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Autrui, pièce maîtresse de mon univers

Publié le 07/03/2005

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L’univers est l’ensemble du monde existant autour de moi ui est organisé en une structure globale constituée de lois qui assurent sa cohérence. Si une pièce est la simple partie d’un tout, une pièce maîtresse est la partie d’un tout qui permet de fonder et d’organiser ce tout auquel elle appartient. Cette pièce est maîtresse dans la mesure où elle joue un rôle capital pour toutes les autres parties du tout qui dépendent d’elle. Par exemple, le chef d’œuvre d’un peintre est un de ses tableaux qui permet d’expliquer tout le reste de l’œuvre et sans lequel l’œuvre paraîtrait inachevée. Plus fondamentalement encore, en architecture, on peut se référer à la clef de voûte qui désigne une pierre placée au sommet d’une voûte qui bloque les autres pierres dans une position voulue : si elle vient à manquer, tout le reste de l’édifice s’effondre. Il s’a donc d’examiner la candidature d’autrui pour ce poste clef d’organisation et de fondement de mon univers.

Si mon univers désigne l’ensemble de ce qui existe autour de ma conscience, il semble que ma conscience soit dans une position centrale par le seul fait que c’est par elle que ce qui est autour de moi est mon univers. Aussi si c’est ma conscience qui fonde et organise mon univers, autrui ne peut tenir lieu de pièce maîtresse mais se réduit à une pièce parmi d’autres au même titre que les objets. Toutefois si l’univers est régi par des lois émanant de ma conscience, ma conscience ne peut garantir par elle-même l’universalité et la nécessité de ces lois conditions sine qua none d’un univers. Ainsi il me faut me tourner vers autrui, non pas comme pièce maîtresse puisque ce poste clef est occupé par l’universel lui-même, mais pour tester et vérifier l’universalité hypothétique des lois de ma conscience : l’intersubjectivité serait une pierre de touche qui permettrait de reconnaître l’universel contenu dans ma conscience. On peut néanmoins se demande si l’on peut réduire le rôle d’autrui à un instrument de vérification : en effet cette conception a pour présupposé que mon univers préexiste à autrui qui ne fait que le confirmer, et qu’il subsiste en l’absence d’autrui. Or rien n’est moins sûr. Nous sommes dès lors confrontés à ce problème : autrui n’est-il qu’une pièce parmi d’autres de mon univers, ou en est-il la pièce maîtresse ?

 

I La conscience pièce maîtresse

II L’universel est la pièce maîtresse de mon univers

III Autrui pièce maîtresse de mon univers

 

 

 

« conscience incapable de déterminer à elle seule l'universalité de sa loi, risque de se tromper si elle ne se fie qu'àelle-même.

Il lui faut donc en passer par l'intermédiaire d'autrui pour éviter toute erreur : l'intersubjectivité est ainsiun critère pour reconnaître l'universel.

Si autrui est d'accord avec ce que je pense, alors ma pensée a beaucoupplus de chance d'être vraie.

C'est ce que l'on peut soutenir avec Kant au paragraphe 40 de la Critique de la faculté de juger .

Il n'y a d'univers organisé que par l'universel qui régit mon univers aussi bien que celui d'autrui. L'intersubjectivité se fonde alors sur un sens commun à tous les individus dont les maximes sont : penser par soi-même, penser à la place de tout autre, penser en accord avec soi-même.

La seconde maxime est celle de la penséeélargie qui a « la capacité à s'élever au dessus des conditions subjectives et particulières du jugement et réfléchirsur son propre jugement à partir d'un point de vue universel ».

L'universel serait la pièce maîtresse de mon univers et autrui serait la pierre e touche qui permettrait de lareconnaître.

On peut néanmoins se demande si l'on peut réduire le rôle d'autrui à un instrument de vérification : eneffet cette conception a pour présupposé que mon univers préexiste à autrui qui ne fait que le confirmer, et qu'ilsubsiste en l'absence d'autrui.

III Autrui pièce maîtresse de mon univers _ Le rôle d'autrui se limiterait à u instrument de vérification de l'universalité des lois qu régissent mon univers si monunivers subsistait en l'absence d'autrui.

Or notre univers s'effondre en l'absence d'autrui.

Pour démontrer ce point,nous ne pouvons nous référer à nos conditions d'existence ordinaire; Nous sommes en effet toujours en présenced'autrui, dans la solitude même, nous ne sommes pas séparés de lui.

La conséquence de cette situation est qu'il estdifficile de prendre conscience de l'impact qu'à sur nous la présence ou l'absence d'autrui.

Aussi nous faut-il fairel'expérience de pensée qui correspond à l'expérience du Robinson Crusoé de Michel Fournier dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique : un homme ayant fait naufrage se retrouve le seul survivant sur une île durant de longues années.

Qu'est-ce qui ressort de cette situation par rapport à notre problème ? Ce que montre Fournier, c'est queson héros voit son univers progressivement s'effondrer; Robinson privé de tout contact avec autrui, perd peu à peucontact avec la réalité : ainsi il dit ne plus pouvoir parler qu'à la lettre sans comprendre le sens de ses paroles, etson univers se réduit à ce qu'il peut immédiatement percevoir.

Au bord de la folie, Robinson s'efforce de recréerartificiellement les conditions de la vie sociale : il invente une constitution de l'île dont il se fait gouverneur et sepunit lui-même à des corvées lorsqu'il ne respecte pas les règles._ Si mon univers s'effondre en l'absence d'autrui, c'est qu'autrui soutient mon univers et l'organise.

Dans sondésespoir, Robinson se repent de sa misanthropie précédant son naufrage et dit cette belle phrase : « je ne m'étaispas aperçu que la foule de mes frères m'avait maintenu dans mon humanité »; Or si autrui me soutient et memaintient dans la durée dans mon humanité et m'empêche de redevenir une bête, c'est sans doute qu'autruiconstitue le fondement de mon univers en son commencement.

En ce sens autrui est la pièce maîtresse de monunivers, la pièce première chronologiquement et logiquement sans laquelle toutes les autres pièces ne peuventfonctionner.

On peut ainsi se référer à la dialectique du maître et de l'esclave au chapitre IV de la Phénoménologie de l'esprit de Hegel : chaque conscience est consciente d'elle-même, mais cette conscience qu'elle a d'elle-même ne possède aucune effectivité tant que l'autre ne l'a pas reconnu.

Ainsi pour que mon univers existe, il faut qu'autruime reconnaisse.

Il s'ensuit alors un combat pour la reconnaissance : chaque conscience s'expose à la mort etcherche la mort de l'autre afin de montrer qu'elle ne se réduit pas à son être biologique.

La conscience qui cèdedevant la peur de la mort devient esclave tandis que la conscience qui démontre sa liberté métaphysique devient lemaître.

Cette analyse de Hegel nous montre que la conscience ne possède pas d'effectivité par elle-même, c'estautrui qui a le pouvoir de la constituer effectivement comme être pour soi, c'est-à-dire comme être libre.

Conclusion :si ma conscience est au centre de mon univers comme foyer perceptif, elle ne peut être la pièce maîtresse.

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: avecelle, mon univers est bien le mien, mais il n'est pas certain qu'il y ait un univers véritable.

Et si l'universel organiseles lois qui la régissent, il ne peut à lui seul constituer le fondement constitutif de mon univers : avec lui, il y a bienunivers, mais il n'est pas certain que ce soit le mien.

Ainsi autrui est la pièce maîtresse de mon univers qui constituela première pierre chronologiquement et logiquement : il est semblable à la clef de voûte des cathédrales gothiquessans laquelle l'édifice ne peut que s'écrouler.. »

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