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À quoi reconnaît-on une science ?

Publié le 30/01/2004

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Nombreux sont ceux qui, dans un passé plus ou moins proche, ont invoqué la science pour légitimer leurs idées, leurs actions ou leurs régimes. L'adjectif « scientifique », accolé au nom de leur doctrine, leur semblait une auréole capable de susciter l'adhésion de tous les hommes.Seulement, la science n'est parfois qu'un alibi, un masque, que le savoir véritable détruit ensuite. Par exemple, la génétique contemporaine infirme les « théories racistes scientifiques » que Gobineau avait formulées au siècle dernier. Et le « socialisme' scientifique » professé par Staline et qui devait mener au bonheur inéluctablement a lui aussi montré sa non-scientificité.Distinguer l'idéologie de la connaissance véritable et la croyance du savoir est donc indispensable. Il nous faut donc rechercher les signes caractéristiques de la science tout en signalant les fausses pistes. Mais cette entreprise est particulièrement ardue, parce que le nom de « science » est fréquemment usurpé et qu'il est appliqué à de multiples activités qui paraissent complètement étrangères les unes aux autres. 1. FAUX SIGNES DE RECONNAISSANCEAu premier abord, nous nous croyons bien incapables de déterminer abstraitement et de façon exhaustive les caractères de la science.

« reconnaissance parfaitement satisfaisant, car il ne convient pas à toutes les sciences.

Cette méthode en troistemps appartient exclusivement aux sciences de la nature.

Il est par exemple impossible ou erroné de recourir àl'expérimentation pour réaliser des démonstrations mathématiques : les propriétés du triangle ne sont pas établiesexpérimentalement, mais par une pure analyse de la notion de triangle.

De même, le théorème de Pythagore n'estpas démontré par un tracé de craie sur le tableau.

En définissant la science par la méthode expérimentale, nousprenons donc la partie pour le tout.

Nous commettons la même erreur que de nombreux savants du XIXe siècle, quiérigeaient la méthode des sciences de la nature en seul critère de scientificité. C - Ce que suppose notre question ¦ En demandant : « À quoi reconnaît-on une science ? », nous réclamons un signe de reconnaissance capabled'identifier la science à tout coup.

Mais cette question admet tacitement l'existence d'un critère de scientificitéunique, elle sous-entend que toutes les sciences ont un dénominateur commun, qu'elles ont des fondementsidentiques et qu'elles constituent un système cohérent et unifié : la science.¦ Cependant, si la science est un savoir spécifique, distinct de l'opinion et de la croyance, elle est loin d'être unifiée.Car les disciplines scientifiques ont des objets aussi différents que la matière inerte, les êtres vivants ou lesstructures des langues.

En outre, elles suivent des méthodes d'investigation très dissemblables et elles utilisent desprocédés de vérification hétérogènes.

On doit se rendre à l'évidence : il est vain de traquer un unique traitcaractéristique de la science, nous devons chercher les signes distinctifs de chaque type de science. 2.

À CHAQUE SCIENCE SES CARACTÉRISTIQUES Même si l'on disserte volontiers sur la science, sur sa nature ou sur ses progrès, en fait, on n'étudie jamais quedifférentes disciplines ayant un nom générique commun (science) et un adjectif qui les spécifie : sciencesphysiques, économiques, humaines ou naturelles.

Il est, en conséquence, plus indiqué de distinguer plusieursgrandes espèces de sciences, plus vastes qu'un savoir déterminé, mais plus précises que la connaissancescientifique en général. A - Les sciences expérimentales Sous le terme de « science », nous nous représentons le plus souvent ce modèle scientifique, que l'on nommeaussi « sciences de la nature ».

Il comprend notamment la physique, la chimie et la biologie, ainsi que toutes lesdisciplines étudiant la matière, vivante ou inerte.

Son objet est donc d'abord connaissable de façon empirique.

Toutefois, la simple observation de la nature ne suffit pas.

La recherche scientifique commence seulement si l'onabandonne la singularité du phénomène naturel pour ne considérer que ses propriétés universelles et quantifiables.Le savant observe une classe d'objet, isole ses propriétés et formule une hypothèse sur leur cause.

Pour que cettehypothèse soit scientifique, il faut qu'elle concerne tout objet de cette classe et donc qu'elle s'exprime sous laforme universelle d'un schéma mathématique.

La méthode de ce type de science prend donc racine dansl'expérience mais en abstrait, c'est-à-dire en mathématise, les données.

On reconnaît aussi une science expérimentale à ses procédés de vérification.

Si une série d'expériencesindéfiniment reproduite n'infirme pas l'explication avancée, si la formule mathématique rend effectivement comptedes phénomènes observés empiriquement, l'hypothèse est réputée vraie, tant qu'aucune expérience ne vient lacontredire, et reçoit le nom de « loi de la nature ». B - Les sciences « pures » Ce type de science, qui comprend la logique et les différentes branches des mathématiques, se distingue duprécédent par son objet.

Les nombres ou les figures géométriques, tout comme les systèmes logiques, ne sont eneffet pas donnés avant la recherche, dans l'expérience, ils sont construits par l'esprit humain.

Donc, la méthode nes'appuiera pas ici sur l'intuition sensible mais sur des définitions pour établir, par déduction, des propositions outhéorèmes.

Le principal procédé de vérification est la démonstration : une proposition est dite « valide » si elle est démontrée,c'est-à-dire si elle est rattachée par une série d'étapes dont chacune consiste en l'application d'une règlepréalablement reconnue, à une ou à plusieurs propositions premières dont la validité est postulée et que l'on nomme«l'axiomatique ».

En somme, l'ultime critère de scientificité est, en l'occurrence, la cohérence logique del'enchaînement démonstratif. C - Les sciences humaines Ces sciences prennent pour objet les manifestations de la culture humaine.

Aussi, à chaque aspect de notreexistence sociale peut correspondre une discipline; par exemple la sociologie étudie la structure des sociétés et lalinguistique, les systèmes de langue.

Leur méthode recourt à l'observation et à la formulation d'hypothèses toutcomme les sciences expérimentales.

Durkheim préconise, par exemple, cette démarche en sociologie. Mais l'objet de ces sciences n'est que partiellement quantifiable, aussi, l'hypothèse n'a-t-elle pas ici la forme d'uneloi mathématique.

Elle consiste en une interprétation.

De plus, on ne reproduit jamais à l'identique une situationhumaine, comme on peut répéter indéfiniment une même expérience chimique.

Ces savoirs sont donc privés devérification expérimentale au sens strict.. »

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