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Auteurs: LUCRECE

Publié le 19/04/2012

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lucrece

Lucrèce est un poète latin dont la vie reste presque inconnue. Selon saint Jérôme, il se serait suicidé après avoir été rendu fou par un philtre amoureux. La période historique qu'il traverse demeure aussi troublée que celle de son maître Epicure : guerres civiles, et discordes en tous genres, préludent à l'effondrement de la République romaine. En cette époque profondément agitée, Lucrèce veut bâtir une citadelle abritée par la pensée. Il hérite des idées de son maître Epicure qu'il place au rang de Dieu. Il s'inspire également, dans son magnifique poème en six chants De natura rerum (De la nature), des présocratiques. Lucrèce s'oppose violemment à la Providence et aux causes finales. Pour lui, seule la connaissance purement matérialiste et atomistique de l'Univers représente un moyen de concevoir le monde dont l'ataraxie, ou absence de trouble, constitue la fin. En outre, la notion de clinamen lui permet de poser les fondements physiques de la liberté humaine. Le clinamen se définit comme un mouvement spontané par lequel les atomes dévient de leur trajectoire et se regroupent en une diversité de combinaisons. Il y a là une liberté en quelque sorte mécanique permettant de saisir la liberté humaine. Ce matérialisme ne cesse de faire l'objet de nombreuses critiques de la part des penseurs antiques, chrétiens et classiques. Deux reproches majeurs lui sont adressés : tout d'abord, le fait de placer le hasard à l'origine de toutes choses en concevant la formation de la nature comme l'effet de la chute des atomes dans le vide, et de leur rencontre qui forme des tourbillons, puis des amas, et finalement de la matière et de la vie. Le second reproche adressé concerne les conséquences de ce matérialisme : toute transcendance, toute valeur, et donc toute morale, sont ruinées du fait du privilège accordé au corps. La physique de Lucrèce nous place en face d'une fluidité universelle de la matière. La déclinaison des atomes ne décrit rien d'autre. Aussi est-il le véritable pionnier de la physique moderne, puisque Newton utilisera, lui aussi, le modèle des fluxions pour comprendre l'Univers. Toutefois, la modernité de Lucrèce réside aussi dans le fait que sa perspective forme une morale. La misère morale et la servitude de l'homme proviennent de ses préjugés et de son ignorance. Connaître le monde est un acte moral. La pensée de Lucrèce ne réduit pas les choses à une contingence. Bien au contraire, elle construit un modèle de la nature tel que, en considérant celui-ci, nous puissions dégager les principes fondamentaux qui rendent compte de notre situation dans l'Univers.

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« LucRÈCE est naturellement affligé du complexe œdipien, comme l'est César qui, en Espagne, rêve d'amour incestueux avec sa mère, comme nous le sommes tous, si bien que ce ne serait pas la peine d'en parler, s'il n'y avait pas, pour quelques-uns, une liquidation difficile du complexe.

Il est curieux de voir un poète combattre la religion mythologique de son époque et, en même temps, placer son œuvre sous le signe de Vénus! Pure clause de style? Mais le style n'est-il pas déjà l'homme même.

Un examen attentif montre en effet que Lucrèce, loin de saluer en Vénus une froide allégorie, ou la classique déesse des amants « normaux ))' épanche en elle à son insu la sensibilité refoulée d'un fils vers une mère-amante.

A son insu, répétons-le, puisque l'amant qui vient dans le poème visiter Vénus est un dieu guerrier et superbement viril : Mars, le vain­ queur.

Or Lucrèce fait de ce fringant, de ce terrible, de ce hussard, un blessé d'amour, un parte­ naire en posture de suppliant! Voyez son comportement amoureux.

Mars au lieu de prendre Vénus sur ses genoux, comme pour la mieux chambrer, s'assied au contraire sur les genoux de Vénus, dans son giron, In gremius.

Là, penchant le profil fin de sa nuque, il repaît en silence ses regards avides.

Etrange silence d'extase de la part d'un technicien des foudres ! Il bée en elle (inhians in te) et suspend son souffle au sien, exactement comme un enfant se suspendrait à la mamelle.

Aussi la psychanalyse ne manque pas de vraisemblance quand elle nous parle de fixation à la mère et donc d'amour inassouvissable.

D'autant mieux qu'à cette attitude d'un Mars infantile, correspond l'attitude enveloppante, câlinante, d'une Vénus maternelle : Hune tu, diva, tuo recubantem corpore sancto Circumfusa super, suaves ex ore loquellas Funde ...

Combien Montaigne eût admiré davantage encore cet intraduisible circumfusa super ( ...

déesse qui fuses et circumfuses, et planes, autour et sur ce blotti de ton corps sacré ...

) s'il l'avait su signi­ fiant, dans l'inconscient de Lucrèce, la remise au cocon, l'éternel retour à la poche chaude, à la liquidité de l'amnios où le fœtus comme l'esprit flotte sur les eaux ! « Une union si intime, dit le docteur Logre, ne peut être réalisée physiologiquement que dans la vie intra-utérine, et spirituellement que dans certains états de communion et d'extase plus ou moins mystique.)) N'est-ce pas la dérision même du Poète Maudit que de représenter le Ratio­ nalisme de son temps, d'être le père des matérialistes d'aujourd'hui et de se comporter comme un mystique qui s'ignore? La vraie malédiction pour lui est sa posture amoureuse jamais satisfaite, qui engendre sa névrose profonde.

Il nous parle des vains efforts de l'amour pour arriver à ses fins; mais à quelles fins? Toujours les mêmes tant que l'oubli psychique qui le relie à la mère n'est pas tranché : ...

les aliments absorbés par notre corps y trouvent place et nous rassasient.

Mais d'un b.

eau visage aux joues en feu rien n'entre en nous dont nous puissions jouir sauf une nourriture pour les yeux, une image trop ténue.

Et le poète de nous montrer les efforts des amants pour se saisir, pour tenter sur leurs corps une caresse incertaine.

Ils serrent passionnément ces corps et les font souffrir (premunt arte faciunt que dolorem).

Ils impriment leurs dents dures sur les lèvres qu'ils écrasent (et dentes intidunt stEpe libellis os cula que in.fiigunt).

Ce sont bien là les ogreries de l'amour.

Le baiser signifie le besoin de consommer, d'absorber,. »

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