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Chacun peut-il avoir sa propre vérité ?

Publié le 24/03/2004

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La vérité diffère selon les individus. L'histoire et l'expérience personnelles (le lieu, la date de naissance, l'éducation, etc.) font de chacun un être singulier, radicalement différent des autres. Chacun peut avoir donc sa propre vérité. Aucune existence n'étant vraiment comparable à une autre, chacun peut ainsi aspirer à détenir et à défendre «sa« propre conception du vrai. Affirmer que chacun détient sa vérité est ainsi une façon de respecter la liberté individuelle et de s'ouvrir aux thèses qui diffèrent des siennes. C'est une forme d'écoute et de tolérance envers l'opinion d'autrui, étant bien entendu qu'on attend les mêmes égards pour la sienne. Par exemple, en occident, la disparition d'un proche est suivie d'une période de deuil où prévalent la tristesse, manifeste jusque dans le port de l'habit noir, et le recueillement. Or dans certaines tribus africaines, le départ de l'âme est accompagné de chants et de danses multicolores censées rendre la vie dans l'« au-delà « festive et joyeuse pour le défunt. Chacune de ces traditions est respectable : à chacun sa propre vérité. Mais comment distinguer le véritable respect de la pensée différente et l'indifférence méprisante?
  • L'opinion commune sur le sujet
«À chacun sa vérité« est une conclusion courante des discussions et débats. Beaucoup seraient prêts à s'accommoder de cette formule, au mieux par souci de tolérance, au pire par paresse, ou par désir de posséder - au même titre que d'autres - les avantages que confère la vérité. -· · ·
  • Mise en question de l'opinion commune
Au terme d'une discussion, peut-on se séparer en prétendant que tout le monde a raison et que personne n'a tort? Mais si tel est le cas, on est confronté à une contradiction inévitable : si tout le monde a raison, alors on doit aussi admettre que nos adversaires ont raison contre nous-mêmes... En quoi avons-nous raison alors? Le problème revêt ici la forme d'une contradiction : la tolérance semble exiger d'admettre que chacun a raison, mais respecter ce principe conduit nécessairement à une contradiction.

« La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras, nient le principe de contradiction a donc permis la mise enévidence du substrat requis par l'idée de vérité.

Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie; et c'est cette stabilité ontologique qui fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée.C'est donc l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière.

« Ce n'est pas parce que nouspensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tul'es nous disons la vérité » (Aristote).Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve savérité dans le scepticisme.

Dire que tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien nepeut être dit vrai.Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable.

Dès qu'il se dit il se contredit. Mais comment distinguer le véritable respect de la pensée différente et l'indifférence méprisante? 11.

La vérité est commune ou n'est pas. Aucune discussion ne peut avoir lieu si elle n'est sous-tendue par la croyanceen une vérité unique et commune et en la possibilité, pour l'homme, del'atteindre et de la reconnaître.

Certaines vérités peuvent ainsi à juste titreêtre qualifiées d'universelles et d'objectives, c'est-à-dire valables pour tousles sujets, indépendamment de leurs différences individuelles.

L'exemple typeest celui des vérités mathématiques.

La force de leurs raisons et la rigueur deleurs démonstrations en font le modèle de toute vérité (Descartes, Discoursde la méthode). La mathématique rassemble toutes les sciences où l'on étudie l'ordre et lamesure, indifféremment de leurs objets.

La science universelle qui rassembletoutes les autres sciences, qui n'en sont que les parties subordonnées, senomme mathématique universelle.

Ce doit être la science la plus utile et laplus facile de toutes, n'ayant aucun rapport à un objet particulier.Les difficultés qu'elle renferme se trouvent déjà dans les autres sciences,puisqu'elle leur est commune.

Si cette mathesis universalis a été négligée partous, c'est en raison de son extrême facilité.

L'ordre de la recherche de lavérité requiert pourtant de commencer par les choses les plus simples et lesplus faciles à connaître, et de ne passer à un ordre plus élevé que lorsquetoutes les difficultés auront été résolues.

Ainsi, on est sûr de ne jamais setromper.

Parmi les sciences connues, seules l'arithmétique et la géométriesont absolument certaines.

Quelle en est la raison ? Nous ne pouvons connaître que de deux manières : soit par l'expérience, soit par la déduction.Si l'expérience est souvent trompeuse, la déduction, qui consiste à inférer une chose à partir d'une autre, peut êtremanquée si on ne la voit pas, mais ne peut jamais être mal faite.

"Toutes les erreurs où peuvent tomber les hommesne proviennent jamais d'une mauvaise inférence, mais seulement de ce qu'on admet certaines expériences malcomprises, ou que l'on porte des jugements à la légère et sans fondement."Arithmétique et géométrie sont les seules sciences qui traitent d'un objet simple et pur et qui n'admettent riend'incertain : leur travail ne consiste qu'à tirer des conséquences par voie de déduction rationnelle.

Leurs erreurs nepeuvent procéder que de l'étourderie.

Elles doivent par conséquent constituer l'idéal des sciences pour leur rigueur,leur clarté et leur certitude. En dénonçant la croyance en une vérité identique pour tous, Nietzsche a surtout souligné la nécessité, pour touthomme, de s'approprier la vérité.

Il a voulu dénoncer une conception uniforme et passive du vrai.

La faire siennepeut alors signifier, à l'inverse de ce qui précède, la débarrasser de tous les préjugés, afin d'accéder à un univers desens plus authentique.

La vérité devient du coup une affaire personnelle, non plus au sens où « c'est mon opinion etje la partage », mais au sens où il n'est de vérité personnelle que celle que le sujet s'est appropriée par un examencritique.. »

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