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Quelle image du peuple présentent les Contes de Perrault et leurs illustrations de Doré ?

Publié le 29/09/2010

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perrault

 

Issu de la tradition orale et populaire, le conte est une forme privilégiée de représentation du peuple. Cependant par le passage à l’écrit, ce peuple devient une donnée parmi d’autres dans un univers poétique plus complexe. Il trouve alors son sens dans sa relation au pouvoir royal et merveilleux. Le peuple paraît donc essentiel à la composition du conte.

 

Le peuple : est composé de petits artisans ( bûcheron, meunier), de domestiques ( Cendrillon, servante sous son propre toit, Peau d'Âne, embauchée comme "souillon" ( = valet de cuisine ; de "souiller" car ces valets accomplissaient des tâches où ils se salissaient)  dans une ferme, et du monde rural ( Griselidis est bergère).

Il est caractérisé par sa très grande précarité matérielle : les parents du Petit Poucet n'ont plus de quoi nourrir leurs enfants ; le meunier laisse à ses trois enfants un héritage si modeste que le cadet doit sa survie à la ruse de son chat ;Griselidis doit faire preuve d'économie pour survivre, elle conduisait " son troupeau, / D'une main sage et ménagère. Le travail est difficile, le bûcheron des Souhaits ridicules est " las de sa pénible vie", Cendrillon et Peau d'Âne accomplissent les tâches ménagères les plus fatigantes,  peu rentables, et de surcroît les riches ne leur pas ce qui leur est dû ( cf Le petit Poucet).

Le peuple, vit à l'écart de la société, dans des endroits reculés

 

   I. Le peuple, milieu social attendu des contes, en référence au conte populaire (on met en scène une famille pauvre en proie à l’injustice)

1) la famille populaire : nombreuse mais incomplète

   a) nombreuse : beaucoup de frères et de sœurs (à la différence des familles nobles) ; voir le « Petit Poucet «, conte et illustration

   b) incomplète : manque fréquent d’un des parents (exception du PP) et recomposition des familles (voir « Les Fées «, « Cendrillon «) mais Doré n’insiste pas sur cet élément qui oriente plutôt la représentation de la famille comme lieu de malheur. Voir « le Chat Botté « et la disparition du père.

2) monde du travail et de l’injustice

   a) travail laborieux et mal rémunéré : artisanat, pauvreté (héritage CB, famine PP + illust 1 de PP)

   b) travail domestique dévalorisé conduisant au malheur : Cendrillon et l’origine de son nom : cul-cendron. Retranscription d’un parlé populaire : « la bobinette cherra «, usage des diminutifs, monde trivial (boudin, ivresse dans les « Souhaits ridicules «.)

   c) un monde aspirant à une meilleure situation : ainsi Cendrillon rêve d’un sort meilleur qu’obtiennent ses sœurs, ou la sœur aînée des « Fées «. Ces aspirations se font par jalousie et rivalité. Même riches, les familles du peuple ont dans leur foyer une part de malheur représentée souvent par le dernier des enfants.

 

  II. Le peuple, milieu moral conduisant à la reconnaissance de la vertu

 

1) Un peuple soumis au pouvoir royal

Le peuple est victime de l'indifférence des riches, Peau d'Âne en fait la triste expérience, elle qui est rejetée de partout ; il est méprisé par les riches, Cendrillon n'est pas invitée au bal parce que le jeune prince n'avait invité que les demoiselles de bonne famille, Peau d'Âne vit " dans un coin au fond de la cuisine". Même le Chat botté dédaigne les paysans et leur impose de mentir. Et si Jupiter n'avait pas prêté une oreille attentive à la plainte du bûcheron, de toute évidence, il aurait mis fin à ses jours.

 

Dépendance de la famille du Petit Poucet à l’égard des dettes d’un seigneur, image de solidarité que ne traite pas Doré. Cette image de la dette du noble vis-à-vis du peuple propose une vision solidaire de la nation que Doré n’illustre pas en minimisant les scènes de rencontre entre les deux univers (cf. BBD). Seule exception : Cendrillon ; sinon le peuple est réduit à la soumission comme le montre l’illustration du « Chat Botté «2.

 

2) Une frontière poreuse

Mais la frontière entre les riches et les pauvres n'est pas infranchissable. En effet, Peau d'Âne, de riche princesse adulée, servie, comblée, va connaître les affres de la misère du peuple. Elle troque ses belles robes contre une peau d'âne puante qui provoque la répulsion de tous, mais c'est sous cette apparence qu'elle gagne le coeur du prince. Que lui importe qui elle soit, d'où elle vienne, seul compte l'amour qu'il éprouve pour elle. De même Cendrillon a séduit le prince par sa beauté et son élégance mais c'est à la servante en  haillons qu'il retrouve qu'il fait sa demande en mariage.

 

Le statut social, dans les contes, n'est pas une valeur, s'il est élevé, ni un handicap, s'il est modeste. Le hasard des rencontres, la ruse et la débrouillardise, la bonté, le courage sont des atouts bien plus importants que la richesse.

 

Le peuple à la recherche de son salut : une vision allégorique de la morale

 

       vertu et patience

 

   a) à l’image de la morale : fidélité, vertu. Association beauté – vertu est représentée par Grisélidis, mais aussi par Cendrillon. chez Perrault ou Doré)

   b) attendre l’accomplissement de son destin (voir le Marquis de Carabas) et endurer les souffrances du destin : le peuple vit dans un lieu de violence : Perrault / Doré : Petit Poucet et Ogre, Chaperon rouge. Ce dernier conte symbolise la situation du peuple sans aide.

 

De la soumission au courage : Petit Poucet au secours de ses frères à la fin du conte, courage récompensé de l’enfant.

 

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