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A quelle condition une connaissance est-elle scientifique ?

Publié le 24/03/2005

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scientifique
  2) Nous devons alors, pour éclairer ce caractère essentiel de la connaissance scientifique, montrer le cheminement, le fonctionnement de l'esprit scientifique. La lumière de Claude Bernard est ici profitable ; en effet, dans Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, il est écrit cette citation : « Le savant complet est celui qui embrasse à la fois la théorie et la pratique expérimentale: premièrement, il constate un fait; deuxièmement, à propos de ce fait, une idée naît dans son esprit; troisièmement, en vue de cette idée, il raisonne, institue une expérience, en imagine et en réalise les conditions matérielles; quatrièmement, de cette expérience résultent de nouveaux phénomènes qu'il faut observer et ainsi de suite. L'esprit du savant se trouve en quelque sorte toujours placé entre deux observations: l'une qui sert de point de départ au raisonnement, et l'autre qui lui sert de conclusion ». La démarche menant à une connaissance scientifique est claire. Elle part d'une construction théorique née de l'observation d'un phénomène (car ce phénomène pose problème), une expérience est menée à partir de cette théorie et de nouveaux phénomènes observables en découlent, conduisant ainsi à de nouvelles théorisations, c'est-à-dire à de futures nouvelles connaissances scientifiques. Ces dernières nécessitent donc un va-et-vient continuel entre une théorisation et une pratique qui permet, par tâtonnement, de progresser vers une explication de la nature observable. Au contraire du savoir scientifique, l'opinion droite ne peut théoriser et donc ne peut expérimenter. Ce qui suppose qu'une connaissance scientifique reste cantonnée au domaine sensible ; Kant, et c'est une des leçons de la Critique de la raison pure, avait montré que l'esprit humain ne peut aller au-delà de l'expérience sensible. Toute science véritable avait besoin des deux formes a priori de la sensibilité que sont le temps et l'espace. Et ce fut la mort de la métaphysique en tant que science.

Une première remarque s’impose, c’est le singulier du terme « condition «. On nous demande la condition suffisante et nécessaire pour qu’une connaissance revête le caractère de scientifique et non un étalage de propriétés qui feraient qu’une connaissance soit scientifique.

On peut s’étonner d’une telle question en ce sens qu’une connaissance semble toujours être du côté de la science. Comment, en effet, une connaissance, puisqu’elle est finalement savoir, pourrait ne pas être scientifique ? Il faut alors se rappeler Platon qui fait la distinction dans le Ménon entre une  opinion et une opinion droite. C'est-à-dire que l’on peut avoir une connaissance exacte d’une chose, on peut dire la réalité ou dire vrai sans pour autant que cela soit une connaissance relevant d’un esprit scientifique. Le sujet nous invite donc à découvrir le trait essentiel d’une telle connaissance qui la distinguerait d’une opinion ou d’un savoir du commun, d’un savoir ordinaire. Qu’elle est alors la particularité d’une connaissance scientifique ? Quelle sorte de connaissance attend-t-on de la science ?

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« empirique, puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit, l'irréfutabilité n'estpas vertu mais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories comme le marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité desphénomènes qui se produisent dans leur domaine d'attribution, qu'aucun fait ne pourra jamais contredire. Prenons l'exemple de la psychanalyse.

N'est-ce pas une théorie qui échappe à toute épreuve qui pourrait la réfuter ? Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, au fond, pour lepsychanalyste, une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse,ne peut-elle pas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclutaucun fait de son domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de fausse science, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie. Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manière concluante.

Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience », cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation ».

Est vrai ce qui peut être falsifié. On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de la nature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découvertedes faits capables de l'infirmer.

L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établiedans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.

Les progrès se font par erreurs, par conjectures etréfutations.

On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux testsdestinés à l'invalider.

On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.

Ellepeut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation, lorsqu'un paramètre tend vers une valeurlimite.

Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton est englobée dans la théorie de la relativité généralisée de Einstein .

On peut même conjecturer que, sans être vraies, les théories nouvelles sont plus proches du vrai que celles qu'elles ont dépassées.

Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriqueset les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même. Toutefois ce n'est pas parce que certaines théories ne répondent pas à ce critère de falsifiabilité qu'il faut nécessairement les ravaler au rang de pseudo-sciences.

Il y a là une affirmation d'autant plus dogmatique quesavoir ce qu'est une science n'est pas décidable scientifiquement.

Il y a là aussi ce préjugé tenace que les sciencesphysiques sont le modèle de toute science, préjugés qui a freiné l'évolution des sciences humaines.

Voyons lacritique de la psychanalyse : elle est certes séduisante, mais elle oublie le statut particulier de cette théorie qui viseà formuler des « vérités » sur un objet qui est l'inconscient, objet qui ne fait pas sens dans le sens du discours que la conscience tient sur elle-même.

La théorie freudienne est liée à la découverte, par Freud , de son propre inconscient et de certaines dimensions qui se retrouvent dans l'inconscient de tout homme.

Comme le souligneLaplanche , « la psychanalyse personnelle est la voie royale pour accéder à quelque part de la vérité psychanalytique. » Transition : la connaissance scientifique propose donc une explication convaincante des phénomènes de la nature, proposition non pas universelle mais temporaire qui implique une relation entre théorie et expérience.

2) Nous devons alors, pour éclairer ce caractère essentiel de la connaissance scientifique, montrer le cheminement,le fonctionnement de l'esprit scientifique.

La lumière de Claude Bernard est ici profitable ; en effet, dans Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, il est écrit cette citation : « Le savant complet est celui quiembrasse à la fois la théorie et la pratique expérimentale: premièrement, il constate un fait; deuxièmement, à proposde ce fait, une idée naît dans son esprit; troisièmement, en vue de cette idée, il raisonne, institue une expérience,en imagine et en réalise les conditions matérielles; quatrièmement, de cette expérience résultent de nouveauxphénomènes qu'il faut observer et ainsi de suite.

L'esprit du savant se trouve en quelque sorte toujours placé entredeux observations: l'une qui sert de point de départ au raisonnement, et l'autre qui lui sert de conclusion ».

Ladémarche menant à une connaissance scientifique est claire.

Elle part d'une construction théorique née del'observation d'un phénomène (car ce phénomène pose problème), une expérience est menée à partir de cettethéorie et de nouveaux phénomènes observables en découlent, conduisant ainsi à de nouvelles théorisations, c'est-à-dire à de futures nouvelles connaissances scientifiques.

Ces dernières nécessitent donc un va-et-vient continuelentre une théorisation et une pratique qui permet, par tâtonnement, de progresser vers une explication de la natureobservable.

Au contraire du savoir scientifique, l'opinion droite ne peut théoriser et donc ne peut expérimenter.. »

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