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Comment définir le rapport entre technique et politique?

Publié le 27/02/2005

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technique
  - Nonobstant le caractère utile des techniques modernes, assujettir la politique au règne positiviste des « technocrates » apparaît soit comme un leurre vérifiant plutôt les prophéties de Nietzsche au sujet du nihilisme menaçant les sociétés industrielles, soit comme un voile idéologique visant à masquer la neutralisation du débat politique par l'argument d'autorité, hier fourni par l'Eglise, aujourd'hui par la Science (cf. Isabelle Stengers, Sciences et pouvoirs, La Découverte, 2002). Les enjeux politiques ne sauraient en effet être tranchés par de simples considérations techniques, d'autant plus que les questions ayant trait à la technique relèvent elles-mêmes de considérations politiques (pourquoi favoriser telle ou telle technique ?). Si Max Weber souligne ainsi les processus de rationalisation à l'oeuvre dans la Modernité, ainsi que l'utilité des appareils bureaucratiques et de la constitution d'une classe de fonctionnaires loyaux et efficaces, réduire la politique à cette « machine », sans disposer de véritables politiques étant animés d'une passion pour une « cause » (ce qu'il appelle la « vocation » de politique), conduit nécessairement au règne de la médiocrité et du cynisme (Le Savant et la politique, La Découverte, 2003, pp.180-185).   - Si une part du politique semble pouvoir être « rationalisée », conduisant à un usage et à une puissance accrue de la technique, on ne peut raisonnablement croire que la politique sera, à l'avenir, absorbée par la technique (comme le croyait par exemple Engels prophétisant l'euthanasie de l'Etat : « Le gouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production. L'Etat n'est pas « aboli ». Il s'éteint. » in Anti-Dühring (1877), Ed.

La politique fait-elle l’objet d’une technique ? Relève-t-elle d’une sorte de savoir-faire ou d’une teknè qui pourrait s’enseigner ? L’expression « sciences politiques « tendrait à nous le faire accroire. Mais ne peut-on faire valoir, au contraire, que la politique est incommensurable à la technique ? En effet, affirmer que la politique n’est qu’un savoir-faire parmi d’autres, n’est-ce pas courir le risque d’assujettir celle-ci à la technique et, par conséquent, de dissoudre toute politique possible dans un écheveau de considérations techniques ?

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