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Qu'est ce que je perds quand je perds mon temps ?

Publié le 15/03/2011

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temps

   Le temps désigne la durée irréversible dans laquelle les phénomènes et les êtres vivants se succèdent. Il n'a pas d'existence matérielle, pourtant nous employons communément des expressions qui supposent que le temps peut être possédé « j'ai tout mon temps «, ou égaré « j'ai perdu mon temps «. D'autre part, l'utilisation de l'adjectif « mon « marque la possession et marque bien que le temps serait une quantité limitée dont je dispose.  Mais nous verrons que ces expressions populaires sont trompeuses, en aucun cas je ne suis maître du temps et il ne peut m'appartenir puisqu'il n'est pas un objet.  Alors qu'est c e que je perds quand je perds mon temps ? Qu'est ce qui m'échappe de façon irrémédiable quand je gâche mon temps ? Est-ce une partie quantifiable de la durée de mon existence ou est ce « passer à coté « d'expériences que j'aurais pu faire ?    Nous ne pouvons ni « trouver «, ni « perdre « du temps, le temps n'est pas matériel et nous ne pouvons ni le transformer, ni le modifier comme s'il était un objet.  Selon Saint augustin, « le temps n'est rien d'autre qu'une distorsion de l'âme «, en effet c'est notre conscience qui fait surgir le temps, car elle est imprégnée des trois dimensions du temps, le présent étant toujours entouré de souvenirs et d'un avenir, et c'est elle qui fait le trait d'union entre ces différents moments.  Nous ne pouvons donc pas perdre quelque chose qui est uniquement dans notre conscience : « il y a en effet dans l'âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs : un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l'avenir, l'attente «.  Dans les contes de fées, les personnages endormis par magie n'ont pas conscience de la durée effectivement écoulée lorsqu'ils se réveillent, faute de la perception d'un changement quelconque comme par exemple celui des saisons, puisque effectivement « c'est en percevant le mouvement que nous percevons le temps «, nous dit Aristote. Pour autant le temps n'est pas le mouvement ou le changement lui-même, parce que celui-ci est dans la chose qui change alors que le temps est partout.  Mais cette liaison entre temps et changement doit pour prendre son sens être associée à la distinction de l'avant et de l'après, en effet, nous disons que du temps a passé lorsque nous avons conscience d'un avant, point de départ, et d'un après, point d'arrivée, et que nous y saisissons deux instants distincts.  Cependant même si le temps est bien immatériel et vient de notre conscience, nous pouvons toutefois percevoir ses effets sur notre corps et notre environnement. L'homme comme tout être donné dans le temps est victime de l'irréversibilité du temps, du « jamais plus «. Emportés par le flux du temps tous les êtres temporels changent et se modifient. En effet qu'on le veuille ou non, le temps nous pousse vers le changement « chaque être, à chaque instant, devient par altération un autre que lui-même « (Jankélévitch), aucun homme, aucun animal n'est lui-même à deux instants différents ; là où il était au présent, il est maintenant passé, là où il est présent, il était futur auparavant.  L'homme nait, puis vit tout d'abord en pleine forme, puis peu à peu il se sent moins dynamique, puis meurt. Etres vivants et même choses se dégradent, les choses s'usent et ne fonctionnent plus, les hommes vieillissent et meurent : tout disparait avec le temps sans que nous puissions rien y faire : c'est ainsi qu'Epicure écrit « en ce qui concerne la mort, nous habitons tous (…) une cité sans défense «.  L'homme sait qu'il est mortel, et c'est bien justement parce qu'il a conscience de sa finitude, qu'il peut ressentir une certaine amertume et angoisse à l'idée qu'il puisse « perdre son temps « car si le temps ne peut être ni possédé, ni maîtrisé, l'expression populaire perdre son temps signifie bien cependant quelque chose pour nous tous.    L'expression « perdre son temps « est une métaphore, je ne peux pas perdre mon temps puisqu'il est immatériel. Le temps qui s'écoule lorsque j'ai la sensation de le perdre ne diminue en rien la durée de mon existence, littéralement « perdre son temps « ce serait se rapprocher de la mort, quand je perds mon temps, je veux plutôt dire que j'utilise mal mon temps, j'ai un devoir important à faire à la maison et je suis bloqué dans un embouteillage, mon emploi du temps en est donc compromis et désorganisé ; en perdant mon temps, je perds, en fait le contrôle de celui-ci.  Cela peut aussi signifier que je n'arrive pas à l'utiliser de façon efficace et rentable, c'est le cas par exemple quand j'ai un travail à faire mais que je n'avance. Perdre son temps serait donc une mauvaise organisation ou une non maîtrise de son temps et nous donnerait alors la sensation d'avoir perdu une possibilité de faire quelque chose qui nous aurait davantage satisfait.  L'homme subit le devenir et notamment le vieillissement irréversible de son corps, cet état de fait est une forme d'impuissance puisqu'il n'y peut rien. Ainsi le temps qui passe peut être vu comme un obstacle à notre liberté, car toutes les actions que j'aurai pu tenter, ne le seront faute de temps.  L'expression « perdre son temps «marque donc le sentiment de frustration lié à un manque, à une perte d'une partie de sa liberté, de ses possibilités. Le fait de savoir que l'on va mourir implique une véritable angoisse : la présence de la mort en filigrane de la vie entraîne pour l'homme une conséquence décisive quant à sa façon de donner un sens à sa vie. La conscience du temps peut alors s'accompagner de désespoir, car on ne fait que subir l'écoulement du temps sans pouvoir l'arrêter ni le remonter et le désespoir sera d'autant plus grand qu'on aura l'impression d'avoir gâché de ce temps si précieux. La destruction du temps devient donc essentielle au sens où elle est au c½ur de la conscience humaine. A cause du temps qui passe, la conscience est tournée vers le passé, nostalgique. L'homme regrette sa jeunesse, somme infinie de possibilités qui se réduisent au fur et à mesure que certain choix se font.  Cependant peut-on vraiment regretter ce temps perdu en tant que temps d'action, car il n'a jamais véritablement existé. Nous ne pouvons donc pas savoir comment nous l'aurions occupé si nous ne l'avions pas gaspillé. Perdre son temps c'est imaginer ce qu'on aurait pu faire dans un temps qui n'existe déjà plus car il a été occupé à autre chose. Je pense avoir perdu mon temps car je crois que j'aurais pu le mettre davantage à profit, mais je ne peux connaître ce que j'ai perdu et ce que je dois regretter car je ne pourrais faire l'expérience de cette possibilité, il n'y a d'existence que dans le présent. Perdre son temps est donc un produit de l'imagination.    Et c'est parce que nous sommes incapables de penser le temps autrement que quantifiable et linéaire que nous vivons le temps qui passe comme une perte.  Le christianisme nous a habitués à concevoir le temps comme un axe orienté : la création du monde en marque le début et l'apocalypse la fin, c'est ce qu'on appelle « la flèche du temps « ; nous pensons au temps comme à une ligne droite qui va à l'infini et dont notre pauvre existence n'occuperait qu'une infime partie. Pourtant nous n'avons pas toujours cru qu'il en était ainsi. Dans les sociétés anciennes comme celle des Aztèques par exemple, on voyait le temps comme un cycle, un éternel recommencement et renouveau. Marc Aurèle a écrit « toutes les choses sont semblables et recommençantes «. La sciences nous a d'ailleurs montré que la nature fonctionne selon des cycles : cycle des saisons, de l'eau…Et notre corps lui-même ne se maintient en vie que sur la base du bon fonctionnement des cycles vitaux, ainsi il est soumis au cycle hormonal, du sommeil, de la reproduction…Et le bon sens populaire ne dit-il pas « ça ne tourne pas rond «quand cela va mal ?Cette conception du temps permet non plus d'envisager l'écoulement du temps comme une perte mais plutôt comme une renaissance. En s'éloignant de la nature, l'homme a oublié cette évidence et n'ai plus capable de reconnaître La Rondeur des jours, ouvrage de Jean Giono : « les jours(…) n'ont pas la forme longue, de celle des choses qui vont vers des buts : la flèche, la route, cette forme des choses éternelles et statiques : le soleil, le monde, Dieu. La civilisation a voulu nous persuader que nous allons vers(…) un but lointain(…) notre seul but c'est vivre.  L'homme civilisé vit dans l'angoisse du temps qui passe parce qu'il vit le temps comme une ligne où le passé s'en est déjà allé emportant avec lui ses espoirs déçus et où seul le futur l'intéresse « ce sont ceux là qui disent : les jours sont longs. Non les jours sont ronds «. Si nous manquons la rondeur du présent, c'est parce que notre temporalité d'homme moderne est une perpétuelle fuite dans le temps linéaire.  Mais on peut, comme les stoïciens, vivre le présent comme s'il se suffisait à lui-même et éprouver une sorte de plénitude, puisqu'il est vécu comme parfait. L'écoulement du temps est réel mais il ne s'accompagne d'aucun regret, puisqu'il s'agit d'adapter ses désirs à l'ordre du monde. Le sage n'espère rien, il vit au présent et rien ne lui manque : « tu cesseras de craindre, si tu as cessé d'espérer «nous dit Hécaton de Rhodes. Le présent est ici une forme d'éternité où les caractéristiques du temps semblent avoir disparu. « Carpe diem « nous dit Horace.  Pour Bergson, on ne doit pas appréhender le temps comme quelque chose de quantifiable : quand je perds mon temps j'évalue cette perte en minutes et en heures. Or le temps est durée, seule la conscience qui vit en durée peut appréhender le temps, car chacun sait que, selon les circonstances on dit du temps qu'il passe vite où lentement. Le temps « passe « : c'est une succession irréversible de moments, tous différents, c'est pour cela que le temps n'est pas mesurable : « quand je suis des yeux, sur le cadran d'une horloge, le mouvement de l'aiguille…je ne mesure pas de la durée comme on parait le croire, je me borne à compter des simultanéités «. Bergson dénonce la confusion entre le temps vécu et le temps mesuré, celui de la conscience et celui que mesurent les horloges.    Le temps n'étant pas un objet que l'on peut posséder, l'expression populaire « perdre son temps «ne peut être qu'une métaphore qui exprime une frustration, celle de n'avoir pas profité de notre temps comme nous l'aurions souhaité. Toutefois si nous ressentons l'écoulement du temps comme une perte c'est parce que nous l'appréhendons d'une manière linéaire qui suggère un début et une fin, plutôt que de manière cyclique, mais également comme l'a dit Bergson, parce que nous le mesurons, or le temps n'est pas mesurable ; le temps vécu par la conscience est irréductible au temps construit par les mathématiques. Seule la conscience est capable de faire l'expérience de la durée, comprise comme une réalité indivisible.  Quand on perd du temps, d'un point de vue philosophique on ne perd pas des minutes ou des heures, mais on perd du temps authentique.   

temps

« gâché de ce temps si précieux.

La destruction du temps devient donc essentielle au sens où elle est au c½ur de laconscience humaine.

A cause du temps qui passe, la conscience est tournée vers le passé, nostalgique.

L'hommeregrette sa jeunesse, somme infinie de possibilités qui se réduisent au fur et à mesure que certain choix se font.Cependant peut-on vraiment regretter ce temps perdu en tant que temps d'action, car il n'a jamais véritablementexisté.

Nous ne pouvons donc pas savoir comment nous l'aurions occupé si nous ne l'avions pas gaspillé.

Perdre sontemps c'est imaginer ce qu'on aurait pu faire dans un temps qui n'existe déjà plus car il a été occupé à autre chose.Je pense avoir perdu mon temps car je crois que j'aurais pu le mettre davantage à profit, mais je ne peux connaîtrece que j'ai perdu et ce que je dois regretter car je ne pourrais faire l'expérience de cette possibilité, il n'y ad'existence que dans le présent.

Perdre son temps est donc un produit de l'imagination. Et c'est parce que nous sommes incapables de penser le temps autrement que quantifiable et linéaire que nousvivons le temps qui passe comme une perte.Le christianisme nous a habitués à concevoir le temps comme un axe orienté : la création du monde en marque ledébut et l'apocalypse la fin, c'est ce qu'on appelle « la flèche du temps » ; nous pensons au temps comme à uneligne droite qui va à l'infini et dont notre pauvre existence n'occuperait qu'une infime partie.

Pourtant nous n'avonspas toujours cru qu'il en était ainsi.

Dans les sociétés anciennes comme celle des Aztèques par exemple, on voyaitle temps comme un cycle, un éternel recommencement et renouveau.

Marc Aurèle a écrit « toutes les choses sontsemblables et recommençantes ».

La sciences nous a d'ailleurs montré que la nature fonctionne selon des cycles :cycle des saisons, de l'eau…Et notre corps lui-même ne se maintient en vie que sur la base du bonfonctionnement des cycles vitaux, ainsi il est soumis au cycle hormonal, du sommeil, de la reproduction…Et lebon sens populaire ne dit-il pas « ça ne tourne pas rond »quand cela va mal ?Cette conception du temps permetnon plus d'envisager l'écoulement du temps comme une perte mais plutôt comme une renaissance.

En s'éloignant dela nature, l'homme a oublié cette évidence et n'ai plus capable de reconnaître La Rondeur des jours, ouvrage deJean Giono : « les jours(…) n'ont pas la forme longue, de celle des choses qui vont vers des buts : la flèche,la route, cette forme des choses éternelles et statiques : le soleil, le monde, Dieu.

La civilisation a voulu nouspersuader que nous allons vers(…) un but lointain(…) notre seul but c'est vivre.L'homme civilisé vit dans l'angoisse du temps qui passe parce qu'il vit le temps comme une ligne où le passé s'en estdéjà allé emportant avec lui ses espoirs déçus et où seul le futur l'intéresse « ce sont ceux là qui disent : les jourssont longs.

Non les jours sont ronds ».

Si nous manquons la rondeur du présent, c'est parce que notre temporalitéd'homme moderne est une perpétuelle fuite dans le temps linéaire.Mais on peut, comme les stoïciens, vivre le présent comme s'il se suffisait à lui-même et éprouver une sorte deplénitude, puisqu'il est vécu comme parfait.

L'écoulement du temps est réel mais il ne s'accompagne d'aucun regret,puisqu'il s'agit d'adapter ses désirs à l'ordre du monde.

Le sage n'espère rien, il vit au présent et rien ne lui manque :« tu cesseras de craindre, si tu as cessé d'espérer »nous dit Hécaton de Rhodes.

Le présent est ici une formed'éternité où les caractéristiques du temps semblent avoir disparu.

« Carpe diem » nous dit Horace.Pour Bergson, on ne doit pas appréhender le temps comme quelque chose de quantifiable : quand je perds montemps j'évalue cette perte en minutes et en heures.

Or le temps est durée, seule la conscience qui vit en duréepeut appréhender le temps, car chacun sait que, selon les circonstances on dit du temps qu'il passe vite oùlentement.

Le temps « passe » : c'est une succession irréversible de moments, tous différents, c'est pour cela quele temps n'est pas mesurable : « quand je suis des yeux, sur le cadran d'une horloge, le mouvement del'aiguille…je ne mesure pas de la durée comme on parait le croire, je me borne à compter des simultanéités ».Bergson dénonce la confusion entre le temps vécu et le temps mesuré, celui de la conscience et celui que mesurentles horloges. Le temps n'étant pas un objet que l'on peut posséder, l'expression populaire « perdre son temps »ne peut êtrequ'une métaphore qui exprime une frustration, celle de n'avoir pas profité de notre temps comme nous l'aurionssouhaité.

Toutefois si nous ressentons l'écoulement du temps comme une perte c'est parce que nous l'appréhendonsd'une manière linéaire qui suggère un début et une fin, plutôt que de manière cyclique, mais également comme l'a ditBergson, parce que nous le mesurons, or le temps n'est pas mesurable ; le temps vécu par la conscience estirréductible au temps construit par les mathématiques.

Seule la conscience est capable de faire l'expérience de ladurée, comprise comme une réalité indivisible.Quand on perd du temps, d'un point de vue philosophique on ne perd pas des minutes ou des heures, mais on perddu temps authentique. Sujet désiré en échange : commentaire texte saint augustin: onnais toi toi même. »

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