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Bergson et la connaissance de soi

Publié le 16/04/2009

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bergson
Tout le monde a pu remarquer qu'il est plus malaisé d'avancer dans la connaissance de soi que dans celle du monde extérieur. Hors de soi, l'effort pour apprendre est naturel ; on le donne avec une facilité croissante ; on applique des règles. Au-dedans, l'attention doit rester tendue et le progrès devenir de plus en plus pénible ; on croirait remonter la pente de la nature. N'y a-t-il pas là quelque chose de surprenant ? Nous sommes intérieurs à nous-mêmes, et notre personnalité est ce que nous devrions le mieux connaître. Point du tout ; notre esprit y est comme à l'étranger, tandis que la matière lui est familière et que, chez elle, il se sent chez lui. Mais c'est qu'une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s'extérioriser pour agir ; elle répond à une nécessité de la vie. Notre action s'exerce sur la matière, et elle est d'autant plus efficace que la connaissance de la matière a été poussée plus loin. BERGSON

POUR DÉMARRER L'homme se connaît plus mal que le monde, car l'important est d'agir sur ce dernier et non de se contempler soi-même. Cette action est d'autant plus facile que l'on exerce en permanence ses forces sur la matière. Bergson nous offre ici une petite leçon de sagesse pratique. CONSEILS PRATIQUES L'essentiel de votre effort portera sur la structure de ce texte très clair, qui se divise en trois parties. Ce n'est pas, en effet, dans le sens des termes que réside la difficulté, mais dans celui des propositions, qui demandent des connaissances philosophiques assez importantes, en particulier en ce qui concerne les idées bergsoniennes, pour être bien expliquées. L'homme, pense Bergson, est d'abord homo faber, homme fabricateur. L'intelligence s'exerce originellement sur une matière inorganisée.

BIBLIOGRAPHIE BERGSON, L'évolution créatrice, PUF. La pensée et le mouvant, PUF. Essai sur les données immédiates de la conscience, PUF.

 

QUESTIONNAIRE INDICATIF

• Quel est ce « tout le monde «? • Remarquer les oppositions : Facilité croissante — progrès... de plus en plus pénible effort pour apprendre est naturel — on croirait remonter la pente de la nature. • Que peuvent signifier ici « naturel « et « nature « ? • Qu'est-ce qui explique, selon Bergson, que nous connaissons mieux la matière que nous-mêmes (notre personnalité)? • Comment peut-on comprendre « qu'une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s'extérioriser pour agir «? • La position de Bergson implique-t-elle qu'il nous soit impossible de progresser dans la connaissance de nous-mêmes? — Quel type de conversion de « l'esprit « cette position implique-t-elle pour que nous puissions progresser réellement? • L'enjeu du texte est-il de nous faire mesurer un paradoxe, ou de chercher les causes d'un état de fait et — à partir de là — déterminer comment procéder pour le changer?

bergson

« particulièrement bien le monde matériel, puisqu'il est ce qui nous fait survivre.

Le paradoxe de l'oppositioninitiale est levé. Plusieurs questions se posent.

Les premières portent sur la démarche bergsonienne elle-même : commentcomprendre le rapport qu'il pose entre l'action, la matière et la connaissance du monde extérieur ? Il faudraanalyser précisément ce rapport, qui est un élément essentiel du texte.

De la même manière, commentcomprendre l'affirmation selon laquelle l'esprit est à l'étranger en nous-mêmes ? Il faudra analyser le rapportde l'esprit à soi-même et au monde intérieur, en s'aidant de la notion d'utilité.La deuxième série de questions porte sur les implications philosophiques de la démarche bergsonienne, envue d'une relativisation ou d'une critique éventuelle de celle-ci, qui pourra prendre des directions trèsdiverses : cette opposition entre connaissance de soi et connaissance du monde extérieure est-ellepertinente ? (ou faut-il considérer que la connaissance suit le même mode quels que soient ses objets ?)Quelles sont les limites de l'idée selon laquelle le rapport au monde extérieur est étroitement lié à la matièreet à l'action ? Ne faudrait-il pas enrichir cette conception du rapport au monde extérieur d'autres éléments,et envisager une parenté entre le monde extérieur et le monde intérieur ? BERGSON (Henri-Louis) .

Né et mort à Paris (1859-1941). Il fit ses études au lycée Condorcet et à l'École normale supérieure.

Il fut reçu à l'agrégation de philosophie en 1881.Il fut professeur de philosophie aux lycées d'Angers et de Clermont-Ferrand.

Docteur ès lettres en 1881, il enseignasuccessivement, à Paris, au collège Rollin, puis au lycée Henri IV, et, à partir de 1898, à l'École normale.

Titulaire,en 1900, de la chaire de philosophie grecque au Collège de France, puis de celle de philosophie moderne, il entra àl'Académie des Sciences morales et politiques en 1901, à l'Académie française en 1914, et reçut le Prix Nobel delittérature en 1927.

— La méthode philosophique de Bergson est l'intuition :« Nous appelons intuition la sympathiepar laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquentd'inexprimable.

» Les données immédiates de la conscience doivent être saisies dans leur vraie nature et non àtravers des notions que nous emprunterions à la connaissance de l'espace.

L'intuition pose les problèmes en termesde durée.

« Les questions relatives au sujet et à l'objet, à leur distinction et à leur union, doivent se poser enfonction du temps plutôt que de l'espace.» — Bergson distingue le temps véritable et psychologique du tempsmathématique, qui est sa traduction en espace.

L'être est altération et l'altération est substance.

La durée, c'est «la forme que prend la succession de nos états de conscience quand le moi se laisse vivre.» Entre les choses, il n'estque des différences de degré.

C'est seulement entre deux tendances qui traversent une chose, qu'il y a différencede nature.

La matière est ce qui ne change plus de nature ; mais elle est aussi durée.

Elle est le plus bas degré dela durée, elle est un « passé infiniment dilaté ».

Car la durée est une mémoire, elle prolonge le passé dans leprésent.

Le passé survit en soi ; il coexiste avec soi comme présent.

Le présent est le degré le plus contracté dupassé.

Le passé et le présent sont contemporains l'un de l'autre.

L'élan vital est la durée en tant que différence desoi avec soi, en tant qu'elle s'actualise, en tant qu'elle passe à l'acte.

La durée vraie est une création continue.

Lavie, de même que la conscience, est durée, mobilité, création continue, liberté.

— Bergson distingue deux sortes demémoire : « Le passé se survit sous deux formes distinctes : 1) Dans des mécanismes moteurs ; 2) Dans dessouvenirs indépendants...

En poussant jusqu'au bout cette distinction fondamentale, on pourrait se représenterdeux mémoires théoriquement indépendantes.» Il parle de mémoire-souvenir et de mémoire-contraction.

« Touteconscience est mémoire — conservation et accumulation du passé dans le présent.

» C'est en ce sens que leprésent est le degré le plus contracté du passé.

On peut rattacher à cette théorie la phrase célèbre du philosophe:« Comprendre, c'est savoir refaire.» — Bergson applique le principe de l'élan vital à la morale et à la religion.

« Lesgrands entraîneurs de l'humanité semblent bien s'être replacés dans la direction de l'élan vital.

» Il distingue lamorale close que la société impose aux individus, et la morale ouverte, qui est celle du héros.

Il distingue la formestatique de la religion, représentée par les dogmes et les rites, et sa forme dynamique représentée par ceux qui ontretrouvé l'élan créateur distinctif de la vie, c'est-à-dire par les saints et les mystiques, Saint François d'Assise ouPascal. Oeuvres principales : Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Quid Aristoteles de loco senserit (1889), Matière et mémoire, essai sur la relation du corps à l'esprit (1897), Le Rire, essai sur la signification ducomique (1900), L'Evolution créatrice (1907), L'Energie spirituelle (1919), Durée et simultanéité (1922), Les deuxsources de la morale et de la religion (1932), La pensée et le mouvant (1934).. »

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