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Les résolutions de Louis Bastide

Publié le 17/01/2022

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(M. Bastide a perdu son emploi et ne trouve pas de travail.) M. Bastide persistant à ne pas trouver un travail nui lui convienne, Louis a pris une résolution. Depuis plusieurs jours, il s'est juré qu'il gagnerait sa vie. Il n'a pas la sottise de se croire capable de gagner celle de ses parents. Mais il ne veut plus rien leur coûter. Il ne veut plus être pour rien dans le tarissement des économies... S'il ne peut pas gagner la vie de ses parents, il est persuadé qu'il peut gagner la sienne, à lui. Il a fait des calculs, il connaît le prix des choses ; non de toutes, bien sûr, mais des principales... En outre, il a questionné sa maman avec adresse. Il estime qu'à condition d'être modéré, de ne jamais reprendre deux fois d'un plat à table, de dire : « Merci, je n'ai plus faim », en face d'un fromage ou d'un fruit qu'on aime ; à condition aussi de ne pas trop jouer dans la cour de l'école, pour épargner les chaussures ; de surveiller ces mille gestes nerveux qu'on fait sans y penser, quand on est assis, et qui usent les vêtements, il arrivera à ne coûter chaque jour à ses parents que dix-neuf sous. Zéro franc quatre-vingt-quinze centimes. Lui-même ne retrouverait que difficilement tous les calculs qu'il a faits pour aboutir à ce chiffre. Mais maintenant il l'a adopté. Il s'agit donc de se procurer dix-neuf sous chaque jour, par son travail. Ce qui complique l'affaire, c'est que Louis continuera de fréquenter son école. Ce qui la complique encore davantage, c'est qu'il veut que ses parents, au moins au début, ne soient informés de rien. Il mettra ses gains de côté. Où? Il ne sait pas encore. Un jour, il dira à sa mère : « Voici tant d'argent. C'est ce que je t'ai coûté depuis tant de jours. » D'après Jules ROMAINS - Les Hommes de bonne volonté. Les Humbles. Flammarion

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