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Qu'est-ce que je perds quand je perds mon temps ?

Publié le 06/02/2004

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temps

Le temps est une dimension immatérielle : on ne peut arrêter le temps, le saisir, ni même le ralentir. Autrement dit, le temps n’est pas un objet ; pourtant nous pouvons « avoir « ou « perdre « du temps. Il y a là un paradoxe : le temps est insaisissable, étranger à l’ordre de la matière, et pourtant il peut faire l’objet d’une possession ou d’une perte. Mais, qu’est-ce que je perds quand je perds mon temps, puisque le temps n’est rien de matériel ? Nous verrons que le langage est ici trompeur : dire que je perds mon temps revient à dire que je n’organise pas bien mon activité dans le temps. Perdre son temps, c’est être en retard sur un plan, mais le temps ne fait pas en lui-même l’objet d’une perte.

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« le puis, je sais du moins que, où qu'ils soient, ils n'y sont pas en tant que choses futures ou passées, mais sontchoses présentes.

Car s'ils y sont, futur il n'y est pas encore, passé il n'y est plus.

Où donc qu'ils soient, quels qu'ilssoient, ils n'y sont que présents.

Quand nous racontons véridiquement le passé, ce qui sort de la mémoire, ce n'estpas la réalité même, la réalité passée, mais des mots, conçus d'après ces images qu'elle a fixées comme des tracesdans notre esprit en passant par les sens.

Mon enfance par exemple, qui n'est plus, est dans un passé qui n'estplus, mais quand je me la rappelle et la raconte, c'est son image que je vois dans le présent, image présente en mamémoire.

En va-t-il de même quand on prédit l'avenir ? Les choses qui ne sont pas encore sont-elles pressentiesgrâce à des images présentes ? Je confesse, mon Dieu, que je ne le sais pas.

Mais je sais bien en tout cas qued'ordinaire nous préméditons nos actions futures et que cette préméditation est présente, alors que l'actionpréméditée n'est pas encore puisqu'elle est à venir.

Quand nous l'aurons entreprise, quand nous commenceronsd'exécuter notre projet, alors l'action existera mais ne sera plus à venir, mais présente.

(...) Il est dès lors évidentet clair que ni l'avenir ni le passé ne sont et qu'il est impropre de dire : il y a trois temps, le passé, le présent,l'avenir, mais qu'il serait exact de dire : il y a trois temps, un présent au sujet du passé, un présent au sujet duprésent, un présent au sujet de l'avenir.

Il y a en effet dans l'âme ces trois instances, et je ne les vois pas ailleurs :un présent relatif au passé, la mémoire, un présent relatif au présent, la perception, un présent relatif à l'avenir,l'attente.

Si l'on me permet ces expressions, ce sont bien trois temps que je vois et je conviens qu'il y en a trois. Saint Augustin Il est maintenant clair et évident que les choses futures ni les choses passées ne sont point, et que c'estimproprement qu'on dit : il y a trois temps : le passé, le présent, le futur, mais sans doute dirait-on correctement : ily a trois temps, le présent des choses passées, le présent des choses présentes, le présent des choses futures.Car ces trois sortes de choses sont bien dans l'âme et je ne les vois point ailleurs : la mémoire présente des chosespassées, la conscience présente des choses présentes et l'attente présente des choses futures.

Si l'on nous permetde parler ainsi, alors je vois trois temps et j'accorde qu'il y en a trois.

Que l'on dise encore : il y a trois temps, lepassé, le présent et le futur, selon un usage abusif, soit! je n'en ai cure, je ne m'y oppose ni ne le blâme, pourvutoutefois que l'on comprenne ce que l'on dit, à savoir que ni ce qui est futur soit déjà, ni ce qui est passé soitencore.

Car nous parlons de peu de choses correctement, de la plupart incorrectement, mais on voit bien ce quenous voulons dire. II Perdre conscience comme conscience d'un manque Lorsque je perds mon temps, j'ai l'intuition d'avoir perdu une possibilité.

Le temps et l'espace sont les deux lieux où la conscience se situent.

Ainsi, toutes mes capacités d'action se trouvent en eux.

Perdre son temps dérivedonc d'un sentiment de frustration lié à une perte d'une partie de sa liberté.

Si perdre son temps, c'est perdre despossibilités c'est donc perdre sa liberté totale, cependant cette conception du temps ne reste t elle pas imaginairepuisqu'il s'agit d'un temps d'actions qui n'a jamais été? Références utiles Bergson Quand l'enfant s'amuse à reconstituer une image en assemblant les pièces d'un jeu de patience, il y réussit de plusen plus vite à mesure qu'il s'exerce davantage.

La reconstitution était d'ailleurs instantanée, l'enfant la trouvaittoute faite, quand il ouvrait la boîte au sortir du magasin.

L'opération n'exige donc pas un temps déterminé, etmême, théoriquement, elle n'exige aucun temps.

C'est que le résultat en est donné.

C'est que l'image est créée déjàet que, pour l'obtenir, il suffit d'un travail de recomposition et de réarrangement, - travail qu'on peut supposer allantde plus en plus vite, et même infiniment vite au point d'être instantané.

Mais, pour l'artiste qui crée une image en latirant du fond de son âme, le temps n'est plus un accessoire.

Ce n'est pas un intervalle qu'on puisse allonger ouraccourcir sans en modifier le contenu.

La durée de son travail fait partie intégrante de son travail.

La contracter oula dilater serait modifier à la fois l'évolution psychologique qui la remplit et l'invention qui en est le terme.

Le tempsd'invention ne fait qu'un ici avec l'invention même.

C'est le progrès d'une pensée qui change au fur et à mesurequ'elle prend corps.

Enfin c'est un processus vital, quelque chose comme la maturation d'une idée.

Le peintre estdevant sa toile, les couleurs sont sur la palette, le modèle pose ; nous voyons tout cela, et nous connaissons aussila manière du peintre : prévoyons-nous ce qui apparaîtra sur la toile ? Nous possédons les éléments du problème ;nous savons, d'une connaissance abstraite, comment il sera résolu, car le portrait ressemblera sûrement au modèleet sûrement aussi à l'artiste ; mais la solution concrète apporte avec elle cet imprévisible rien qui est le tout del'oeuvre d'art.

Et c'est ce rien qui prend du temps. III L'illusion de la perte Lorsque je perd mon temps, je me trompe donc sur un point : je ne peux perdre ce que je n'ai jamais eu.

Il n'y a d'existence concrète que dans le présent.

Perdre son temps est donc un produit de l'imagination basé sur uneexpérience.

Je sais que pendant une partie de ce temps que j'ai perdu, j'aurais pu faire certaines choses car monexpérience me prouve que j'en possède la capacité.

Cependant cela reste dans le domaine purement spéculatif, jene sais pas réellement ce que j'ai perdu car je ne pourrai jamais en faire l'expérience .

Perdre son temps c'estregretter une période qui est passée et que je ne pourrai jamais récupérer, perdre son temps c'est d'imaginerdans un temps qui n'existe déjà plus car il a été consacré à autre chose.. »

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