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pourquoi lire la République de Platon aujourd'hui ?

Publié le 18/04/2013

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platon
Introduction : pourquoi lire la République de Platon aujourd'hui ? Aujourd'hui, en bons démocrates que nous sommes, nous pensons tous que tout le monde (enfin presque) peut accéder à la politique. Il suffit, pour cela, d'avoir 18 ans, et d'être sain d'esprit. Bon, avoir fait sciences po, maîtriser certaines "techniques", cela aide... Mais si on croit aussi (et il y a de fortes chances que cela soit le cas!) à l'égalité des chances, alors on croit aussi que c'est accessible à tout un chacun, puisque comme le dit si bien Descartes "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée". Nous sommes donc spontanément choqués par la thèse précédemment citée de Platon (« Aux uns, il convient par nature de goûter la philosophie et de commander dans la cité, aux autres de ne pas y toucher et de se soumettre à celui qui commande « -République, IV). Et si nous étions victimes d'un préjugé ? Ainsi, croire que la politique est accessible à tous, n'est-ce pas avoir une fausse conception de ce qu'est la politique ? N'est-ce pas confondre société et Etat ? La politique est-elle, doit-elle être, la gestion des affaires communes ? C'est justement de ce préjugé que veut nous défaire Platon dans la République, à travers sa théorie des natures faites pour commander (on pourrait dire, mais nous verrons plus tard pourquoi, sa théorie des "naturels philosophes" et/ ou des "philosophes-rois"). Ainsi, si Platon défend la thèse, dans la République, selon laquelle les "meilleurs" doivent gouverner, c'est parce qu'il conçoit la politique comme une sorte de rédemption, d'éducation. Celui qui gouverne doit éduquer le peuple, ignorant, au bien, et cela, parce que seul, il a la connaissance du bien. La tâche première du politique n'a donc rien à voir avec la gestion (administrative et économique) des affaires communes. Il s'occupera avant tout de rendre les hommes meilleurs, il cherchera à convertir la cité humaine aux valeurs transcendantes. La politique a donc une fonction idéale. L'idée que certains, par nature, sont voués au commandement, paraît alors compréhensible : gouvernent ceux qui sont capables d'accéder aux valeurs. Pour ceux-là, le pouvoir est conçu comme un devoir, une tâche, un service, et non pas comme la satisfaction d'intérêts quelconques (on "sent" ici l'enjeu de cette problématique : le risque est bien que le politique et donc la politique ne soit que la satisfaction d'intérêts, qu'ils soient communs ou particuliers, après tout, la différence n'est-elle pas infime ?). Conséquences : la conception platonicienne de la politique implique un rejet de la démocratie et de tout son attirail : le vote, le référendum... A quoi cela peut-il bien nous servir, par conséquent, de relire Platon aujourd'hui ? A cesser de tout attendre de l'Etat (pour reprendre un sujet de bac donné en ce mois de juin 2004), sans pour autant soutenir la thèse libéraliste extrême selon laquelle l'Etat ne serait qu'un pis-aller ! Rendez-vous en conclusion ...   Plan de la République :   Livres I à V : constitution de la cité idéale Livres I et II : nature et origine de la justice Livre I : qu'est-ce que la justice ? Livre II : les hommes font-ils le bien volontairement ? (l'anneau de Gygès) Livres III à V : le lieu de la politique : le communisme de Platon Livre III : la surveillance des artistes le noble mensonge : le mythe de la terre et l'âge d'or; l'éducation des jeunes gardiens de la cité Livre IV : l'abolition de la propriété privée pour les gardiens VI et VII : principes idéaux de la cité Livre VI : le philosophe-roi Livre VII : l'éducation du "naturel" philosophe l'allégorie de la caverne le programme d'études VIII à X : typologie des régimes politiques, et éléments qui détruisent la cité Livre VIII : comment la cité idéale se corrompt Livre IX : le tyran Livre X : l'art corrupteur le mythe d'Er (379 sq.)   I- POUVOIR ET JUSTICE (République, Livre I) : le politique ne doit pas gouverner selon son intérêt mais selon la justice Dialogue entre Socrate et Thrasymaque : Pour Thrasymaque, le pouvoir s'exerce en vue de l'intérêt de celui qui le détient. Cette thèse s'oppose totalement à ce que veut montrer Platon. Pour réfuter Thrasymaque, Socrate va analyser la notion d'intérêt. Dans la conception de T., si le juste est arbitraire (puisqu'est juste ce que celui qui détient le pouvoir décide être juste), l'intérêt, lui, n'est pas arbitraire. Le pouvoir peut donc se tromper sur ce qu'est son intérêt et décréter juste ce qui lui nuit. Face à cette objection, T. va soutenir que le chef ne peut pas se tromper. Il convient donc que le pouvoir est un art. Or, Socrate veut montrer que ce que prescrit u...

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