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BERGSON: Le moi et la durée

Publié le 22/07/2010

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bergson

Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste. En vain on alléguera que nous cédons alors à l'influence toute-puissante de notre caractère. Notre caractère, c'est encore nous ; et parce qu'on s'est plu à scinder la personne en deux parties pour considérer tour à tour, par un effort d'abstraction, le moi qui sent ou pense et le moi qui agit, il y aurait quelque puérilité à conclure que l'un des deux moi pèse sur l'autre. Le même reproche s'adressera à ceux qui demandent si nous sommes libres de modifier notre caractère. Certes, notre caractère se modifie insensiblement tous les jours, et notre liberté en souffrirait, si ces acquisitions nouvelles venaient se greffer sur notre moi et non pas se fondre sur lui. Mais dès que cette fusion aura lieu, on devra dire que le changement survenu dans notre caractère est bien nôtre et que nous nous le sommes approprié. En un mot, si l'on convient d'appeler libre tout acte qui émane du moi, et du moi seulement, l'acte qui porte la marque de notre personne est véritablement libre, car notre moi seul en revendique la paternité. Bergson

Selon Bergson il faut, pour être libre, s'investir totalement dans nos actes, à tel point que l'on imprime en eux la marque de notre personne. C'est donc l'action du moi en tant que corps, âme et caractère; ces trois notions étant intimement liées. Bergson prône donc une liberté de choix dans laquelle il est nécessaire de maintenir nos actions spontanées, le risque étant, si elles deviennent automatiques, que la conscience s'en retire : l'on mettrait alors en place l'habitus au détriment de la liberté.

bergson

« évidence que tous les individus ne sont pas prêts à accepter les moyens d'y arriver, du fait de leurs diverses« opinion[s] ».

Ceci a pour conséquence que, malgré le fait qu'on ne puisse abolir le désir puisqu'on ne peut sedébarrasser de notre essence, il est en revanche possible d'agir sur ses formes accidentelles, c'est-à-dire sur sesmodes d'expressions, par la connaissance des causes qui le déterminent.Dans un dernier temps, tous les constats qu'a fait Hobbes sur le désir vont permettre une réflexion sur le pouvoir ; ilmet ainsi en avant un désir qu'il juge commun à tous les hommes : celui d'acquérir du pouvoir.

En écrivant qu'il s'agitd'un « désir perpétuel […] qui ne cesse qu'à la mort » l'auteur met en évidence le caractère infini du désir ; infini,d'une part dans le sens où il est inextinguible et d'autre part dans son extension, du fait qu'il n'est jamais réellementassouvi.

Selon lui, le caractère infini du désir d'acquérir de plus en plus de pouvoir s'explique par le fait qu'il s'agissed'un des meilleurs moyens dont un homme dispose pour s'assurer de sa conservation dans son être, de son « bienêtre qu'il possède présentement ».

En effet, on ne peut jamais être sûr du pouvoir que l'on a et à tout moment,notre pouvoir peut être remis en cause par un autre.

D'où la nécessité, si l'on veut conserver ce qui nous appartientet s'assurer « une vie satisfaite » où l'on sera heureux, d'acquérir de plus en plus de pouvoir, acquisition qui setraduit à travers le désir.

Ainsi, c'est parce qu'on ne cesse jamais de désirer le pouvoir et même plus de pouvoir queHobbes montrera que les rapports entre les hommes sont naturellement conflictuels : la célèbre phrase « l'hommeest un loup pour l'homme » met très bien cette situation en relief. Dans son analyse, Hobbes ne rend pas compte d'un problème philosophique majeur concernant le désir, à savoir lemanque et la souffrance qui sont liés à cette notion ; autrement dit, la nature du désir est beaucoup plus complexeque celle qu'il décrit, du fait que nous souffrons tout en jouissant de ce qu'il nous promet.

En effet, le désir estconditionné par une souffrance, qui a pour origine la conscience du manque, et est lui-même cause de souffrance,qui vient elle de la satisfaction du désir ; ce qui signifie par conséquent que désirer, c'est souffrir.

A traversl'expérience du désir, nous faisons l'épreuve du manque et de l'absence et lorsque nous croyons l'avoir comblé, nousne sommes pas satisfait pour autant, du fait que l'on obtient toujours en deçà de ce qui est visé et que loin derésoudre le désir, la satisfaction en crée à son tour.

En écrivant que « tant que nous sommes asservis à l'impulsiondu désir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos», Schopenhauer tire les conséquences de cette thèse sur ledésir et la souffrance qui en découle : le désir apparaît donc à la fois comme la condition même de notre humanité,mais aussi comme la source de notre incapacité naturelle à atteindre le bonheur.Néanmoins, la vision hobbesienne du désir comme essence de l'homme, comme source de bonheur et de satisfactionet comme principal moteur des actions humaines est tout à fait pertinente et justifiable.

En effet, ne peut-on pasconsidérer le désir comme source de dépassement de soi ? Après tout, désirer l'inaccessible est aussi un moyen derepousser nos propres limites, d'imposer notre détermination et de marquer le monde de notre empreinte.

A ce titre,le désir est pour l'homme une extraordinaire source d'énergie, un moteur de la volonté qui donne à nos actions laforce et l'obstination que nous n'aurions sans doute pas si ce n'était que la froideur de la raison qui nous animait.

Oncomprend donc ce que Rousseau signifie lorsqu'il écrit, en écho à la thèse de Hobbes, « Malheur à qui n'a plus rien àdésirer ! » : plus que le désir lui-même qui peut effectivement nous inscrire dans la souffrance, il semble que ce soitl'absence de tout désir qui soit la condition la plus dommageable pour nous.

En effet, ne plus rien avoir à désirer,c'est se désintéresser du monde et de soi-même, c'est sombrer dans la répétition.Dans un dernier temps, nous pouvons remarquer un autre problème philosophique lié à la thèse de Hobbes : le faitque l'on ne désire jamais seul, en faisant abstraction d'autrui.

En effet, notre désir est conditionné par le désird'autrui dans le sens où notre désir a toujours tendance à se calquer sur celui d'autrui.

Ainsi, peut-on réellementaffirmer que « les actions volontaires […] de tous les hommes […] tendent […] à leur assurer une vie satisfaite » ?N'est-il pas contradictoire de penser que nos désirs sont orientés suivant une sorte d'idéal alors qu'en même temps,le fait qu'un objet soit désiré par d'autres est la condition suffisante pour que le désir naisse en nous ? Parconséquent, soutenir, comme Spinoza, que « le désir est l'essence de l'homme », n'est-ce pas nier cette dimensionmimétique du désir ? Il semble donc que ce soit la raison, plus que le désir, qui soit la réelle essence de l'homme. Le désir, cette impulsion naturelle relayée par l'imagination et la recherche du meilleur, nous inscrit certes dans uneattente parfois douloureuse du fait de son impossible assouvissement, mais elle a au moins le mérite de nous portervers une espérance continue : le désir est ce qui fait qu'un être persévère dans son être, c'est-à-dire que c'est à lafois ce qui le fait vivre et aussi ce qui le fait avancé et l'oriente vers l'avenir.

L'insatisfaction qui caractérise le désirest le prix à payer pour que nous dépassions la pure et simple nécessité de notre condition, ce dépassement étantessentiel pour que naisse la culture, laquelle n'existe pas si l'on se limite aux besoins.

Enfin, du fait de la dimensionmimétique du désir, il semble légitime de se demander : peut-on soutenir quele désir est « l'essence de l'homme » ?. »

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