Devoir de Philosophie

LE RESPECT DE LA PAROLE DONNÉE

Publié le 11/10/2010

Extrait du document

  • Lecture - Prisonnier sur parole.

    (Le capitaine Renaud, un jeune officier de Napoléon, a été fait prisonnier par les Anglais. Sa captivité dure depuis des années, mais il a donné sa parole de ne pas s'évader.)

    L'amiral anglais vint à moi :

    « Nous ne tarderons pas, me dit-il, à nous rapprocher de la France... Souvenez-vous que vous êtes ici sur votre parole et que je ne vous surveillerai point... Si la tentation devient trop grande pour que votre courage y résiste, venez me trouver quand vous craindrez de succomber... Souvenez-vous qu'il est permis de rompre une chaîne de galérien, mais non une parole d'honneur... «

    L'amiral me laissait en proie à un combat nouveau. Ce qui n'était en moi qu'un ennui profond de la captivité devint un besoin effréné de la Patrie... C'était une vie cruelle que je menais... Quelquefois le bateau s'avançait si près de la France que je pouvais distinguer des hommes et des enfants qui marchaient sur le rivage. Alors, le coeur me battait violemment et une rage intérieure me dévorait avec tant de violence que j'allais me cacher à fond de cale pour ne pas succomber au désir de me jeter à la nage.

    Un jour, le vaisseau L'Océan, qui nous portait, vint relâcher à Gibraltar. Je descendis à terre et, en me promenant seul dans la ville, je rencontrai un officier français prisonnier... Il me dit tout de suite qu'il allait se sauver avec des camarades, qu'ils avaient trouvé une occasion excellente... Il m'engagea à en faire autant : « A ta place je partirais. Sais-tu bien que ton avancement est perdu... Les lieutenants du même temps que toi sont déjà colonels... «

    La tête me tourna et je promis de partir...

    Le soir de l'évasion arriva. Ma tête bouillonnait.., il se livrait en moi un combat violent... Tout à coup, je sentis que tout cela était impossible... Quand je vis ce que j'allais faire et que j'allais manquer à ma parole, il me prit une telle épouvante que je crus que j'allais devenir fou. Je courus sur le rivage, je me jetai à la nage, et j'abordai dans la nuit L'Océan, ma flottante prison.

    D'après Alfred de VIGNY - Servitude et grandeur militaires.

  •  

    Liens utiles