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A quelles conditions le souci de soi échappe-t-il au solipsisme ?

Publié le 30/08/2009

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Se soucier de soi, c'est tout à la fois faire attention à soi, mais aussi s'occuper de soi. Le soi désigne la réalité que je suis par opposition aux autres. Aussi il semble logique que le fait de prêter sur le plan théorique d'attention qu'à soi et de ne s'occuper que de soi sur le plan pratique paraisse devoir entraîner la négligence des autres et du monde, c'est-à-dire en son sens le plus général, au solipsisme. Le solipsisme provient du latin « solus-ipse « qui signifie seul en soi-même. Dans son acception philosophique, il constitue un doctrine pour laquelle le soi serait la seule réalité existante, le monde des objets extérieurs et autrui se réduiraient alors à des modifications de sa conscience. En ce sens le monde et autrui serait réductible à ma seule existence : j'existerais moi seul pour moi-même en l'absence de toute dépendance pratique à autrui. Or, dans la mesure où le solipsisme nous semble une aberration réfutée par notre vie quotidienne et condamnable sur le plan pratique, il s'agirait de se demander à quelles conditions le souci de soi échapperait au solipsisme. Le souci de soi entraîne t-il nécessairement au solipsisme et devrait-il être abandonné ou bien est-il possible de conserver l'exigence  du souci de soi sans sombrer dans le solipsisme ? Et à quelles conditions ?

 

  • solipsisme

   Du latin solus, « seul «, et ipse, « soi-même «. Position qui ne reconnaît comme existant que le sujet pensant et ses représentations.

   Le doute méthodique de Descartes débouche sur une position solipsiste, dont il va s'attacher à sortir.

« Par conséquent, si l'on pense le soi dans son rapport à autrui et même constitué par autrui, alors le souci de soiéchappe au solipsisme.

Doit-on alors nécessairement sur le plan pratique renoncer à se soucier de soi pour ne passombrer dans le solipsisme ? III Les conséquences pratiques du souci de soi _ Si le soi est pensé dans son opposition à l'autre, se soucier de soi, c'est nécessairement exclure l'autre de sespréoccupations.

En ce sens, se soucier de soi, c'est immédiatement pêcher par égoïsme.

C'est ce que l'on peutsoutenir avec Pascal au fragment 372 de ses Pensées en édition Lafuma : le soi individuel ne se laisse pas comprendre de lui-même, il doit être ressaisi comme membre d'un tout.

Le soi est comparable à un des membres d'uncorps.

Or un membre n'a de vie, d'être et de mouvement que par le corps tout entier.

Aussi se soucier de soi, selonPascal, c'est se séparer du corps et par orgueil se croire soi-même un tout.

En se croyant un tout, le soi ignore qu'ildépend d'une collectivité qui lui donne l'existence et il cherche alors à ne dépendre que de soi et à vouloir se fairecentre et corps lui-même.

En d'autres termes, le souci de soi est un souci exclusif : une fois que l'on a commencé àse secouer de soi, ce souci nous accapare tout entier et nous rend aveugle aux autres.

Par conséquent pouréchapper au solipsisme pratique, la seule solution serait de renoncer à soi._ Cependant il n'est pas vrai que le souci de soi exclut le souci des autres.

C'est ce que l'on peut soutenir avecRousseau au début du Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes .

L'amour de soi ne se laisse pas confondre avec l'amour propre.

Nous avons en effet dès la naissance deux principes qui émanent de notre raison : laconservation de notre être et le principe inné de pitié qui jugule notre amour propre.

Par notre amour de soi, noussommes intéressés à notre conservation et nous aimons comme la partie d'un tout si bien que nous réalisons notrebien avec le moindre mal fait à autrui.

C'est l'amour propre seul qu est condamnable en tant que par lui je n'aime uemoi, au détriment de tous les autres._ Enfin, si le souci de soi semble impliquer de prendre le soi pour fin dans une esthétique de l'individualité semblableau dandysme, le souci de soi dans son acception antique consiste moins à se singulariser qu'à dépasser sa propresingularité inessentielle pour rejoindre l'universel.

Ainsi on peut se référer au traité 1 des Ennéades de Plotin : par l'exercice spirituel, il s'agit de se débarrasser de notre si contingent et inessentiel pour accéder à un soi universel,celui de la raison par lequel nous sommes semblables à tous les autres individus.

Voici le commandement de laspiritualité plotinienne : « enlève le superflu, redresse ce qui est tordu et purifiant tout ce qui est ténébreux,travaille à être resplendissant.

Ne cesse de sculpter ta propre statue ».

Conclusion :Le souci de soi ne mène pas nécessairement au solipsisme.

En effet il suffit de ne plus penser le soi su le mode de laclôture comme une donnée première, mais sur le mode de l'ouverture comme le produit d'un processus deconstitution qui exige l'intervention d'autrui.

Ainsi lorsque je prête attention à ce que je suis, je rencontre le mondede l'intersubjectivité en tant que ma subjectivité propre.

La conséquence pratique est qu'il n'est pas nécessaire derenoncer à se soucier de soi pour se soucier des autres : l'amour de soi est compatible avec le souci des autres.Enfin le souci de soi entendue dans son esssntialité cherche moins à singulariser un individu qu'à le défaire de sasingularité pour l'élever à l'universalité.. »

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