Devoir de Philosophie

Comment déterminer la gravité d'une faute ?

Publié le 17/01/2022

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L'opinion ne met pas toutes les fautes sur le même plan : certaines sont insignifiantes, excusables, d'autres lourdes, importantes. Le problème se pose alors de savoir comment on peut déterminer la gravité d'une faute. La faute et ses conséquencesOn définit ordinairement la gravité d'un acte par l'importance des conséquences qu'il implique, par le fait que ces conséquences sont, ou non, fâcheuses, dangereuses, mauvaises. On pourrait donc penser qu'une faute est d'autant plus grave que ses conséquences sont graves. Ainsi, « il est clair que l'enfant qui fait une faute de calcul n'est pas ruiné pour cela «. Dans le monde de l'école, « l'erreur trouve sa place ; on lave l'ardoise, et il ne reste rien de la faute « (Alain, Propos sur l'éducation, VIII). Dans le monde du travail, au contraire, une faute de calcul serait grave, qui pourrait entraîner des catastrophes. Le mot : faute, dans ces conditions, est un peu ambigu. Il désigne d'abord la violation d'une règle imposée par l'usage ou les techniques. Fautes d'orthographe ou de calcul peuvent n'être que des erreurs sans portée morale.

« - Vers 10 ans, apparaît une morale plus autonome, qui juge l'acte sur l'intention et tient compte de la responsabilitésubjective de l'auteur.

Or, en analysant de la sorte la gravité des fautes, l'enfant, tel que le comprend Piaget,élabore une morale qui évoque celle de Kant. La faute comme exception La morale de Kant est une morale du Devoir.

Comme telle elle s'oppose auxmorales du bonheur ou du plaisir qui cherchent à définir le bonheur et lesmoyens d'y parvenir.

Selon Kant, le bonheur et sa quête sont bien tropvagues et variables pour qu'on puisse en tirer des règles qui s'imposent à tousles hommes.Kant s'efforce de cerner le fait moral dans toute sa pureté.

C'est en ce sensqu'il faut parler du « rigorisme » de sa morale.

Elle ne dit pas ce qui se faitmais ce qui, en toute rigueur, devrait être fait pour qu'une action ait uneauthentique valeur morale.

Même si aucun homme n'est jamais tout à fait à lahauteur de telles exigences, il est important d'analyser l'acte moral idéal.Kant ne condamne pas la conduite « objectivement » morale (conforme à ceque le Devoir commande) lorsqu'elle est déterminée par la recherche d'uncertain plaisir (de donner, de réjouir, etc.); mais il juge qu'en toute rigueurelle reste extérieure à l'idéal moral.

En effet, il se peut qu'alors je cherchemoins à faire mon devoir qu'à satisfaire un certain égoïsme ; on retombe dansles difficultés des morales du bonheur.

Kant ne dit pas que celui qui agit pardevoir doit être dépourvu de tout sentiment, insensible, sombre, etc.

Maiss'abandonner à ses penchants n'est jamais moral, car c'est moins agir qu'êtreagi.

Des forces nous déterminent ou pourraient nous déterminer, qui excluentla manifestation de notre liberté.

En effet, un acte n'a de valeur morale qu'àla condition d'avoir sa cause dans la volonté libre de l'homme.

Quelles quesoient les conséquences, heureuses ou non, d'un acte, si nous n'en sommes pas responsables, il est non moral.

La moralité présuppose la liberté d'un sujet.

La liberté est ce postulat de la raisonsans lequel l'obligation morale n'aurait plus aucun sens.Le devoir moral doit être déterminé par notre volonté libre et rationnelle.

Seule une volonté bonne définit un acteréellement valable moralement.

Or la raison est la capacité d'énoncer des lois universelles, valables pour tout sujetraisonnable.

Agir par devoir, c'est décider de faire cet acte dont la maxime peut être érigée en loi universelle sanscontradiction, et seulement par respect pour cette loi.

Dire la vérité, par exemple, c'est affirmer la valeur du langageet l'on peut dire que cette affirmation est valable pour tous les hommes ; le menteur fait une exception pour lui-même, au contraire; il est dans la contradiction, puisqu'il affirme et nie la valeur du langage.

Mais dire la vérité n'estmoralement bien que si je choisis de la dire, non si je me trouve dans la nécessité de la dire ou si j'y suis poussé parautre chose que par le respect du Devoir de ne pas mentir.

Le respect est le sentiment moral particulier que donnela conscience de l'obligation morale.

Toutes les fautes morales, en ce sens, ont une même gravité.

Toutess'expliquent par l'intention de faire une exception au Devoir que prescrit en nous notre raison. Conclusion Chercher à déterminer la gravité d'une faute conduit à supposer un être libre et responsable de ses actes.

Mais, etprécisément dans la mesure où son évidence n'est plus interrogée, ne convient-il pas de faire la généalogie d'unetelle conviction ? C'est ce à quoi Nietzsche s'est efforcé.

« Partout où on a cherché des responsabilités, c'estl'instinct de la vengeance qui les a cherchées.

Cet instinct de la vengeance s'est tellement emparé de l'humanité, aucours des siècles, que toute la métaphysique, la psychologie, l'histoire, et surtout la morale en portent l'empreinte.Dès que l'homme a pensé, il a introduit dans les choses le bacille de la vengeance [...].

Il a ravi à l'existence elle-même son innocence, en ramenant tous les modes de l'être à un vouloir, à des intentions, à des actes deresponsabilité » (Volonté de Puissance, t.

I, p.

143).

Chercher à déterminer la gravité d'une faute est une questiondont on ne mesure pas toujours la gravité.. »

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