Devoir de Philosophie

Apports philosophiques de LEVI-STRAUSS ?

Publié le 01/06/2009

Extrait du document

Le premier grand livre de Claude Lévi-Strauss ayant touché un large public, Tristes tropiques, est d'abord un grave avertissement lancé à une civilisation qui engendre d'effroyables résidus et qui voue à la disparition certaines autres authentiques civilisations dites « primitives « qu'il serait pourtant possible de sauver si seulement nous savions les regarder. Cet appel revient, tout aussi angoissé, dans son dernier livre, l'Origine des manières de table, dont nous voudrions donner un extrait significatif : "En ce siècle où l'homme s'acharne à détruire d'innombrables formes vivantes, après tant de sociétés dont la richesse et la diversité constituaient de temps immémorial le plus clair de son patrimoine, jamais sans doute il n'a été plus nécessaire de dire, comme font les mythes, qu'un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l'homme, le respect des autres êtres avant l'amour-propre; et que même un séjour d'un ou deux milliers d'années, sur cette terre, puisque de toute facon il connaît un terme, ne saurait servir d'excuse à une espèce quelconque, fût-ce la nôtre, pour se l'approprier comme une chose et s'y conduire sans pudeur ni discrétion."

« A propos de l'originalité des cultures, Lévi-Strauss indique ailleurs (1) qu'elle réside dans sa"façon particulière de résoudre les problèmes, de mettre en perspective des valeurs, qui sont approximativement lesmêmes pour tous les hommes : car tous les hommes sans exception possèdent un langage, des techniques, un art,des connaissances de type scientifique, des croyances religieuses, une organisation sociale, économique etpolitique.

Or ce dosage n'est jamais exactement le même pour chaque culture, et de plus en plus l'ethnologiemoderne s'attache à déceler les origines secrètes de ces options plutôt qu'à dresser un inventaire de traitsséparés."Dans les Structures élémentaires de la parenté, Lévi-Strauss dégage son thème majeur : l'opposition entre nature etculture.

Il n'existe pas d'homme naturel.

On a jusqu'ici naturalisé la société et la culture : faute de pouvoir expliquerla société en la faisant sortir du pré-social, on a considéré que la société était en elle-même naturelle.

Or la natureest ce qui est donné, l'homme l'assume par une culture.

La société humaine en tant que telle est culture, ellen'existe qu'à partir du moment où intervient la prohibition de l'inceste.La prohibition de l'inceste offre un redoutable mystère : elle a les caractères universels d'un instinct, mais aussi lecaractère obligatoire d'une règle absolument impérative.

Elle est donc la règle par excellence, car la seule universelle: elle assure la prise de la culture sur la nature. "La prohibition de l'inceste est le processus par lequel la nature se dépasse elle-même, elle allume l'étincelle sousl'action de laquelle une structure d'un nouveau type et plus complexe se forme et se superpose en les intégrant, auxstructures plus simples qu'elle-même de la vie animale.

Elle opère, et par elle-même constitue l'avènement d'un ordrenouveau."Il y a donc un fait naturel qui est la consanguinité, et un fait culturel s'y substitue : l'alliance, le mariage entre desclasses déterminées d'êtres.L'alliance répète un caractère que Ferdinand de Saussure attribue aux mots : l'arbitraire.

Cela veut dire qu'elle estimposée conventionnellement.

C'est la règle qui constitue donc la culture.

C'est une loi par laquelle l'organisation estsubstituée au hasard.De plus, à partir du moment où le groupe va chercher ses femmes au-dehors (exogamie), on assiste à un progrèssocial puisque des groupes plus vastes s'intègrent les uns aux autres.

Cette intégration obéit à un principe deréciprocité que l'on trouve déjà dans les échanges de cadeaux. L'échange est un phénomène total.

Les femmes constituent dans la hiérarchie des échanges le bien par excellence.Par elles le passage de la Nature à la Culture s'épanouit en institution.Pour comprendre tout cela, il faut se défaire de l'illusion archaïque.La destruction de l'illusion archaïque est, avec le thème nature-culture, la conquête majeure du structuralisme.

On asouvent recours pour exprimer la « mentalité primitive „ à une comparaison dangereuse et fausse avec la mentalitéenfantine.

On prétend que le développement d'un individu reproduit l'histoire de l'espèce.

Mais ces affirmations nesont plus vraies pour la sociologie : Dans son analyse, Lévi-Strauss insiste sur l'idée selon laquelle le « primitif »n'est absolument pas le survivant » ni le « témoin » d'un stade dépassé.

En effet, les schémas mentaux de l'adultesont empruntés à toutes les sociétés, et ne doivent pas tout à l'histoire particulière du groupe où cet adulte a étéélevé."En vérité, il n'existe pas de peuples enfants; tous sont adultes, même ceux qui n'ont pas tenu le journal de leurenfance et de leur adolescence."Si nous nous débarrassons de cette illusion, nous sommes alors mieux en mesure de comprendre ce qu'est lastructure des institutions, qui sont elles-mêmes "des structures dont le tout, c'est-à-dire le principe régulateur,peut être donné avant les parties, c'est-à-dire cet ensemble complexe constitué par la technologie de l'institution,ses conséquences et ses implications, les coutumes par lesquelles elle s'exprime et les croyances auxquelles elledonne lieu."Ce principe régulateur peut posséder une valeur rationnelle sans être conçu rationnellement.Retenons encore une définition de la structure selon Lévi-Strauss : "En premier lieu une structure offre un caractère de système.

Elle consiste en éléments tels qu'une modificationquelconque de l'un d'entre eux entraîne une modification de tous les autres." La « structure profonde peut, ici encore, être inconsciente.

En fait, on a compris que Lévi-Strauss objective lapensée humaine dans l'institution.

Dès lors, le danger est grand de faire de la pensée humaine un véritable objet.L'idéalisme se convertit en matérialisme : cette étape est franchie dans la « Pensée Sauvage ». "Comme l'esprit est une chose, le fonctionnement de cette chose nous instruit sur la nature des choses."Mais alors, demande Mikel Dufrenne, le « nous » est de trop, la connaissance devient dans cette perspective unrapport de chose à chose, où le sujet n'a plus de place ni d'emploi.

L'homme est bien mort! Mais à son tour MichelFoucault le livre à sa critique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles