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Comment distinguer l'homme cultivé de l'homme civilisé ?

Publié le 17/08/2005

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L'homme civilisé, c'est donc l'homme bon au sens social du terme, l'homme de justice. La question de l'homme civilisé est donc celle de l'homme avec ses semblables et de ce que ce rapport génère. L'homme civilisé peut donc être ignorant (ex. des salons décrits par Proust dans la Recherche ou par Balzac), ou n'avoir de savoir que relatif à ce qui est nécessaire pour développer l'art de la conversation, art non pas d'instuire les autres mais de les divertir. - Au contraire, l'homme cultivé peut être un barbare (ex. de l'art nazi), c'est-à-dire peut admettre une négation de l'autre. La culture est donc rapport à soi-même : développement de ses facultés. A ce titre, le fait d'être savant ne fait pas de nous un être social. L'homme cultivé peut donc, en ce sens, se comporter comme un barbare. - Présupposé : néanmoins, ceci présuppose qu'on peut déterminer indépendamment l'homme qui serait tourné vers son semblable et l'homme qui serait tourné vers lui-même, alors même que reconnaître son semblable, donc se civiliser, suppose de se reconnaître soi-même, donc de se cultiver, et que se reconnaître soi-même, donc se cultiver, suppose le passage par son semblable, donc la civilisation.

Au premier abord, la distinction de l'homme cultivé et de l'homme civilisé paraît être affaire de rapport : la culture renvoie en effet en une première analyse à l'instruction, au savoir, et l'homme cultivé est celui qui connaît. De manière différente, l'homme civilisé renvoie à l'idée d'un homme qui développe un certain type de rapport aux autres, la question de la civilisation renvoyant donc plus à la question du rapport entre les hommes (la société, les bonnes manières) qu'à un rapport à soi-même (la culture comme développement de ses facultés intellectuelles et morales). De ce point de vue, si la culture peut être mise au service de la civilité, son développement et ses connaissances au service de la société, elle n'y conduit pas nécessairement. Et réciproquement, on peut envisager des civilisations ignorantes, sans art, sans technique, sans savoir, ou des rapports sociaux fondés hors de l'idée d'un développement des individus. De ce point de vue, la civilité, et partant une civilisation, peut venir contredire (et ceci à tort ou à raison) la culture.

            D'un autre côté, on ne voit pas comment on pourrait entrer en rapport avec autrui, c'est-à-dire se civiliser, sans aucune instruction, donc sans culture. Sous ce jour, il apparaît que la culture est condition de la civilisation. La notion de civilisation suppose en effet l'idée d'une transmission de coutumes et de règles de vie. Mais de même, si l'homme est un animal social, comment pourrait-il développer sa culture hors de toute société, c'est-à-dire sans devenir un homme civil ?

            Le problème est donc le suivant : d'un côté il paraît facile de distinguer l'homme cultivé de l'homme civilisé, comme on distingue l'homme qui a du savoir et l'homme qui a des manières. Mais de l'autre on ne voit pas comment il serait possible d'avoir du savoir sans avoir des manières, ou des manières sans avoir du savoir.

 

« 2.

La dialectique de la culture et de la civilisation - Il s'agit de montrer avec Aristote dans la Politique que l'homme est un animal social.

A ce titre, hors de la cité il est soit une bête soit un dieu.

Si alors la culture s'oppose à la bêtise, on peut considérer que l'homme cultivé estplus proche du dieu que de la bête.

Néanmoins, le savoir suppose la médiation du langage qui permet de partagerdes expériences et de généraliser.

La science suppose donc le langage, et celui-ci ne se développe qu'au sein descités.

L'homme cultivé sans rapport sociaux n'est donc qu'une abstraction.

De ce point de vue, toute culture, toutdéveloppement individuel, suppose une civilisation, c'est-à-dire une cité, antérieure aux individus qui la compose etqui est le premier objet naturel.

- Mais d'un autre côté, l'homme purement civilisé, sans culture, apparaît réciproquement comme dénué de toutepersonnalité.

Le mondain n'est que le résultat des interactions sociales, sans personnalité car il les a, formellement,toutes, selon les lieux et les circonstances.

Le civilisé n'est que cet homme de l'homme dont parlait Rousseau, qui sedistingue de l'homme de la nature ( Emile ) pur masque produit de son éducation, homme dénaturé dont les moi est un pur artifice.

L'homme civilisé, de ce point de vue, sans culture, n'est plus personne.

- De ce point de vue, il paraît nécessaire de penser l'homme cultivé et l'homme civilisé dans l'unité de l'hommehumain, ce qu'on peut tâcher de faire en troisième partie par opposition à l'idée de barbarie.

3.

Les barbaries et l'humain - On peut donc voir que, penser dans leur abstraction, l'homme cultivé et l'homme civilisé produisent deux types debarbarie, c'est-à-dire de types de négation de l'humanité.

L'homme seulement cultivé peut nier l'humanité de sonprochain, c'est-à-dire ne pas reconnaître en autrui un semblable.

Ce peut être alors la barbarie de celui qui se posecomme sur-homme ou qui se détermine par son opposition (le sacré).

Ce qui est nié ici, c'est la nature sociale del'homme, et donc l'humanité nécessaire d'autrui comme condition de reconnaissance de sa propre humanité.

L'hommeseulement cultivé pourrait alors apparaître comme une première figure de l'inhumain.

- En miroir, l'homme civilisé, et sans culture, rejette comme barbare ce qui se distingue alors de sa civilisation.L'homme civilisé dépourvu de culture est nécessairement conduit à l'éthnocentrisme que dénonce Levy Strauss dansRace et histoire : chaque civilisation appelle l'autre "barbare".

Mais la barbarie n'est-elle pas du côté de celui qui l'attribue à l'autre ? On le voit, la possibilité de reconnaître l'humanité de l'autre, au delà de la diversité descivilisations, suppose de ne pas réduire son humanité à la société dans laquelle nous sommes.

Conclusion : l'homme civilisé et l'homme cultivé sont donc bien inhumains, dès lors qu'on les pense séparément. Leur inhumanité provient du fait que la culture permet d'opérer le dépassement, par l'individu, de la civilisationdonnée à laquelle il appartient, et la civilisation permet de rencontrer en autrui un autre homme, un semblabe parlequel je me constitue.

Distinguer l'homme cultivé et l'homme civilisé conduit donc, dans les deux cas, à l'inhumanitéet à la barbarie.. »

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