Devoir de Philosophie

Avons-nous des devoirs envers nous-mêmes ?

Publié le 17/01/2022

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On comprend facilement qu'il y ait des devoirs envers autrui en premier lieu les devoirs civiques prescrits par les lois sociales que la réflexion morale entérine. En effet la vie sociale ne va pas sans règles qui définissent les droits et les devoirs de chacun, et le premier devoir est le respect de ces droits. Nous sommes devant une dette, débiteurs en face des autres qui font figure de créanciers. Cette dette vient de ce que l'autre doit pouvoir exercer sa liberté dans les limites des règles établies. On le comprend d'autant mieux que l'on est toujours prêt à revendiquer pour soi-même cet espace de libre initiative: "ma liberté s'arrête où commence celle des autres" dit-on.S'il en est ainsi on comprend mal quelle dette nous aurions envers nous-mêmes. Au contraire la loi prescrit aux autres de respecter mes droits, l'espace de mes initiatives privées. Qu'importe la qualité de mes actes tant qu'ils ne portent pas atteinte à ce qui leur est dû. En ce sens que je me fasse (du) mal dans ma vie privée ne regarde en rien les autres, cela ne concerne que moi. Dans cette optique, les seules devoirs que j'aurais envers moi-même seraient ceux que je dois m'imposer du fait de leur répercussion possible sur la vie sociale.

• Tout sujet de morale peut faire appel à Kant, mais on ne doit pas s'interdire d'autres références.

• Opposition implicite entre une morale individualiste et une morale universaliste.

• Le devoir envers soi-même peut-il coïncider avec l'intérêt ?

• « Nous-mêmes « : strictement singulier ou potentiellement collectif ?

« L'autre réponse fait appel à un autre type de transcendance.

Soit l'Idée deBien et de vertu chez Platon; soit l'"instinct divin" pour Rousseau; soit laraison pour Kant. "Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ;guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; jugeinfaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'esttoi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sanstoi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que letriste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'unentendement sans règle et d'une raison sans principe.Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil dephilosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ; dispensésde consumer notre vie à l'étude de la morale, nous avons à moindresfrais un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinionshumaines.

Mais ce n'est pas assez que ce guide existe, il faut savoir lereconnaître et le suivre.

S'il parle à tous les coeurs, pourquoi donc y ena-t-il si peu qui l'entendent ? Eh ! c'est qu'il parle la langue de la natureque tout nous a fait oublier.

La conscience est timide, elle aime laretraite et la paix ; le monde et le bruit l'épouvantent ; les préjugésdont on l'a fait naître sont ses plus cruels ennemis [...], le fanatismeose la contrefaire et dicter le crime en son nom." ROUSSEAU • Le problème posé par le texte Il est facile de constater la diversité historique et géographique des moeurs ("dédale immense des opinionshumaines").

Peut-elle constituer un argument contre l'idée qu'il existe des principes moraux universels, susceptiblesde guider tous les hommes de la même façon ? Autrement dit, la diversité des moeurs peut-elle justifier unrelativisme qui rendrait incertaine l'idée même de moralité ?Par le terme de « conscience », le texte désigne donc exclusivement la conscience morale. • Le raisonnementIl est un fait que chacun entend en lui-même la voix de sa conscience qui lui dicte son devoir.Quelle est la nature de cette voix ? Rousseau emploie l'expression a instinct divin ».

Le mot « instinct » est engénéral utilisé pour caractériser les conduites animales ou ce qui, en l'homme, relève de son aspect « animal » ets'oppose à la raison.

Or, ici, Rousseau l'emploie au contraire pour nommer ce qui va diriger l'homme vers uneconduite non animale (« sans toi je ne sens rien qui m'élève au dessus des bêtes »).Parler d'instinct à propos de la conscience permet de ne pas l'identifier à la raison.

Comme l'instinct animal, laconscience n'est pas le résultat d'un apprentissage ou d'une réflexion, le fruit de connaissances : elle estspontanée, « innée ».

Mais, en même temps, l'adjectif « divin » différencie la conscience de l'instinct animal ensoulignant son caractère éminemment spirituel.Pourquoi sommes-nous « sourds » ? Si la conscience était à nos actions ce que l'instinct est à la conduite animale,nous ne pourrions lui résister.

Mais, précisément, « tout » nous fait oublier cette voix de la nature.

a Tout », c'est-à-dire l'éducation que nous recevons dans la société et qui, dès l'enfance, inculque des préjugés.

La voix de laconscience n'est ni celle de la raison instruite, ni celle du fanatisme nourri dès l'enfance.

D'où le projet de Rousseaudans l'Émile d'expliquer ce que pourrait être une éducation --qui préserve, pour l'enfant, la possibilité d'entendrecette voix à la fois naturelle et divine. • Rapprochements possibles et intérêt philosophique du texteOn retrouvera chez Kant la même idée selon laquelle le sens moral est à la portée de tout homme, même non instruit: chacun sait immédiatement où est son devoir.

Mais cette universalité même de la moralité est pour Kant le signeque la conscience morale est l'oeuvre de la raison : non pas une raison « théorique » ou « savante », mais uneraison pratique.

Contrairement à Rousseau, Kant ne fait pas de la morale un sentiment qui s'éprouve mais une loi quis'impose à tout être raisonnable.

La différence entre Kant et Rousseau n'est pourtant pas si grande : lorsqueRousseau dissocie conscience et raison, c'est à la « raison savante » qu'il pense, et le sentiment moral, dans saspiritualité, est pour lui hautement raisonnable. Une première conséquence est que si l'obligation n'est pas d'origine sociale, elle n'a pas qu'une fonction sociale.Alors le devoir peut s'imposer envers soi-même.

Or, n'est-ce pas ce qui se passe quand on a le sentiment d'agircomme le devoir l'exige envers les autres, mais par respect de ce que dicte notre conscience ? Ce cas nous amèneà distinguer l'acte conforme au devoir et la motivation de l'acteur.

Si cette motivation est la volonté d'être droitavec ses propres convictions et valeurs, elle peut être considérée comme devoir envers soi-même, puisque celarevient à se respecter soi-même comme être doué d'une conscience morale.

De telle sorte que c'est par devoirenvers soi-même que l'on s'oblige aux devoirs que l'on doit aux autres.. »

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