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Quelle forme de reconnaissance peut apporter la victoire dans un combat ? Être reconnu par celui que j’ai vaincu, et qui se trouve alors mon inférieur, peut-il être satisfaisant ?

Publié le 13/09/2018

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Être reconnu par les autres, c’est aussi affirmer que l’on appartient à l’humanité, mais ce n’est pas nécessairement revendiquer une place dominante par rapport aux autres. Être humain ne s’effectue d’abord que dans la réciprocité, dans l’échange, c’est-à-dire dans la multiplication infinie de la différence.

 

La reconnaissance que je peux espérer des autres concerne la dimension par laquelle je ne peux être confondu avec eux, alors même que nous participons d’une commune façon d’exister. Mais elle n’a de validité que si les autres sont en même temps mes égaux : que vaudrait une reconnaissance provenant de mes inférieurs (le surhomme nietzschéen n’attend rien des « esclaves », et pas même qu’ils le reconnaissent comme étant au-delà d’eux, parce qu’il admet qu’une telle reconnaissance, venant de si bas, serait sans valeur) ? Je ne peux éprouver de satisfaction qu’à partir d’une reconnaissance provenant d’autres qui ont la même « valeur » que moi ou la même « importance » : il faut donc qu’ils soient mes égaux.

 

Dans ces conditions, la reconnaissance implique la réciprocité, et c’est bien pourquoi Emmanuel Levinas accorde tant d’importance à l’expérience radicale qu’il nomme le « face-à-face >>, et à la signification éthique du visage qui s’y manifeste. Je ne puis ainsi être reconnu par les autres que si je les reconnais simultanément, sur l’horizon de notre différence, ou de l’altérité qui fait de chacun de nous ce qu’il est.

« sérieux, elle indique que l'individu ne peut s'imposer dans l'existence que par le combat, aussi bien contre des circonstances adverses que contre les autres.

Sans doute s'agit-il dans cette conception de faire d'abord son che­ min ou sa place dans la société et d'y trouver un statut satisfaisant.

Mais, de manière générale, faut-il admettre que l'on doit se battre pour être reconnu par les autres ? Précisons sans plus attendre que ce dont on attend ou exige la reconnaissance, concerne alors moins une importance sociale ou prof essionnelle que l'individualité, la singularité, une façon d'être soi­ même en même temps qu'un représentant de l'humanité affirmant sa dignité.

[1.

Le modèle de la diale ctique hégélienn e] De quelle singularité puis-je vouloir obtenir la reconnaissance par les autres ? Hegel la définit, philosophiquement, comme résidant dans la conscience libre.

C'est, alors, pour affirmer ma liberté qu'il me faut lutter.

Et il ne s'agit pas d'une liberté politique, mais bien du principe, de nature métaphysique, de mon être, en l'absence duquel je ne suis qu'un objet, un simple « en-soi ».

La conscience, pour Hegel, se pose en s'opposant.

Cette opposition s' effectue nécessairement par rapport à ce qui est différent d'elle : la nature et l'autre, autrement dit l'autre conscience et l'autre de toute conscience.

C'e st pourquoi il est nécessaire de concevoir que, pour s'affirmer libre et être simultanément reconnue comme telle, toute conscience a besoin d'e n passer par une lutte contre une autre.

C'est de cette lutte que la« dia­ lectique du maître et de l'esclave » nous indique le schéma.

On n'en retien­ dra que ce qui produit, à strictement parler, le conflit entre les deux consciences (conflit d'où seront issus un « maître >> et un « esclave >>) : l' exigence, dans chacune d'elles, de faire reconnaître par l'autre son exis­ tence comme «pour-soi >>.

Ce terme désigne la forme de la conscience affirmant son indépendance relativement à ce qui n'est pas elle, sa capa­ cité à ne pas être déterminée, soit par le monde environnant (la nature) soit par l'autre conscience.

En d'autres termes : c'e st simultanément que chaque conscience attend de celle qui lui fait face qu' elle renonce à vou­ loir l'influencer, et avoue ainsi son infériorité.

Une telle situation ne peut avoir d'autre aboutissement qu'une épreuve de force.

La conscience qui en sort > (et qui devient celle du >) peut désormais imposer sa volonté à 1 'autre (elle remplace la volonté de 1' autre par la sienne) et la faire travailler à son profit.

Si la dialectique s'arrêtait là, elle confirmerait que je ne peux faire reconnaître ma liberté qu'en écrasant l'autre.

Mais elle continue, et se solde finalement par une défaite du maître, condamné à stagner au niveau du (puisque c'est bien ce qu'i l désire), et, ainsi, à ne pas. »

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