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Aimer, est ce la même chose qu'etre amoureux ?

Publié le 12/08/2005

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                       Être amoureux relève de la passion, on ne choisit pas d'être amoureux, comme le souligne la forme passive du verbe, tandis qu'on choisit d'aimer, en ce sens, on peut dire avec le psychanalyste Jacques Lacan qu'« aimer, c'est essentiellement vouloir être aimé ».   II.                     Aimer et être aimés relèvent pourtant de la même erreur, il s'agit dans les deux cas d'une illusion, nul n'aime ni n'est réellement aimé de qui que ce soit (comme nous venons de le voir), seules les qualités des gens sont aimables, comme le souligne le romancier Proust : « celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté l'aime-t-il ? Non, car la petite vérole qui tuera la beauté sans tuer la personne fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même (...). On n'aime personne que pour des qualités empruntées. » Pascal, Pensées, 1670. « Mon amour pour Albertine n'a été qu'une forme passagère de ma dévotion à la jeunesse.

 Le substantif « amour « (qui vient du latin « amor «) est largement polysémique. Il évoque l'attachement affectif, allant du degré le plus faible jusqu'à l'exclusivité, d'un sujet à des objets qui peuvent être variés. Un individu peut aimer une chose, une activité, une abstraction : le jardinage, la musique, Dieu (s'il est croyant) ou sa patrie ; il peut ressentir de l'amour pour un ou plusieurs individus : lui-même (« amour propre « ou « amour de soi «), un autre ou sa famille toute entière par exemple. On parle également de « l'amour « pour qualifier la sexualité dans son ensemble ou pour évoquer l'acte sexuel, auquel cas on dit « faire l'amour «. Empédocle, philosophe présocratique, conscient de la richesse du terme, parlait déjà de l'amour en terme d'« affinité universelle « ayant part dans un ordre cosmologique (ordre selon lequel le monde est organisé), en opposition avec un principe de désordre. Il existe en français deux verbes relatifs à l'amour : aimer et être amoureux (dérivés tous deux du latin « amare «). « Être amoureux «  est toujours relatif à un individu, on est amoureux de quelqu'un (certes il arrive d'entendre quelqu'un dire qu'il est amoureux de quelque chose, mais il s'agit toujours d'une métaphore, par exemple, Kant[1] écrit que les philosophes « sont toujours amoureux d'un savoir qui puisse leur faire connaître cette essence éternelle qui n'est point soumise aux vicissitudes de la génération et de la corruption «) ; tout comme on peut d'ailleurs dire que l'on aime quelqu'un. Si l'on envisage les différentes acceptions du verbe aimer, on comprend donc aisément qu'aimer et être amoureux n'aient pas le même sens. Mais lorsqu'il s'agit d'un amour dirigé vers un individu, la différence entre les deux termes fait problème. Pourquoi précise-t-on que l'on est amoureux de quelqu'un lorsqu'on pourrait se contenter de dire qu'on l'aime ?Aimer quelqu'un, est-ce la même chose qu'en être amoureux? Comment différencier les termes « aimer quelqu'un « et « être amoureux de quelqu'un « ?

« L'amour est un sentiment que nous aspirons tous à ressentir car il est source de joie.

En effet l'amoureux ou l'amantc'est-à-dire celui qui aime, se sent immergé par une telle force qu'il serait prêt à tout pour l'aimé : ne dit-on pascommunément que l'amour donne des ailes.

Les soucis du quotidien ne nous affectent plus car toute notre attentionest tournée du côté de celui qu'on aime.

Mais peut-on assimiler le sentiment amoureux et le fait s'aimer ? Autrementdit aimer, est-ce la même chose qu'être amoureux ? Etre amoureux, c'est ressentir un sentiment qui enveloppe toutnotre être, l'amour est ce qui nous rend joyeux en tant qu'il accentue notre puissance d'exister.

Mais le sentimentamoureux comme tout sentiment se vit à la première personne, il est ce qui vient colorer notre subjectivité.

Bref,être amoureux relève d'un état subjectif.

Or qu'en est-il du fait d'aimer ? A l'inverse du sentiment amoureux, aimercomme tout verbe désigne un acte.

En effet aimer c'est se tourner du côté de l'aimé, c'est vouloir lui faire du bienen étant bienveillant à son égard.

Il semble donc exister une opposition de force entre le sentiment amoureux et lefait d'aimer.

Le sentiment amoureux s'apparente plus à une force centripète car l'amant ressent toute sa puissanced'exister alors que le fait d'aimer s'éprouve comme une force centrifuge où l'amant est complètement tourné du côtéde l'aimé.Ainsi le problème est le suivant : comment faire en sorte pour que ces deux forces antagonistes puissents'accorder ? Peut-on être amoureux sans aimer ? I L'amour comme élan A : De manière générale l'amour est attirance vers le Bien.

L'amant considère que celui qu'il aime représente un bienabsolu.

L'amant retrouve en l'aimé une sorte d'unité perdue.

C'est cette recherche de l'unité perdue qui est dépeintedans le Banquet de Platon par Aristophane.

Les hommes possédaient un corps de forme sphérique auquel était accroché quatre bras et quatre jambes ainsi que deux visages.

Mais en raison d'une punition divine les corps furentcoupés en deux, et chaque moitié fût séparée.

Ainsi à travers l'amour chaque amant rechercherait finalement sadeuxième moitié.

B : L'amour est aussi une source de joie car on se réjouit d'être amoureux.

En effet la joie qu'éprouve l'amant lepousse à accomplir des choses pour l'aimé.

L'amoureux se sent investi d'une telle force que celle-ci vient augmentersa puissance d'exister.

Spinoza dans l'éthique définit l'amour comme « une joie qu'accompagne l'idée d'une cause extérieure »et montre ainsi que l'amour comme passion peut entraîner l'action quand celle-ci repose sur une idéeadéquate.Mais le problème c'est que l'amour n'est pas toujours ce qui me pousse à agir pour l'autre.

En effet l'amour estparfois égoïste II L'amour comme passion ou le piège du sentiment amoureux A : La passion amoureuse est le symbole même de l'amour égoïste où l'amant ne fait qu'aimer finalement son proprepassé en la personne de l'aimé.

En effet, la psychanalyse a montré que l'amour était une opération de transfert danslequel l'amant ne faisait que projeté sur l'aimé ses propres fantasmes où souvenirs infantiles.

Ainsi l'aimé dans lapassion amoureuse ne constitue qu'un miroir qui reflète les propres fantasmes de l'amant.

Le passionné n'estfinalement qu'un être qui ne fait qu'aimer sa propre image incarnée en la personne de l'aimé.

B : Le passionné c'est celui qui comme saint Augustin affirme « j'aimais à aimer », le passionné c'est celui qui aimele fait d'être amoureux.

Mais dans cette perspective, ce n'est pas l'autre qui compte, c'est plutôt mon propresentiment, mon propre moi.

Le passionné est donc amoureux de lui même ou plutôt du sentiment amoureux qui lebouleverse.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître le passionné c'est celui qui est amoureux sans aimer.

Or n'est-ilpas possible d'être amoureux et d'aimer en retour ? Comment aimer sans être victime des affres de la passionamoureuse ? III L'amour et le don et la question du fait d'aimer A : Le sentiment amoureux semble donc parfois confiner à l'égoïsme.

Mais c'est parce qu'il existe plusieurs manièresd'aimer.

La philosophie a toujours distingué deux sortes d'amour : l'amour de concupiscence dans lequel j'aime l'autreque parce qu'il répond à mes intérêts ; et l'amour de bienveillance dans lequel j'aime l'autre pour ce qu'il estindépendamment de mes propres intérêts.

C'est cet amour que Leibniz défend lorsqu'il propose sa définition del'amour dans ses Nouveaux essais sur l'entendement humain II, 20 : le vrai plaisir de l'amour c'est celui que noustirons du bonheur ou plaisir de l'autre.

Cet amour oblatif n'est pas un désintéressement total mais il prend enconsidération le plaisir de l'autre, chose que l'amour passion ne fait pas, dans la mesure où il relève d'un amourcaptatif dans lequel je cherche à posséder l'autre plutôt qu'à le laisser être.

Conclusion : Il existe plusieurs manières d'aimer et toutes ne se valent pas.

L'amour passion est cet amour dans lequel l'autren'est pas aimé pour lui-même mais plutôt pour ce qu'il incarne.

Le passionné n'aime finalement que sa propre image.De plus la passion amoureuse est finalement la quête du sentiment amoureux et non pas celle d'un autre être.

Lepassionné c'est celui qui se réjouit uniquement du fait d'être amoureux.

Or être amoureux c'est aussi aimer, c'est-à-dire sortir de soi pour se tourner vers l'autre en se réjouissant par le fait qu'il existe.

Aimer n'est donc pas réductibleau sentiment amoureux, car aimer c'est toujours se tourner vers l'autre.. »

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