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CARTESIANISME ET CRITIQUE DANS LES PENSEES DIVERSES SUR LA COMETE DE PIERRE BAYLE.

Publié le 27/02/2008

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Dans la correspondance entretenue par Descartes avec la princesse  Elizabeth, l'inclusion des passions dans le domaine de la morale qui se fait sur fond de l'union du corps et de l'esprit a pour finalité de démontrer la possible emprise de la raison sur les passions par la volonté. Energie convertible par la méditation, le gain à tirer de l'excès de passions tient dans leur mutation en une rationalité active signalant la dimension temporelle du cogito. Mais cette prise en compte de l'empirie trahit encore la tension à l'élaboration systématique d'une pensée du principe métaphysique. La morale par provision n'est chez Descartes ni lacunaire, ni provisoire mais signifie sans doute son instrumentalisation (organon) au profit d'une raison dont le sens reste fondé en la transcendance du divin. Or, jamais Bayle n'accepte dans les Pensées diverses sur la comète de soumettre la réalité du faire à l'idéalité du devoir (-faire) : critique et morale sont unifiées comme une même règle (organon). La pensée s'opposant aux préjugés de la déraison dogmatique ne peut avoir d'autre guide de son action qu'un conséquentialisme pragmatique attaché à la stricte effectivité. Ainsi s'affirme la rupture du lien entre cognition et agir propre à l'intellectualisme moral. L'ordre de priorité déductif de la dynamique de la morale cartésienne est brisé par le clivage constaté entre la connaissance dont l'erreur involontaire est droit et l'agir moral dont la responsabilité est inexcusable. Cependant, et en vertu de la corruption naturelle de l'homme, l'esprit se trouve plus disposé à acquiescer à la fausseté réconfortante de l'erreur délibérée que l'on feint d'ignorer qu'à l'instabilité chronique d'une vérité inachevable, toujours visée.  En conséquence, le fondement de la valeur éthique de la connaissance se situe dans les Pensées diverses sur la comète en la conscience même ; conscience dont l'authenticité prime sur quelque exactitude épistémique dont peut jouir le cogito métaphysique.

« conséquence de la saisie de cette dimension méthodologiquement fondatrice de la critique, sa fonction doit êtrecomprise au regard du pacte nouveau celé par l'homme avec sa propre liberté dans la pensé de Descartes.

L'usage correct de la liberté se justifie dans l'accord intérieur de la raison envers ses propres principes de certitudedéductive et d'évidence intuitive qui doivent ainsi forcer le consentement du sujet pensant ( Cf.

La citation de Malebranche ( Recherche de la vérité , I, 2) in Pensées diverses sur la comète, § 8). Au terme de ce premier mouvement du développement, qui a conduit à percevoir le versant du cartésianismeconservé dans les Pensées diverses sur la comète en relation au privilège de statut et à la fonction de la critique nous comprenons que la pensée de Bayle, articulée en réseau, dépourvue de prétentions fondationnelles et luttantcontre la superstition en questionnant le bien fondé de la croyance, ne puisse avoir conservé la dimensionmétaphysique du cartésianisme – dimension elle-même consécutive à la démarche du penseur des Regulae .

La métaphysique de l'ego n'a peut-être que sécularisé la certitude du salut en assurant sa transposition en une raisontout aussi dogmatique. Alors que le dette de Bayle envers Descartes est constituée par le rôle fondateur des lumières naturelles dans le procès de la connaissance, il s'agit maintenant de comprendre ce qu'engage et ce sur quoi se fonde(affectivement) le parti pris foncièrement méthodologique du cartésianisme dans les Pensées diverses sur la comète en se demandant comment la critique critique-t-elle Descartes ?Inévitablement, la discussion doit-elle se situer sur le plan de la morale.

Car ce n'est qu'en la morale que semblepouvoir s'enraciner les divergences relatives au statut de la critique – le rôle auto-justifiant de l'examen, sonefficace, ne faisant pas débat.

Dans la correspondance entretenue par Descartes avec la princesse Elizabeth,l'inclusion des passions dans le domaine de la morale qui se fait sur fond de l'union du corps et de l'esprit a pourfinalité de démontrer la possible emprise de la raison sur les passions par la volonté.

Energie convertible par laméditation, le gain à tirer de l'excès de passions tient dans leur mutation en une rationalité active signalant ladimension temporelle du cogito.

Mais cette prise en compte de l'empirie trahit encore la tension à l'élaborationsystématique d'une pensée du principe métaphysique.

La morale par provision n'est chez Descartes ni lacunaire, niprovisoire mais signifie sans doute son instrumentalisation ( organon ) au profit d'une raison dont le sens reste fondé en la transcendance du divin.

Or, jamais Bayle n'accepte dans les Pensées diverses sur la comète de soumettre la réalité du faire à l'idéalité du devoir (-faire) : critique et morale sont unifiées comme une même règle ( organon ).

La pensée s'opposant aux préjugés de la déraison dogmatique ne peut avoir d'autre guide de son action qu'unconséquentialisme pragmatique attaché à la stricte effectivité.

Ainsi s'affirme la rupture du lien entre cognition etagir propre à l'intellectualisme moral.

L'ordre de priorité déductif de la dynamique de la morale cartésienne est brisépar le clivage constaté entre la connaissance dont l'erreur involontaire est droit et l'agir moral dont la responsabilitéest inexcusable.

Cependant, et en vertu de la corruption naturelle de l'homme, l'esprit se trouve plus disposé àacquiescer à la fausseté réconfortante de l'erreur délibérée que l'on feint d'ignorer qu'à l'instabilité chronique d'unevérité inachevable, toujours visée.

En conséquence, le fondement de la valeur éthique de la connaissance se situedans les Pensées diverses sur la comète en la conscience même ; conscience dont l'authenticité prime sur quelque exactitude épistémique dont peut jouir le cogito métaphysique.

Dans sa dimension positive, l'éthique devient celle durespect dont l'inerradicable critère de valeur réside en l'intériorité de la conscience.

Honnêteté et authenticité de laconscience morale ont des conséquences autrement plus effectives que l'obtention de certitude ou de l'évidencedans la critique dénuée de sincérité pratique. Arrivés au bout de ce second mouvement du déploiement de ce sujet, nous comprenons que dans l'élaboration pragmatique d'un jalon nouveau de la dimension morale de l'agir se constitue un retournement critique de la critiquesur elle-même.

La méthode du raisonnement cantonné à sa dimension instrumentale et dénuée de finalitémétaphysique assure la possibilité du respect de systèmes de valeur différents ; c'est-à-dire la cohabitation dedivergences structurelles plus fondamentales que leur contenus – impensable au regard de la métaphysiquefondationaliste de Descartes.

Après avoir accédé au socle de la valeur critique de la critique pour Bayle (l'authenticité de la conscience libre et autonome), il faut en dégager les conséquences dans le corps des Pensées diverses sur la comète afin de pointer ce que peut-être la fin de la critique. L'affirmation de la discontinuité entre la connaissance et l'agir dans le cadre d'une pensée qui fait de l'empirie le lieu de l'évaluation dans l'explicitation morale, indiquant ainsi la priorité de l'utilité particulière sur la généralité desprincipes, implique une double séparation : la religion, comprise comme corps de dogmes auxquels adhère la raison(lumière surnaturelle, certes), ne saurait plus être corrélée à la morale pratique ; tandis qu'au niveau même ducognitif, la philosophie critique rationnelle consume sa rupture (entamée dès Descartes) avec de la dogmatique. »

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