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Autrui est-elle une voie d'accès nécessaire vers moi-même ?

Publié le 28/03/2004

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  2/ Mon identité individuelle, et la conscience que j'ai de moi-même m'étant révélée par ma propre pensée, celle-ci se trouve tributaire du langage par lequel elle l'exprime. La pensée apparaît en effet consubstantielle au langage : selon Merleau-Ponty, pas plus que l'âme n'a un corps, la pensée n'a un langage : elle est langage. La pensée est ainsi indissociable de sa formulation. Or, le langage est essentiellement collectif. Dans Les Recherches Philosophiques, Wittgenstein a en effet montré qu'il n'existait pas de langage privé (un mot est dépourvu de sens si une seule personne l'utilise). Sans le langage constitué pour communiquer avec autrui, la pensée qui me permet la révélation de ma propre conscience ne serait donc pas possible.   III/ Plus encore qu'une voie d'accès vers moi-même, autrui me constitue   1/ Puisque selon les mots d'Aristote, « l'homme est un animal politique », isoler l'homme de ses congénères n'a guère de sens. Dès lors que la sociabilité de l'homme est partie de sa nature, autrui n'est pas seulement un moyen heuristique : le lien avec autrui me constitue. L'expérience montre bien que l'extrême solitude mène le plus souvent à la folie plutôt qu'à la découverte de soi-même.   2/ Autrui me constitue également d'un point de vue psychanalytique.

Du latin alteri huic, "autrui" renvoie à l'autre, à ce qui n’est pas moi en ce qu'il n'y est pas identique. Ce qui caractérise autrui est donc sa différence essentielle avec moi-même. Cette définition met en évidence le problème qui régit la connaissance d’autrui comme la connaissance de soi : Comment connaître autrui sans connaître ce que je suis, puisque celui-ci se définit essentiellement par rapport à moi ? Et inversement, comment se connaître soi-même sans se confronter à l’existence d’autrui ? Afin de se connaître soi-même, autrui est-il une nécessaire voie d’accès ? Il semble si une connaissance de soi par la seule introspection semble théoriquement possible, j’ai empiriquement besoin d’autrui pour me connaître moi-même. Et même davantage : loin de n’être qu’un moyen heuristique, autrui contribue à me constituer.

« II/ Empiriquement, autrui apparaît comme une voie d'accès nécessairevers moi-même 1/ Contrairement à Descartes, Hegel, dans La phénoménologie de l'esprit , ne considère pas la solitude de la conscience comme le fait premier.

C'est aucontraire le « conflit des consciences » qui est pour lui déterminant : uneconscience de soi-même n'est possible que par opposition aux autresconsciences : « La conscience de soi est essentiellement ce retour en soi-même à partir de l'être-autre.

» Hegel, La phénoménologie de l'esprit.

C'est en effet à partir de la résistance que ma conscience trouve chez l'autrequ'elle se révèle, en révélant l'autre.

2/ Mon identité individuelle, et la conscience que j'ai de moi-même m'étantrévélée par ma propre pensée, celle-ci se trouve tributaire du langage parlequel elle l'exprime.

La pensée apparaît en effet consubstantielle au langage :selon Merleau-Ponty, pas plus que l'âme n'a un corps, la pensée n'a unlangage : elle est langage.

La pensée est ainsi indissociable de sa formulation. Or, le langage est essentiellement collectif.

Dans Les Recherches Philosophiques, Wittgenstein a en effet montré qu'il n'existait pas de langage privé (un mot est dépourvu de sens si une seule personne l'utilise).

Sans lelangage constitué pour communiquer avec autrui, la pensée qui me permet larévélation de ma propre conscience ne serait donc pas possible. III/ Plus encore qu'une voie d'accès vers moi-même, autrui me constitue 1/ Puisque selon les mots d'Aristote, « l'homme est un animal politique », isoler l'homme de ses congénères n'a guèrede sens.

Dès lors que la sociabilité de l'homme est partie de sa nature, autrui n'est pas seulement un moyenheuristique : le lien avec autrui me constitue.

L'expérience montre bien que l'extrême solitude mène le plus souventà la folie plutôt qu'à la découverte de soi-même.

Vivre en communauté est naturel et nécessaire à l'homme.

Nécessaire à son existence, mais aussi à son bonheur.L'homme ne s'associe pas avec d'autres seulement pour assurer sa survie, mais pour accomplir son essence.

L'individu est en effet un être inachevé, qui a pour fin et perfection la relation à autrui.

Si la famille et le villageexistent en vue de la satisfaction de besoins élémentaires (alimentation, sécurité), ils sont subordonnés à lacommunauté politique, la cité, dont la fin propre est le « bien vivre », le bonheur.

Celui-ci implique la visée communed'un bien commun, dans une relation d'amitié réglée par la justice.

Là seulement se trouve la vraie liberté'.

Et c'est parce qu'il est un animal parlant que l'homme est un animal politique : alors que la « voix » des animaux(qui ne sont pas politiques, mais grégaires) se limite à l'expression des passions, le langage permet la formulation dejugements objectifs sur le juste et l'injuste, règles de la vie commune.

2/ Autrui me constitue également d'un point de vue psychanalytique.

Dans une communication intitulée Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je telle qu'elle nous est révélée dans l'expérience psychanalytique, Lacan a ainsi montré que l'expérience du miroir était fondatrice de l'identité personnelle.

L'individu (l'enfant) ydécouvre en effet pour la première fois son apparence, qui lui apparaît d'abord celle d'un autre : « C'est que la forme totale du corps par quoi le sujet devance dans un mirage la maturation de sa puissance, ne lui est donnéeque comme Gestalt , c'est-à-dire dans une extériorité ». Conclusion : - Théoriquement, la connaissance de soi est accessible par la simple introspection. - Cependant, la connaissance de soi naît concrètement de la confrontation avec autrui. - Au-delà d'un moyen de me connaître, autrui, à travers le lien que j'entretiens avec lui, me constitue.. »

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