comprends pas ta question. VICTOR – De notre esprit. On les invente. HÉLOÏSE – M’as-tu interrogée ? HÉLOÏSE – Alors, d’où viennent-elles ? VICTOR – Non, je ne t’ai rien demandé. VICTOR – Mais de notre imagination ! HÉLOÏSE – M’as-tu donné un ordre ? HÉLOÏSE – De notre imagination ? 22 23 Partie 1 / Dialogues Dialogue 2 / La raison à l’épreuve des sens VICTOR – Non ! Tu me fais le même coup que tout à l’heure. On fait une analyse, un raisonnement, cela n’a rien à voir avec l’imagination. HÉLOÏSE – Pourtant, tu as dit qu’il fallait inventer ces raisons. Problématique 15 : L’imagination est-elle incompatible avec la raison ? (texte p. 103) Problématiques 1, 14 Difficulté à problématiser VICTOR – C’est vrai que j’ai expédié un peu vite mon explication. Mais en vérité je commence à avoir du mal à m’y retrouver avec tous ces sens. HÉLOÏSE – Justement, raison de plus pour les récapituler. VICTOR – D’accord. Alors nous avons « avoir raison », qui est comme je l’ai dit plus tôt une attitude, un sentiment de certitude. Nous avons ensuite « donner une raison », qui signifie fournir une explication ou dire pourquoi quelque chose arrive. Mais c’est avec le troisième sens que j’ai plus de mal. VICTOR – Oui, un peu peut-être, mais ça concerne plus la raison que l’imagination. L’imagination, c’est le contraire de la raison. ¨ CITATION 7 Tour à tour l’imagination est perçue comme outil de la raison, puis comme contraire à elle, sans que pour autant l’on profite de ce paradoxe pour articuler une problématique. HÉLOÏSE – Tiens donc ! VICTOR – Quoi ? HÉLOÏSE – Quel terme viens-tu d’utiliser ? VICTOR – La raison. Et alors ? HÉLOÏSE – Essaye quand même. Problématique 1 : La raison se résumet-elle à des arguments ? (texte p. 92) Problématique 14 HÉLOÏSE – Le terme possède-t-il ici le même sens que précédemment ? VICTOR – Tous ces sens sont liés, c’est évident, sinon on n’emploierait pas le même terme. Illusion de synthèse Il ne suffit pas de dire que différents éléments sont liés, il s’agit d’expliciter la nature du lien et les différences entre les éléments reliés. Achèvement d’une idée VICTOR – Mais non, ça n’a rien à voir ! Tu le sais bien. VICTOR – Les différents sens du mot raison. Ils sont liés, je viens juste de te le dire. On affirme ici une idée, sans l’expliciter ni la justifier. HÉLOÏSE – Dois-je te croire sur parole ? VICTOR – Je te le dis. Crois-moi si tu veux ! HÉLOÏSE – Que pourrais-tu faire pour me convaincre ? Problématique 2 : La raison peut-elle faire l’économie de la croyance ? (texte p. 93) Problématique 4 VICTOR – Je n’ai pas envie de te convaincre. Je te le dis, un point c’est tout. Maintenant tu penses ce qui te fait plaisir ! De toute façon, quoi qu’on fasse, chacun croit uniquement ce qu’il veut. ¨ CITATION 8 HÉLOÏSE – Comment cela ? Problématique 16 : Percevoir, est-ce seulement recevoir ? (texte p. 104) Problématiques 6, 17 Introduction d’un concept opératoire VICTOR – Je ne comprends pas ce que tu attends de moi. 24 VICTOR – Si c’est chaud, on le voit bien, ou plutôt on le sent bien. Il n’y a rien d’autre à faire pour le savoir. On subit, on reçoit l’information, un point c’est tout. ¨ CITATIONS 10 ET 11 Le sensible est défini comme un acte passif et immédiat, par le biais de « subir ». HÉLOÏSE – L’information est-elle fiable pour autant ? VICTOR – Il est toujours possible de se tromper ; je peux imaginer que l’objet est chaud, ce peut être une illusion, par exemple un mirage. Dans un mirage, on voit des choses qui n’existent pas. HÉLOÏSE – Et la discussion s’arrête là ? HÉLOÏSE – Tu m’affirmes que tous ces sens sont liés. Il faudrait peut-être t’expliquer. Les trois sens du terme « raison » ont été explicités et distingués, en particulier dans la phrase qui articule les trois acceptions. HÉLOÏSE – Dis-moi maintenant, pour percevoir la chaleur d’un objet, a-t-on besoin de la raison ? HÉLOÏSE – Qu’est-ce qui est lié ? Certitude dogmatique VICTOR – Ce n’est plus « avoir raison », ni « donner une raison », mais « la raison ». En fait c’est tout bête : c’est comme l’imagination, qui est, paraît-il, une faculté de l’esprit. Alors la raison doit être la faculté qui raisonne au lieu d’être celle qui imagine. Tiens, je vais même faire une phrase qui résume tout ça. La raison nous fournit des raisons qui nous permettent d’avoir raison. Ça te va ? ¨ CITATION 9 Position critique En dépit de la certitude et de l’immédiateté du sensible, une contre-hypothèse est avancée : les perceptions peuvent ne pas être fiables, l’exemple du mirage en est la preuve. 25 Partie 1 / Dialogues Exemple analysé Dialogue 2 / La raison à l’épreuve des sens L’exemple du mirage est expliqué : il met en doute les sens, puisque l’on voit quelque chose qui n’existe pas. HÉLOÏSE – Quel moyen avons-nous de reconnaître la chaleur ? VICTOR – Il n’y a qu’à toucher et on le sait. HÉLOÏSE – Mais si ce n’est pas l’imagination qui nous indique la chaleur, est-ce la raison ? Problématiques 8, 10, 14 Introduction d’un concept opératoire VICTOR – Non, cela n’a rien à voir. HÉLOÏSE – Pourtant, si je te dis qu’une voiture a longtemps roulé, peux-tu me dire que le capot est chaud sans avoir touché ni même approché la voiture ? VICTOR – Oui, je le peux. Mais je ne le sais pas par moimême. HÉLOÏSE – Pourtant, je ne t’ai pas dit qu’il était chaud. Problématique 9 : La raison est-elle réductible à la logique ? (texte p. 99) Problématique 14 V ICTOR – Non, en effet, c’est moi qui en ai tiré la conclusion. Mais c’est toi qui m’as dit qu’elle avait roulé longtemps et j’en ai tiré les conséquences qui s’imposaient, au moyen d’un raisonnement, qui se fonde quand même sur la réalité des choses, que je n’ai pas pu inventer. Mais mon raisonnement est peut-être faux. Déjà, je ne sais pas si la voiture est revenue depuis longtemps, si elle a eu le temps de refroidir. ¨ CITATIONS 12 ET 13 HÉLOÏSE – Que voudrais-tu donc faire ? VICTOR – Je préférerais toucher la voiture, ainsi je verrais bien si elle est chaude ou pas. Problématique 11 : Doit-on opposer raison et sensible ? (texte p. 101) Problématique 7 Difficulté à problématiser Illusion de synthèse constructions. C’est ça qui fausse tout dans la raison : elle n’est pas immédiate. Heureusement que les sens corrigent les erreurs de la raison. ¨ CITATION 16 Le concept d’« immédiateté » nous permet de distinguer raison et sensible. HÉLOÏSE – Et les illusions d’optique ? VICTOR – C’est que l’on a mal regardé. Le phénom&e...

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