LES CONTES DE MA MERE L'OYE de Charles Perrault, illustrations de Gustave Doré

« d) Une société hiérarchisée Quand Louis XIV arrive au pouvoir, la haute société participe à cette glorification du pouvoir royal.

La Cour est ununivers clos.

Le luxe reste avec la vie dans les campagnes où pèsent les guerres et les famines à répétition.

Toute cette élite mondaine prend plaisir à retrouver dans les contes de fées une vision idéalisée de son propre mode de vie.

II – Un genre mépriséA la fin du règne de Louis XIV, le mode de vie des courtisans est attaqué de toutes parts.

Les caisses du royaumesont vides.

Les distractions mondaines comme l'opéra, le théâtre ou le roman sont vivement critiquées.

Lesspectacles dans leur ensemble sont jugés immoraux.

Le conte de fée est méprisé dans la hiérarchie des genres littéraires, même au plus fort de la mode.

On ne lui reconnaît pas la noblesse des genres sérieux hérités del'Antiquité.

L'univers merveilleux des contes est tout au plus jugé digne des enfants dont le jugement n'est pas encore formé ; Ou des femmes .

Le discrédit du genre est tel que Perrault doit sans cesse justifier son choix d'écrire ces contes.L'ECRIVAIN A SA TABLE DE TRAVAIL I – Contes oraux et contes écrits a) La culture populaire La plupart des contes de Perrault ont des sources orales , les contes populaires qui étaient racontés dans les campagnes, souvent le soir à la veillée, quand les enfants étaient couchés.

Les conteurs jouent un grand rôle danscette transmission.

Ils ne sont pas des professionnels mais ils sont reconnus par la communauté pour leur habileté àraconter les histoires et à tenir leur auditoire en haleine.

C'est dans ces contes populaires qui étaient racontés dansles campagnes que Perrault a trouvé la matière des siens .

Il ne les a pas inventés, mais collectés , peut-être avec l'aide de son fils, puis écrits. b) La trace des sources orales dans les Contes Les conteurs s'appuient souvent, pour raconter leurs histoires sans rien oublier, sur des éléments répétés plusieurs fois qui leur servent de points de repère.

On retrouve ce genre de procédé chez Perrault.

Dans Le Petit chaperon Rouge , par exemple, il joue sur la répétition des questions qui commencent toutes de la même façon.

Tous les contes contiennent en outre de nombreux discours directs où le conteur pouvait aisément varier les voix qu'il prenait selon les personnages qui parlaient. c) Un style simple mais littéraire Les contes de Perrault ne ressemblent que de loin aux contes populaires dont ils s'inspirent.

En les écrivant, il lesfixe une fois pour toutes : ils n'évoluent plus .

L'auteur a veillé à leur donner un style très limpide, très élégant mais très sobre, qui reflète l'idéal classique de la conversation au 17°s.

Perrault veut donner l'illusion du naturel et de la naïveté enfantine pour ces histoires de fées qui ne sont que des « bagatelles ».

On peut noter l'omniprésence de l'humour. Perrault adresse volontiers des clins d'œil à ses lecteurs. II – La leçon des contes a) Les moralités Le but des contes n'est pas seulement de distraire, c'est aussi d'instruire. Souci de donner au conte un rôle pédagogique , présence d'une morale.

Elle est censée tirer les leçons du conte, à la manière des moralités de La Fontaine.

Elles soulignent que le conte n'est pas un genre immoral, puisqu'on en tire des enseignements, mais ellesle font avec une ironie amusée.

Elles incarnent bien l'ambiguïté des Contes de Perrault qui s'adressent d'abord à des adultes mais qui visent aussi les enfants. b) Le modèle social Chaque conte est porteur de valeurs qui reflètent celles de la société de l'époque, et propose par là même des modèles de comportement.

Perrault est en phase avec les conceptions dominantes de son temps .

On commence tout juste à se préoccuper de l'éducation des filles mais avec une visée très limitée.

Loin d'être atemporels, lesContes portent les valeurs et la langue du monde dans lequel ils sont nés.

QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES I – DéfinitionLa querelle oppose deux courants : · Les anciens, ou les classiques menés par Boileau soutenaient que la création littéraire devait être une imitation des auteurs de l'Antiquité . · Les modernes , représentés par Charles Perrault, qui soutenaient le mérite des auteurs du siècle de Louis XIV.

Ils prônaient une littérature adaptée à l'époque contemporaine et des formes artistiques nouvelles. II – Historique · La querelle française est le fait d'hommes de lettres qui ont les yeux fixés sur leur Roi. · Perrault déclencha les hostilités avec un de ses poèmes.

Protestation immédiate de Boileau. III – Lumières · La querelle s'est poursuivie par le romantisme .

C'est en fait une opposition d'idées sur l'autorité même et le progrès.. »