Andrea Mantegna
Publié le 26/02/2010
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Né à Vincenza et fils d'un sculpteur sur bois, Andrea Mantegna fut légalement adopté vers l'âge de 10 ans par Francesco Squarcione, un professeur de peinture de Padoue qui recherchait de jeunes talents pour son atelier. Mantegna quitta l'atelier de son gardien en 1448, affirmant plus tard que Squarcione l'avait exploité. Sa première commande importante en tant qu'artiste indépendant fut la réalisation d'un retable de l'église Santa Sofia, puis l'année suivante, il travailla aux décorations murales de la Chapelle Ovetari dans l'église des Eremitani à Padoue. Le principe de la fausse perspective et la figure de style monumentale que Mantegna perfectionna ensuite sont déjà visibles dans ces premières fresques. A Padoue, premier centre humaniste de l'Italie du Nord, Mantegna fut fortement influencé par l'intérêt renaissant pour l'antiquité et fréquentait le cercle des humanistes et des collectionneurs d'antiques. Il représente l'un des premiers archétypes de l'artiste de la Renaissance : un homme qui nourrit son art de sa connaissance intime de l'antiquité, de la mythologie et de la littérature. Bien que marié à une fille Bellini, Mantegna ne fréquenta jamais l'atelier de la puissante famille vénitienne, préférant entrer au service de Ludovic Gonzague, marquis de Mantua en 1459. Sous la protection des Gonzague, Mantegna réalisa son oeuvre la plus célèbre (parmi celles qui ont survécu) la "Camera degli Sposi", chambre des époux du palais ducal, dans laquelle il développa une parfaite illusion de perspective et un oculus en trompe-l'oeil. Une chapelle funéraire à Saint Andrea de Mantoue fut élevée en mémoire du peintre à sa mort en 1506, un hommage singulier pour un artiste dont les idées révolutionnaires ne furent pleinement exploitées qu'à partir de la période baroque. La personnalité artistique d'Andrea Mantegna s'affirme et s'impose au XVe siècle vénitien comme celle d'un novateur et d'un maître.
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Justine et aujourd'hui au Musée Brera.
Nous arrivons enfin aux prodigieuses évocations picturales de la chapelleOvetari, exécutées entre 1449 et 1457, en grande partie détruites par un bombardement.
Elles avaient pour sujet :le Baptême d'Ermogène, le Jugement de saint Jacques, Saint Jacques conduit au supplice et son Martyre, le Martyrede saint Christophe et sa Translation.
Ces fresques étaient, avec celles de Mantoue, l'oeuvre la plus grande et laplus noble de Mantegna ; elles comptaient au nombre des plus belles réalisations picturales de tous les temps.Seules les fresques de Piero della Francesca à Saint-François d'Arezzo et celles de Melozzo da Forli au Vaticanpourraient leur être comparées.
Mais si la composition des fresques des Eremitani est d'influence toscane, le luxedes couleurs, lui, est proprement vénitien.
Le secret de pareils chefs-d'oeuvre est dans la maîtrise d'un art qui unit, aux fantaisies les plus hardies, la plusparfaite connaissance du métier, la technique la plus rigoureuse à l'idéalisme le plus profond.
D'autres oeuvresforment une digne couronne à celles dont nous venons de parler, et renouvellent le miracle ; citons seulement laRésurrection (1451) au Musée de Tours, la Prière au Jardin du Musée de Tours et celle de Londres, le triptyque deSan Zeno (1459), la Présentation au temple, de Berlin, dont Bellini s'inspira si librement dans sa toile de la GalerieQuerini à Venise, la Crucifixion du Louvre (1459), le Saint Bernardin du Musée Brera (1460), la Dormition de la Viergedu Prado (1462), l'adoration des Mages du Metropolitan Museum de New-York, le Saint Georges de l'Académie deVenise, le Saint Sébastien du Louvre (1454) et celui de Vienne (1461), le triptyque des Offices (1463-64), la Judithde la collection Widener de Philadelphie, L'ecce Homo d'une collection privée milanaise, la petite Résurrectionappartenant à Mme I.
D.
à Rome, les grandioses fresques de la "Camera degli sposi" du palais de Mantoue (1474),qui représentent les membres de la famille de Gonzague et des épisodes de son histoire.
L'étonnante Tête coupéede saint Jean-Baptiste de Pesaro, qui rappelle de si près le Christ mort du Musée Brera, pourrait bien être deMantegna, bien que, sans plus ample informé, l'oeuvre ait été attribuée à Marco Zoppo.
Nous sommes arrivé ainsi, à travers des oeuvres qui révèlent une évolution constante où s'est maintenue la plusparfaite unité de style, à la pleine maturité du peintre, représentée par une splendide floraison de chefs-d'oeuvre.Rappelons-les autant qu'il soit possible par ordre chronologique : la Sacra Conversazione du Gardner Museum deBoston (1485), les Triomphes de César, exécutés pour le palais Gonzague à Saint-Sébastien, entre 1489 et 1492(actuellement à Hampton Court), à propos desquels, dans une lettre envoyée en 1489 de Rome au marquisGonzague, l'artiste écrivait : "En vérité, je n'ai point honte de les avoir faits" ; L'enfant Jésus et saint Jean, deLondres (1490), la Vierge de la Victoire du Louvre (1496), dont l'esquisse présumée qui se trouve à Mantoue n'estqu'un mauvais décalque du XIXe siècle ; le majestueux retable (1497) pour l'église Santa Maria in Organo à Vérone,passé dans la collection Trivulzio et de celle-ci au château Sforza ; les toiles, semblables à des joyaux, peintes pourIsabelle d'Este : le Parnasse et Le Combat du Vice et de la Vertu (1497), aujourd'hui au Louvre, Le Christ autombeau entouré de deux anges, de Copenhague (1500), L'adoration des Mages à mi-corps (1505), dont nousconnaissons de nombreuses variantes et dont l'original se trouve probablement dans une collection privée ; lesdiverses versions du Christ dans les Limbes (collection Courtauld à Londres, Pinacothèque de Bologne) ; le Christmort du Musée Brera (1501-1503), qui doit être considéré comme le prototype des "écorchés" les plus hardis donts'inspirèrent, de Bramante à Pordenone, de Campi à Tintoret, de Rembrandt à Borgianni, les plus grands peintres desXVIe et XVIIe siècles ; le petit retable de Londres (1502-1504) ; le sculptural Saint Sébastien de la Cà d'Oro (1505-1506).
Ces oeuvres sont le suprême témoignage artistique de Mantegna et constituent le magnifique achèvementqui peut être considéré comme son testament pictural.
Il faut faire une place à part dans l'oeuvre de Mantegna à quelques précieuses peintures traitées en camaïeu,illuminées d'or, d'une tonalité Jaune verdâtre, qui révèlent une excellente qualité de l'artiste : son dessin précis etincisif ; parmi celles-ci nous citerons : Judith à Dublin, la Vestale et Samson et Dalila à Londres, le Sacrifice d'Isaacet David et Goliath à Vienne, Mars, Neptune et l'Allégorie d'Amimone qui figuraient dans la collection Spitzer-Rey deParis.
On en pourrait dire autant des Vierges, remarquables par leurs qualités plastiques et expressives : la toutejeune Madone du Musée Jacquemart-André à Paris, celles, si remarquables, de l'Académie Carrara à Bergame, de laPinacothèque de Turin, du Musée Poldi-Pezzoli, du Metropolitan de New-York, du Musée Brera, de la Galerie deDresde, du Musée de Boston, du Musée de Vérone, des Offices, de l'église Saint-André à Mantoue, cette dernièreprobablement exécutée en collaboration avec son fils François qui, au cours des dernières Années à Mantoue, aidasouvent son père et auquel il faut peut-être attribuer les intéressants petits tableaux de Londres exécutés d'aprèsdes dessins ou des esquisses paternels.
Les portraits sont admirables par la solidité de leur construction et leur valeur expressive et révèlent uneconnaissance aiguë et profonde de la nature humaine ; ainsi les portraits décoratifs ou imaginaires comme ceux desfresques de Mantoue qui, pour un temps, furent réalistes ou exécutés directement d'après le modèle, comme levolontaire et massif Cardinal Scarampi, du Musée de Berlin, le fier Cardinal de Médicis, des Offices, ou le jeunehomme au fin profil de la famille de Gonzague, du Musée de Naples.
Bien qu'une riche documentation nous permette de suivre fidèlement les étapes de sa glorieuse carrière, la figure deMantegna, au point de vue humain et historique, n'offre que peu de relief.
Si l'on en croit l'inscription d'un retableaujourd'hui disparu, peint en 1448 pour l'église Sainte-Sophie à Padoue et dont les documents anciens permettentde considérer l'authenticité comme probable, Mantegna serait né en 1431 à Isola di Carturo, petit village qui faisaitalors partie de la province de Vicence et appartient aujourd'hui à celle de Padoue.
Son père aurait été un humblecharpentier du nom de Biagio Mantegna.
Néanmoins, la date de 1431 semble difficile à admettre, car le nom d'AndreaMantegna figure parmi ceux des membres de la corporation des peintres de Mantoue depuis le 6 novembre 1441.
Enoutre, si précoce que l'on puisse l'imaginer, il semble étonnant que même sous la direction de Squarcione et avec lacollaboration de Pizzolo, l'on ait confié à un garçon de dix-sept ans un travail aussi important que celui de la.
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