Art et Génie

« ce qui doit être fait et que l'on connaît suffisamment l'effet recherché, ne s'appelle pas de l'art.

Ce que l'on n'a pas l'habileté d'exécuter tout de suite alors même qu'on en possède complètement la science, voilà seulement ce qui dans cette mesure est de l'art » (Critique du Jugement § 43).

3 1 discussion de la thèse kantienne a) Une œuvre d'art se caractérise-t-elle nécessairement par son exemplarité ? Ne peut-elle se donner comme l'ini­ mitable même ? Mais n'est-ce pas cet inimitable qui la rend digne d'être imitée ? b) Certaines civilisations paraissent refuser à l'artiste toute velléité d'originalité.

Cf.

l'art égyptien marqué par un strict académisme canonique.

Mais leurs productions ne sont-elles pas des œuvres d'art en ce sens même que l'artiste a su introduire une originalité opportune tout en demeurant dans la ligne canonique ? c) L'élévation au rang d'œuvre d'art de purs produits de la technique et des machines (objets industriels; œuvres musicales composées par ordinateur, etc.) ne remet-elle pas en question l'irréductibilité de l'œuvre d'art à des formules et à un savoir devenu information ? Mais la définition même de l'œuvre d'art comme l'œuvre du génie ne permet-elle pas précisément de dénoncer cette éléva­ tion comme un abus de langage ? conclusion Définir l'œuvre d'art comme l'œuvre non d'un génie mais du génie est parfaitement possible et cohérent.

Mais cette définition reste arbitraire.

N'est-elle pas en fait, comme l'observait Nietzsche, une ruse de notre vanité pour nous dispenser de « rivaliser » ?. »