Comment a-t-on pu dire à la fois que l'attention enrichit la perception et qu'elle la restreint ?

I. — Lorsque notre regard s'ouvre sur le monde extérieur, ce qui nous est immédiatement donné, c'est une masse globale d'impressions, c'est-à-dire tout un ensemble d'objets qui 'sont mêlés, confondus les uns avec les autres sans qu'entre eux il y ait une distinction nette, sans que chacun d'eux se présente avec des contours précis et des caractères bien déterminés. Aussi bien l'état naturel de notre pensée, c'est un mouvement incessant, un passage continuel de choses à d'autres choses ; mais chaque fois qu'elle cède ainsi à son élan spontané, elle ne laisse pas de se retrouver dans la même situation ; autrement dit, ce que l'univers lui apporte, c'est toute une multiplicité de perceptions qui s'enveloppent et en quelque sorte s'amalgament dans une synthèse nébuleuse et confuse. C'est pourquoi l'on a pu dire que son attitude primitive, c'est à la fois le « mouvement « et le « polyidéisme «. Pour reprendre une comparaison bien connue, la conscience est analogue à un courant dont les eaux se renouvellent 'sans cesse, dont chaque vague qui vient remplacer les autres enveloppe aussi tout un monde complexe d'éléments.