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Autrui peut-il m'aider ?

Publié le 07/04/2004

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Je suis seul et sur le plan de la conscience non thétique (de) moi. Cela signifie d'abord qu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience. Rien donc à quoi je puisse rapporter mes actes pour les qualifier. Ils ne sont nullement connus, mais je les suis [...]. Ma conscience colle à mes actes, elle est mes actes « (L'Etre et le Néant, 1943, rééd. Tel, p. 305).La conscience devant autrui « Voici tout à coup que je lève la tête : quelqu'un était là et m'a vu. Je réalise tout à coup toute la vulgarité de mon geste et j'ai honte.

  • Autrui: autre moi, alter ego, autre conscience, celle qui n'est pas moi
  • Aider: secourir, assister

   Il faut donc associer autrui et l'assistance ou les dissocier. 

  • Souvent, nous demandons aux autres (nous exigeons d'eux parfois), qu'ils nous aident. Il nous semble ainsi évident qu'autrui peut nous aider, voire qu'il le doive. Que serais-je sans le secours d'autrui ?

 Toutefois, on peut s'interroger sur la légitimité d'une telle attente. Car lorsque je vois en autrui une aide possible pour moi, autrui reste-il encore pour moi une personne ou ne vois-je plus en lui que cette aide précisément que je désire qu'il m'apporte ? Autrui n'est-il pas alors pour moi un simple moyen, un instrument, pour parvenir à mes fins ?

« Sartre : autrui, médiateur entre moi et moi S'inspirant des analyses de Hegel, Sartre oppose la conscience solitaire et laconscience devant autrui. La conscience solitaire « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, par vice, à collermon oreille contre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seulet sur le plan de la conscience non thétique (de) moi.

Cela signifie d'abordqu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience.

Rien donc à quoi je puisserapporter mes actes pour les qualifier.

Ils ne sont nullement connus, mais jeles suis [...].

Ma conscience colle à mes actes, elle est mes actes » (L'Etre etle Néant, 1943, rééd.

Tel, p.

305). La conscience devant autrui « Voici tout à coup que je lève la tête : quelqu'un était là et m'a vu.

Jeréalise tout à coup toute la vulgarité de mon geste et j'ai honte.

[...] J'aihonte de moi tel que j'apparais à autrui.

Et, par l'apparition même d'autrui, jesuis mis en demeure de porter un jugement sur moi-même comme sur un objet» (id., p.

307). La présence d'autrui n'implique pas une simple révélation de ce que je suis ; elle me constitue comme un êtrenouveau, « vulgaire » par exemple, que je n'étais pas et que je ne pouvais donc pas connaître avant l'apparitiond'autrui.

Cet être que je suis devenu sous le regard d'autrui est « solidification et aliénation de mes proprespossibilités » car « s'il y a un Autre, quel qu'il soit, [...] sans même qu'il agisse autrement sur moi que par lesurgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre ; et lahonte est — comme la fierté — l'appréhension de moi-même comme nature » (id., p.

307).Dans ces conditions, « le conflit est le sens originel de l'être-pour-autrui ».

En effet « autrui est d'abord pour moil'être pour qui je suis objet », il menace donc ma qualité de sujet libre, que je suis radicalement.

Toute rencontreest heurt, affrontement de libertés. Sartre, dans L'Être et le Néant (3e partie, ch.

I, I), pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise deconscience de soi.

Il en fait la démonstration par l'analyse de la honte.

J'ai honte de moi tel que j'apparais à autrui,par exemple si je suis surpris à faire un geste maladroit ou vulgaire.

La honte dans sa structure première est hontedevant quelqu'un.

Elle est immédiate, non réflexive.

La honte est un frisson immédiat qui me parcourt de la tête auxpieds sans préparation discursive.

L'apparition d'autrui déclenche aussitôt en moi un jugement sur moi-même commeobjet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui.

La honte est, par nature, reconnaissance.

Je reconnais que jesuis comme autrui me voit.

La honte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables.

Ainsi j'aibesoin d'autrui pour saisir à plein toutes les structures de mon être.

Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'estpas moi et que je ne suis pas.

La présence d'autrui explicite le «Je suis je» et le médiateur, c'est-à-direl'intermédiaire actif, l'autre conscience qui s'oppose à ma conscience, c'est l'autre.

Le fait premier est la pluralitédes consciences, qui se réalise sous la forme d'une double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autruiet autrui n'est pas moi.

C'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre comme l'autre est ce qui m'exclut enétant soi.Avec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font preuve.

Lamême analyse pourrait être faite, comme Sartre lui-même le suggère, sur la fierté ou l'orgueil, et ce serait un bonexercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaît tributairede Hegel, qui a montré, dans la Phénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoir pouraboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de la formulede Sartre, c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de la connaissance desoi et qu'elle en apparaît comme le fondement. De même, très tôt, Aristote affirmait qu'apprendre à se connaître était chose très difficile et que "par conséquent, àla façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre ànous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir." Dans une même lignée, Sartre affirme que je me vois tel qu'autrui me voit et autrui est constitutif de la consciencede soi spontanée que chacun a : ce qu'on est pour soi, c'est d'abord ce qu'on est pour autrui. Ainsi, le regard d'autrui sur moi, m'est indispensable pour prendre conscience de moi-même. Transition. La notion d'aide entendue comme moyen et son contraire, celle d'obstacle, nous l'avons vu, ont en commun d'être relatives à une fin qui leur est extérieure.

On comprend alors dans quelle direction on doit orienter laréflexion lorsqu'on demande si autrui peut m'aider, celle de savoir si, dans la relation que j'entretiens avec lui, autruipeut être autre qu'un être relatif à une fin autre que lui.

Autre qu'un être dont la rencontre concerne mon être.. »

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