BERKELEY: VIE ET OEUVRE
Publié le 02/10/2013
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Selon Berkeley, toute idée est passive. et une
idée passive ne saurait représenter cet acte pur qu'est
l'esprit. Mais alors que Malebranche estime que nous ne
sommes, pour nous, que ténèbres, et que Hume se résigne
au scepticisme, Berkeley, après quelques hésitations, visibles
en son Journal, admet que les esprits se saisissent eux-mêmes
comme causes au sein d'une expérience propre, voisine de
celle qui, selon Descartes, nous faisait connaître notre
liberté. La substance en laquelle existent les idées ne peut
être connue par idée, mais elle peut l'être par « notion «.
La critique du langage a déjà établi qu'il y a des mots qui,
bien que ne répondant à aucune idée, signifient pour nous
quelque chose de fort clair. Tel est ici le cas. La notion
répond à une sorte d'intuition active. « Je sais, disent les
Dialogues, ce que je veux dire par ces mots : je et moi, et je
sais immédiatement et intuitivement «. Et dans les Principes
(1, 27), après avoir semblé un instant reconnaître que l'activité
spirituelle n'est connaissable que par ses effets, Berkeley
ajoute : « Il faut avouer cependant que nous avons une
notion de l'âme, de l'esprit et des opérations de l'esprit
telles que vouloir, aimer, haïr, puisque nous connaissons ou
comprenons la signification de ces mots. «
Conscients, en nous-mêmes, de ce qu'est un esprit, nous
pouvons, par analogie, concevoir d'autres esprits, et Dieu
lui-même comme esprit. Berkeley ne s'attache guère à
démontrer qu'il existe d'autres esprits humains: nul homme
sensé n'en a jamais douté. Mais il prétend donner de l'existence
de Dieu une preuve nouvelle, et tout à fait convaincante
: si l'être du monde est un être perçu, cet être-appelle
et nécessite l'existence d'un percevant cosmique, lequel ne
peut être que Dieu.

«
208 LA PHILOSOPHIE II
selon Descartes, la philosophie a pour fonction de séparer
notre esprit des sens et de nous aider à retrouver la pure
raison, Berkeley écrit dans son Journal : « Il est fou, de la
part des hommes, de mépriser les sens; sans eux, l'esprit
ne peut atteindre aucun savoir, aucune pensée.» Et il estime
que c'est la philosophie, plus spécialement la philosophie
cartésienne, qui nous éloigne d'une vérité que tous les
hommes possèdent spontanément.
Par un étrange paradoxe,
en niant la matière, il se croit d'accord avec le sens commun.
Il se sent « du côté du peuple ».
Voyant dans le« Je pense>> la première de nos certitudes,
et dans les idées des modes de notre pensée, le cartésianisme
s'est (selon Berkeley) embarrassé dans des doutes artificiels
et des problèmes insolubles.
Pour Descartes, en effet, les
idées
sont représentatives : elles sont ce qui, en nous,
«représente »les choses.
Comment, s'il en est ainsi, dépasser
le
plan des idées, sortir de notre esprit, être assuré de l'exis·
tence du monde extérieur? Mais le sens commun ignore ces
difficultés.
Spontanément, les hommes croient à leur propre
existence et à celle de ce qu'ils perçoivent immédiatement.
Et ils ne recherchent aucune identité, aucune commune
mesure entre le type d'existence des choses et celui de
l'esprit qui les saisit.
Berkeley est persuadé qu'il rejoint
leur certitude en déclarant que le mot « être » a deux sens
différents,
et deux sens seulement : celui de « percevoir » et
celui d' « être perçu ».
Dire ·qu'un esprit existe, c'est dire
qu'il perçoit (et aussi, ajoute Berkeley, qu'il veut et agit).
Dire qu'une chose existe, c'est dire qu'elle .
est perçue.
L'idée métaphysique d'un être matériel situé derrière l'objet
et de ce fait inaccessible, est donc à rejeter tout à fait.
Et la
tâche de la philosophie se trouve simplifiée : elle est de
retrouver une évidence que nous possédons tous.
La critique du langage et des idées abstraites
Ce qui engendre et entretient les illusions des philosophes,
c'est le langage.
Pour découvrir la vérité, il faut donc avant.
»
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