Bergson: En vain on essaie de se representer un individu degage de toute vie sociale
Publié le 20/04/2004
                             
                        
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                                «
                                                                                                                            concerne la façon dont l'homme se distingue de l'animalité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Langage et pensée, mais aussi critères de ce quiest ou non digne de l'humain.
                                                            
                                                                                
                                                                    En d'autres termes : une certaine morale, la définition globale du bien et dumal, des valeurs qui, même si elles demeurent floues et parfois mal explicitées, déterminent une conduitetenue pour « normale » ou « acceptable », parce qu'elle correspond à une attente sociale.Bergson peut ainsi souligner l'effet positif du « regard » de la société sur la personne solitaire : c'est en effeten pensant à ce qu'on attendait de lui que Robinson peut continuer à agir, et c'est ce maintien, en lui, du «moi social », qui lui permet en quelque sorte de se conduire comme s'il n'était pas seul.
                                                            
                                                                                
                                                                    La société resteprésente en lui, et lui sert à la fois de cadre de référence et de soutien, pour aller au-delà de ce qu'exigeraitson seul désir singulier.
[II.
                                                            
                                                                                
                                                                    Comment supporter la solitude ?]
[A.
                                                            
                                                                                
                                                                    La vie antérieure]Si l'individu est  ainsi attaché au  social par une multitude de  liens dont il  n'est pas  même besoin d'avoirconscience dans le quotidien, on peut se demander comment une personne condamnée à la solitude peutéviter de chuter dans des comportements sans dignité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Bergson suggère que l'une des ressources possiblesréside dans ce qu'il  nomme une « vie intérieure profonde »-, mais  il ne développe pas l'allusion.
                                                            
                                                                                
                                                                    On peutadmettre que cette vie intérieure recèle en elle de quoi résister à la tentation d'un « laisser aller » dégradant: le sujet a intériorisé une conception suffisante  de ce que doit être l'humain pour y trouver sa ligne deconduite.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cela amènerait à supposer que les normes du « moi social » se substituent à celles d'un « moiindividuel » ordinairement défaillant.
                                                            
                                                                                
                                                                    Et on peut remarquer que la « profondeur » de la vie intérieure désigneaussi bien la « hauteur » des valeurs ainsi acquises définitivement : c'est en examinant ce qui constituedésormais son intimité  que l'individu  trouve en lui-même  l'équivalent  de ce qu'exigerait,  dans lescirconstances normales, un « moi social » qui n'a plus dès lors de social que son origine.Il est à remarquer que, selon Bergson, une telle capacité n'est pas universelle : tous les hommes ne sont pasaptes à trouver en eux-mêmes ces ressources de la vie intérieure profonde.
                                                            
                                                                                
                                                                    Peut-être même ceux qui ensont capables sont-ils minoritaires, et susceptibles, le cas échéant, de trouver en eux-mêmes davantageencore que le maintien des valeurs communes.
[B.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le risque de l'inhumain]Quoi qu'il en soit, la tentation existe, pour celui qui se trouve isolé, de se « laisser aller ».
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est-à-dire demettre en quelque sorte à profit son isolement pour ne plus accomplir les efforts nécessaires au maintien, enlui, d'une  sorte de dignité  minimale.
                                                            
                                                                        
                                                                     Le « laisser  aller » désigne  ici le renoncement  aux exigences  parlesquelles l'humain se maintient comme tel – des plus élémentaires devoirs « envers soi-même » (hygiène, vieréglée) aux  manifestations plus  complexes de ce qui permet de respecter  l'humanité en soi : recours aulangage maîtrisé, conduite « policée » ou raisonnable même en l'absence du jugement des autres, effortspour définir un comportement que l'on qualifierait volontiers, d'un point de vue kantien (et même si ce n'estpas celui de Bergson ici), d'universalisable.
                                                            
                                                                                
                                                                    Si le « moi social » n'est plus entendu, de façon tout intérieure,l'individu peut se dégrader, et aboutir à des comportements plus proches de l'animalité que de l'humanité.
[C.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le moi social comme guide]Le moi social est donc un guide dont l'efficacité, qu'elle corresponde ou non à la présence réelle des autres,est nécessaire pour guider  l'individu.
                                                            
                                                                                
                                                                    S'il n'est plus actif, l'humanité d'un individu  risque de disparaître, entout ou au moins en partie.
                                                            
                                                                                
                                                                    La conception ici défendue par Bergson rejoint celle des sociologues, ou plusgénéralement de tous les théoriciens admettant que l'individu reçoit les valeurs le dirigeant du groupe danslequel il vit.
                                                            
                                                                                
                                                                    On peut la qualifier de conception hétéronomique sur la détermination de la volonté – à laquelleKant a déjà  opposé  son interprétation  de la moralité  par l'autonomie  de la volonté.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ici, le passage  àl'autonomie  ne serait concevable que  pour les individus bénéficiant  des « ressources de  la vie intérieureprofonde  et qui redécouvrent  dès lors par eux-mêmes  des règles  que la  société  n'a plus besoin  de leurenseigner (même s'il a fallu qu'elle les leur enseigne dans un premier temps).
                                                            
                                                                                
                                                                    Pour les autres, il apparaît quele moi individuel reste soumis au moi social, et qu'il lui appartient de se fixer à son « niveau » supérieur.
                                                            
                                                                                
                                                                    
[III.
                                                            
                                                                                
                                                                    Un équilibre difficile]
[A.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le conformisme]Une telle adaptation de l'individuel au social peut évidemment mener à ce que l'on nomme, péjorativement leplus souvent, un « conformisme » : l'individu se montre en effet conforme aux attentes de son groupe, dontil respecte  d'autant plus les normes  qu'elles  sont conçues  – éventuellement  par lui-même  en premier  –comme le constituant.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le comportement humain résulterait ainsi d'une sorte d'éducation ou de dressage parle milieu social, processus qui prévoit bien, comme toute éducation, un certain nombre de sanctions en casde non-obéissance ou de déviance (du ridicule à la condamnation pénale).
                                                            
                                                                                
                                                                    Si Robinson adopte une conduitedurablement humaine, n'est-ce pas d'abord parce qu'il continue à vivre « idéalement » sous les yeux desautres ?  Dès lors chacun  de ses faits et gestes reste contrôlé  pour éviter la sanction « idéale  » – qu'ils'agisse de la honte ou d'une autocritique l'estimant ridicule ou inhumain.S'il n'est  pas possible  de nier  les apports  du social  dans la construction  intellectuelle ou affective  del'individu, on peut pourtant  s'interroger sur la validité de ces apports lorsqu'ils  déterminent des conduitessimplement conformistes, voire stéréotypées..
                                                                                                                    »
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- Comment, à votre avis, viennent à se produire et comment peuvent se résoudre les conflits entre les exigences de la vie sociale et la conscience de l'individu ?
- Bergson: C'est en vain qu'on voudrait assigner a la vie un but
- Affirmer que l'individu est la fin de la vie sociale, est-ce être individualiste ?
 
    
     
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                