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Comment puis-je me distinguer d'autrui ?

Publié le 19/08/2005

Extrait du document

Analyse du sujet :

l        Le sujet suppose qu'il n'est pas évident de se distinguer d'autrui. Il me paraît pourtant généralement évident que je suis moi, et non mon voisin. Quel est alors l'intérêt de la question qui nous est posée ici ?

l        J'admets qu'ils existe d'autres êtres humains en dehors de moi, mais qu'est-ce qui me garantit qu'ils ne sont pas le fruit de mon imagination ?

l        Si je change, grandit, etc., comment puis-je trouver l'unité qui me permet de dire « moi «, par opposition à ce qui n'est pas moi, à ce qui est autrui ? Comment savoir si ce que j'appelle « autrui « n'est pas moi ?

l        Il faut également se demander pourquoi la question « comment puis-je me distinguer d'autrui ? « se pose de manière plus aiguë que la question « comment puis-je me distinguer des objets, du monde, qui m'entourent ? «.

l        Il faut ensuite réfléchir sur l'expression « se distinguer «. On parle de distinguer au sens d'être capable de reconnaître, de faire la différence entre tel et tel individu, mais je peux aussi vouloir me distinguer d'autrui au sens où je veux ne pas lui ressembler, c'est-à-dire avoir, par exemple, ma propre personnalité (on peut, par exemple, penser à l'expression « obtenir une distinction « quand on un meilleur que les autres dans un domaine ou dans un autre : il ne s'agit pas alors de reconnaître que nous sommes deux individus séparés, mais que j'ai une valeur propre différente de celle des autres). Comment puis-je avoir une individualité propre, ne pas me confondre dans le tout indifférencié du « on « de la foule ?

l        Se demander comment je peux me distinguer d'autrui, c'est supposer qu'il y a des ressemblances entre nous : toute distinction se fait sur fond de ressemblances. Dès lors, il nous faudra peut-être nous demander ce qui est nécessairement identique (ou ressemblant) entre autrui et moi, et ce qui peut différer.

Problématisation :

l        D'où deux problèmes :

1.      Comment me reconnaître comme être séparé d'autrui, comment savoir que je ne suis pas autrui et qu'autrui n'est pas moi ;

2.      comment affirmer ma propre identité, ma propre personnalité, au-delà du fait que je suis spatialement un être séparé d'autrui ?

 

« me permet de savoir que je suis la même personne en tout temps, que je suis le même que l'enfant quej'ai été, etc., sinon parce que les autres se réfèrent à moi comme à un individu séparé ayant unecontinuité dans le temps ? À DÉVELOPPER . Transition : Je ne semble pas apte à m'assurer par moi-même de mon identité, c'est-à-dire de ce qui fait que je suis moi, et non un autre.

Il me faut donc chercher à l'extérieur de moi-même ce qui m'appartient en propre, ce qui medistingue. 2.

C'est précisément autrui en tant qu'il n'est pas moi qui me révèle à moi. a) Autrui n'est-il pas le fruit de mes pensées ? Comment puis-je savoir qu'autrui existe en dehors de moi, et qu'il n'est pas le simple fruit de mespensées, de mon imagination ? Texte : Marcel, Être et Avoir , « Journal métaphysique, 1928-1933 ». « Si j'admets que les autres ne sont que ma pensée des autres, mon idée des autres, il devientabsolument impossible de briser un cercle qu'on a commencé à tracer autour de soi.

--- Si l'on pose leprimat du sujet-objet --- de la catégorie du sujet-objet --- ou de l'acte par lequel le sujet pose desobjets en quelque sorte au sein de lui-même, l'existence des autres devient impensable --- et sans aucundoute n'importe quelle existence quelle qu'elle puisse être ». On peut opposer ce texte au doute hyperbolique cartésien (1re méditation métaphysique), qui consiste àmettre en doute qu'il puisse exister quelque chose (et donc aussi autrui) en dehors de moi. b) Je n'existe que par le regard d'autrui. Texte : Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique. « Une première constatation s'impose lorsqu'on s'efforce de décrire le moi sans l'assimiler à autrui, c'estqu'il n'existe que de façon intermittente et somme toute assez rare.

Sa présence correspond à un modede connaissance secondaire et comme réflexif.

Que se passe-t-il en effet de façon primaire et immédiate? Et bien, les objets sont tous là, brillants au soleil ou tapis dans l'ombre, rugueux ou moelleux, lourds oulégers, ils sont connus, goûtés, pesés, et même cuits, rabotés, pliés, etc., sans que moi qui connais,goûte, pèse, cuis, etc., n'existe en aucune manière, si l'acte de réflexion qui me fait surgir n'est pasaccompli --- et il l'est en fait rarement.

Dans l'état primaire de la connaissance, la conscience que j'aid'un objet est cet objet même, l'objet est connu, senti, etc., sans personne qui connaisse, sente, etc.

Ilne faut pas parler ici d'une chandelle projetant un faisceau lumineux sur les choses [il s'agirait du sujetpercevant].

À cette image il convient d'en substituer une autre : celle d'objets phosphorescents par eux-mêmes sans rien d'extérieur qui éclaire.

» Sartre montre de quelle façon le regard d'autrui me permet de faire ce retour réflexif sur moi-même quimanque ici au personnage de Tournier qui est seul sur son île. Texte : Sartre, L'Être et le Néant . « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, par vice, à coller mon oreille contre une porte, àregarder par le trou d'une serrure.

Je suis seul et sur le plan de la conscience non-thétique [= non-réfléchie] de moi.

Cela signifie d'abord qu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience.

Rien, donc, à quoi je puisse rapporter mes actes pôur les qualifier.

Ils ne sont nullement connus , mais je les suis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leur totale justification.

Je suis pure conscience des choses et les choses, prises dans le circuit de mon ipséité, m'offrent leurs potentialités comme réplique de maconscience non-thétique de mes possibilités propres.

Cela signifie que, derrière cette porte, un spectaclese propose comme « à voir », une conversation comme « à entendre ».

La porte, la serrure sont à la foisdes instruments et des obstacles : ils se présentent comme « à manier avec précaution » : la serrure sedonne comme « à regarder de près et un peu de côté », etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ;aucune vue transcendante ne vient conférer à mes actes un caractère de donné sur quoi puisse s'exercer mon jugement : ma conscience colle à mes actes ; elle est mes actes ; ils sont seulement commandés par les fins à atteindre et les instruments à employer.

Mon attitude, par exemple, n'a aucun« dehors », elle est pure mise en rapport de l'instrument (trou de la serrure) avec la fin à atteindre(spectacle à voir), pure manière de me perdre dans le monde, de me faire boire par les choses commel'encre par le buvard.

[...] Or, voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

Qu'est-ce que cela veut dire ? C'estque je suis soudain atteint dans mon être et que des modifications essentielles apparaissent dans messtructures --- modifications que je puis saisir et fixer conceptuellement par le cogito réflexif. D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie.

C'est même cette irruption du moi qu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu' on me voit, a-t-on pu écrire.

Sous cette forme,. »

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