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Notre nature nous indique-t-elle ce que nous devons faire ?

Publié le 02/12/2005

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Or la question est de savoir ce que l'on entend rigoureusement par nature ; s'il s'agit d'une " programmation ", alors notre devoir serait inscrit en nous, inné. Par nature, l'homme serait apte à savoir ce qu'il doit ou ne doit pas faire. Le savoir renvoie-t-il à la nature, ou à la culture par le biais de l'éducation ? Pour Sartre, par exemple, l'homme n'est rien à priori, il se fait au cours de son existence. Il n'y a pas de nature humaine (de déterminismes naturels, de caractère inné : tout est construit par notre vie et nos choix, donc par nous-mêmes), il n'y a que de l'histoire humaine relative à nos choix et nos projets. Sartre critique ainsi l'idée que l'on serait par nature lâche ou héros. Il s'oppose à l'idée d'un déterminisme naturel, et affirme que c'est plutôt nous qui nous faisons courageux ou lâches. Nous sommes donc responsables de ce que nous sommes et absolument libres de devenir lâches ou héros. Affirmer donc que notre nature (notre caractère à la naissance, nos prédéterminations, etc.) nous indique ce que nous devons faire, cela revient donc à penser que nous sommes prédéterminés par cette nature.

« comme un sens du devoir réclamant le sacrifice de soi.

Au contraire, la sagesse consiste à se connaîtresuffisamment pour pouvoir rester fidèle à soi-même, pour s'accomplir dans une vie qui ne se perde pas en agitationsvaines, en faux besoins et en craintes inutiles.

Les maximes de la morale ne sont donc que des conseils aidant à serapprocher d'une vie épanouie.

Il n'y a pas de conflit entre notre devoir et notre nature : l'un et l'autre conspirentensemble vers une même fin, la vie heureuse. C.

La nature incite mais ne dicte pasS'il est important de connaître sa nature pour être heureux, c'est qu'à elle seule, par le jeu de ses tendances et deses impulsions, elle ne parvient pas à régner souverainement en l'homme.

L'éducation, la vie sociale font en effetacquérir à ce dernier bon nombre d'habitudes qui ne sont pas nécessairement en accord avec les inclinationsnaturelles.

Par exemple, pour obtenir l'obéissance d'un enfant, on le menace d'un châtiment, souvent une douleurphysique (une fessée, une gifle...) ; ou bien on lui fait miroiter la perspective d'une récompense, en général unplaisir (une sucrerie, un jouet, une caresse...).

Ces habitudes donnent naissance à une crainte du châtiment et à undésir de récompense qui peuvent persister à l'âge adulte, entretenus par exemple par la croyance religieuse.

Cesdispositions ne sont pas des tendances naturelles mais des acquisitions culturelles.

Suivre la nature suppose donc,bien souvent, de remettre en question de nombreux penchants qui ne forment qu'une seconde nature, une naturedévoyée, pervertie.

La tendance naturelle ne s'impose donc pas nécessairement ; elle peut être déviée, mise enéchec, étouffée.

C'est pourquoi l'homme ne peut se suffire du fragile élan naturel pour atteindre le bonheur ; il doitle renforcer et le soutenir par la connaissance de l'ordre vers lequel il tend.

Le bonheur est rarement atteintspontanément ; les hommes ont besoin d'une sagesse pour s'en assurer.Mais si la volonté n'est pas entièrement déterminée par la nature, doit-elle forcément se régler sur cette nature ?Autrement dit, pour quelles raisons la volonté humaine devrait-elle suivre les tendances naturelles ? 2.

La nature humaine comme ordre factuel A.

Un fait n'a pas de valeurAdmettons que notre nature se manifeste à notre conscience sous la forme d'inclinations et de penchants.

En quoile constat de ces tendances pourrait-il obliger ma volonté ? Certes, si je veux être heureux et si je crois que manature m'indique la voie du bonheur, la tendance naturelle représentera pour moi un guide très précieux.

Maispourquoi devrais-je vouloir être heureux ? Cette fin ne s'impose également en moi qu'en vertu d'une aspirationnaturelle au bonheur.

Mais ma volonté est-elle tenue de convertir le fait de cette inclination en une norme morale ?J'ai envie d'être heureux.

Est-ce à dire que je dois vouloir le bonheur ? II faut convenir que l'orientation spontanéede ma nature ne saurait revêtir une quelconque valeur morale.

Ce n'est pas parce que ma nature me pousse dansune direction que cette direction est moralement bonne.

En elle-même, notre nature n'est ni bonne ni mauvaise ;c'est un fait, elle existe, nous ne saurions la nier.

Mais en tant que fait, elle ne nous indique rien quant à ce quenous devrions faire ; elle n'a aucune valeur morale. B.

L'homme invente ses finsLa nature, entendue comme simple fait, ne saurait donc être source de valeur.

Ce n'est pas parce que la loi du plusfort règne dans la nature qu'il nous faut nous conduire les uns envers les autres selon cette loi naturelle (loi dite «de la jungle »).

La conscience d'une tendance naturelle ne peut pas légitimement fonder un quelconque impératifmoral.

Si le principe de la volonté morale est extérieur à la nature, où peut-on alors le trouver ? Qu'est-ce qui peutindiquer ce que nous devons faire ? Aucune indication provenant d'autrui ou du monde extérieur n'est capable deforcer mon consentement.

Je me sens toujours libre de suivre l'injonction d'autrui ou de me conformer à ce quej'observe dans la nature ou dans la société.

Autrui, la société, les forces naturelles peuvent me contraindre etsusciter une certaine prudence de ma part ; mais en aucun cas ils ne m'imposent des valeurs.

Qu'est-ce donc quipeut obliger ma volonté, si ce n'est ma volonté elle-même ? Je ne me sens pas en effet moralement tenu d'obéir àce que me demande un autre ; mais ce que je veux, ce que j'ai décidé a le pouvoir d'orienter mes décisions futures,de s'imposer à moi sur le mode d'une obligation.

C'est donc la volonté humaine qui crée l'obligation morale.L'existence de valeurs morales prouve que la volonté a le pouvoir de légiférer sur elle-même, autrement dit qu'elleest autonome.Les hommes n'ont donc pas à se fier aux indications de leur nature pour connaître le bien moral.

Celui-ci sereconnaît au sentiment d'obligation ou de devoir.

Ce que je dois faire, ma conscience me l'apprend par la valeurimpérative de certaines pensées.

Si je sais que je ne dois pas mentir, ce n'est pas en vertu d'un élan de sincériténaturelle mais parce qu'il y a en moi la volonté de ne pas accomplir cet acte.

Si ma volonté était totalementindifférente au mensonge, alors l'interdiction de mentir n'aurait à mes yeux aucune valeur ; elle ne représenteraitqu'un interdit social et en aucun cas une obligation intérieure, personnelle. C.

La nature humaine, obstacle à la vie moraleSi donc la volonté humaine est autonome, non seulement elle n'a pas besoin de la nature pour s'orienter mais ellerencontre même en elle un obstacle à la vie morale.

En effet, se contenter de suivre ses inclinations naturelles,comme le préconisent les sagesses de l'Antiquité, revient àrenoncer à exercer sa volonté, à ne plus en faire le principe de son action.

Ériger le bonheur en fin ultime revientdonc à vivre une vie animale, guidée par les seuls instincts.

Si les animaux n'ont pas le pouvoir de s'opposer à leurstendances instinctives et s'ils suivent leur nature dans l'innocence, en revanche, la même conduite de la part d'unhomme constitue un faute, une abdication du pouvoir de la volonté sur elle-même.

L'impulsion naturelle représentedonc toujours pour l'homme la tentation de l'immoralité.Nous venons donc de voir que la nature pouvait être considérée tout aussi bien comme un principe de moralité oud'immoralité.

Cette alternative présuppose l'existence d'une nature humaine.

N'est-ce pas là un postulat discutable,. »

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